On ne donnait pas cher de la peau du Canadien à pareille date l’an dernier. Ce pessimisme s’est avéré quand, au bout de 82 matchs, Montréal occupait le 28rang au classement général.

Mais il reste que cette équipe avait connu deux bons premiers mois, un élan qui avait commencé dès le match numéro 1 de la saison, quand le Tricolore avait surpris les Maple Leafs de Toronto au compte de 4-3, au Centre Bell.

« On n’avait pas gagné de match préparatoire, a rappelé Martin St-Louis. On avait été chercher un gros match, ça nous avait aidés à avoir un bon départ. C’est ça qu’on cherche. »

Un an plus tard, le Canadien peaufinait sa préparation, mardi à Brossard, avant de prendre l’avion pour aller affronter ces mêmes Maple Leafs, cette fois à Toronto.

Le pessimisme ambiant quant aux chances de l’équipe de participer aux séries ? Les prédictions assassines de l’équipe des sports de La Presse ? Et ces propos d’Elliotte Friedman, qui ne voit pas d’équipe inférieure au Canadien dans la division Atlantique ?

N’allez pas dire ça à Jake Allen. Il suffit de l’écouter parler de la brigade défensive devant lui pour le classer dans le camp des optimistes.

« On a encore de la place pour grandir, a plaidé le vétéran gardien. Regardez notre défense… [Kaiden] Guhle a l’air d’un vétéran de 10 saisons. [Johnathan] Kovacevic est très stable. Arber [Xhekaj] a tellement de potentiel. [Jordan] Harris est stable. On sait ce que [David] Savard et [Mike] Matheson amènent, et JB [Justin Barron] essaie de saisir sa chance. J’ai hâte de voir où ça peut nous mener. »

Le Tricolore a peut-être « de la place pour grandir », pour reprendre les mots du Néo-Brunswickois, il reste que Martin St-Louis ne souhaite visiblement pas écarter ses vétérans de l’équation. La présence même d’Allen devant les micros était un indice : c’est lui, le plus vieux joueur parmi les 23 qui seront disponibles pour le match de mercredi, qui défendra le filet des Montréalais en lever de rideau. Allen lui-même l’a confirmé après l’entraînement du Tricolore, mardi, à quelques heures de l’envolée vers Toronto.

« Avec toutes nos informations, nos évaluations, Jake nous donne les meilleures chances pour demain, a ensuite indiqué St-Louis. Mais Montembeault sera une grande partie de nos succès cette année. Et il le sait. Je crois en lui. Mais pour ce premier match, je trouvais que Jake nous donnait les meilleures chances. »

Les deux gardiens du CH ont connu un camp difficile. Allen a montré une moyenne de 4,02 et une efficacité de ,854, des chiffres à peine meilleurs que ceux de Montembeault (moyenne de 4,11, efficacité de ,845).

L’an passé, par contre, le Québécois avait présenté le meilleur bilan statistique.

Fiche en 2022-2023

  • Samuel Montembeault : 16-19-3, moyenne de 3,42, efficacité de ,901
  • Jake Allen : 15-24-3, moyenne de 3,55, efficacité de ,891

Anderson, le gagnant

Allen n’est pas l’unique vétéran à avoir droit au bénéfice du doute.

Josh Anderson amorcera la saison dans la chaise que l’on devine fort convoitée d’ailier droit du premier trio, à la droite de Nick Suzuki et de Cole Caufield. Cette combinaison n’a pourtant rien cassé l’an dernier, comme l’avait révélé l’éclairant collègue Simon-Olivier Lorange dans une non moins éclairante compilation statistique.

Lisez « Emil Heineman obtient la première audition à la droite du premier trio »

On pourrait ajouter qu’à 29 ans, Anderson a déjà donné un bon aperçu de son potentiel et de ses limites. Depuis son arrivée à Montréal, il fait preuve d’une remarquable constance ; sa moyenne de point par match s’est élevée à exactement 0,46 à chacune de ses trois saisons. Cela dit, ce n’est pas la production d’un joueur de premier ni même de deuxième trio.

« En tant que joueur, tu crois toujours que tu as plus à donner, tu ne veux jamais arrêter de grandir. Même si mes statistiques sont constantes d’une année à l’autre, je peux amener autre chose et aider des deux côtés de la rondelle », a fait valoir l’Ontarien volant.

Anderson a toutefois inscrit trois buts en trois matchs préparatoires, ce qui peut bien lui valoir une récompense. Et pour ce que ça vaut, il est toujours prêt à amorcer une saison. En témoigne sa fiche de trois buts et une passe en trois matchs inauguraux depuis son arrivée à Montréal. « Tu t’entraînes trois ou quatre mois, encore plus si tu as raté les séries. C’est excitant de finalement jouer pour deux points », a ajouté Anderson.

Et les autres

Parlant de vétérans, les deux doyens à l’attaque, Brendan Gallagher et Tanner Pearson, auront le luxe de patiner aux côtés de Sean Monahan.

Les deux jeunes trentenaires ont été ralentis par les blessures l’an dernier, depuis trois ans dans le cas de Gallagher, en fait. Ce dernier vient aussi de connaître sa pire saison en matière de production par match, et ce n’était guère mieux pour Pearson avant qu’il ne se blesse.

N’empêche que ces deux ailiers amorcent la saison au sein des trois premiers trios, pendant que les jeunes Jesse Ylönen et Rafaël Harvey-Pinard sont cantonnés au quatrième trio.

Ce ne sont que des trios ; comme les toilettes de chantier de construction, ils peuvent être éphémères. Le portrait pourrait changer dès la troisième période mercredi.

Il reste que le Canadien vient, selon les données compilées par CapFriendly, au deuxième rang des plus jeunes équipes de la LNH en ce début de saison. Mais les éléments plus âgés ne seront pas écartés de sitôt. N’était-ce pas Kent Hughes, au début du camp, qui avait évoqué l’importance des « cheveux gris » ?

La formation à l’entraînement

  • Caufield–Suzuki–Anderson
  • Newhook–Dach–Slafkovsky
  • Pearson–Monahan–Gallagher
  • Harvey-Pinard–Evans–Ylönen
  • Pezzetta
  • Dvorak (blessé)
  • Matheson–Savard
  • Guhle–Kovacevic
  • Harris–Barron
  • Allen
  • Montembeault
  • Primeau