La formation déployée par le Canadien mercredi soir à Toronto pour l’ouverture de la saison ressemble sensiblement à celle de l’an dernier. Quinze des vingt joueurs en uniforme le 12 octobre 2022 sont de retour. Est-elle vraiment semblable pour autant ? Sur pixel, peut-être, mais dans les faits, non.

Le plus grand changement se situe sans doute au centre du deuxième trio. L’arrivée de Kirby Dach suscitait un certain emballement et on avait déjà oublié le charismatique défenseur Alexander Romanov, sacrifié pour l’obtenir, mais à pareille date l’an dernier, Dach, malgré son potentiel intéressant, avait obtenu seulement 26 points, dont 9 buts, en 70 matchs à Chicago et certains se demandaient pourquoi les Blackhawks, pourtant en pleine reconstruction, avaient abandonné l’espoir de faire de ce troisième choix au total en 2019 un joueur d’avenir. On se demandait d’ailleurs à Montréal si Dach, 21 ans, ne serait pas mieux sur les flancs.

Formation offensive du Canadien 2023

  • Caufield-Suzuki-Anderson
  • Newhook-Dach-Slafkovsky
  • Pearson-Monahan-Gallagher
  • Harvey-Pinard-Evans-Ylönen

Formation offensive du Canadien 2022

  • Caufield-Suzuki-Anderson
  • Monahan-Dach-Hoffman
  • Slafkovsky-Dvorak-Gallagher
  • Pitlick-Evans-Dadonov

Un an plus tard, Dach est un joueur établi dans la LNH. Il a produit 38 points en 58 matchs à seulement 22 ans, 54 points en une saison complète. Certains se demandent même s’il ne deviendra pas aussi bon, sinon meilleur, que Nick Suzuki. Dach a 18 mois de moins que Suzuki, après tout. Au même âge, Suzuki obtenait 41 points en 56 matchs à sa deuxième saison avec le CH.

Sur des flancs, on remplace Mike Hoffman par Alex Newhook, plus jeune, plus rapide, plus vaillant. Newhook, obtenu de l’Avalanche pour des choix de fin de premier tour et de deuxième tour, constitue un projet comme l’était Dach l’an dernier. Ses 33 points en 71 matchs à sa première saison complète dans la LNH en 20 ans témoignent d’un potentiel intéressant. Il s’agissait d’une production supérieure à celle de Dach à sa dernière année à Chicago, mais ses 30 points l’an dernier en ont laissé plusieurs sur leur appétit.

Juraj Slafkovsky a été gardé à Montréal l’an dernier pour apprendre les rudiments du métier en accéléré, de façon personnalisée, pour corriger les nombreuses failles dans son jeu. On a pu voir à l’œuvre un attaquant plus confiant, amélioré en matchs préparatoires. Ses deux buts et trois points en cinq rencontres pourraient lui insuffler une certaine confiance. Mais comme le développement des jeunes comporte de nombreux creux de vague, attendons avant de lui prédire 25 buts. Il a seulement 19 ans, après tout.

Les deux nouvelles stars offensives de la décennie à Montréal, Suzuki et Caufield, ont poursuivi leur progression, à 23 et 21 ans respectivement. Privé d’ailiers réguliers, Suzuki a atteint des sommets personnels avec 66 points et 26 buts, cinq points de plus que la saison précédente. Caufield a marqué trois buts de plus (26) en 21 matchs de moins. Il était en voie d’en marquer 46 avant de se blesser. Josh Anderson devrait donner sensiblement le même rendement, une vingtaine de buts, beaucoup de fougue et de vitesse.

Le troisième trio ressemble à certains égards à celui de l’an dernier, malgré la promotion de Slafkovsky. Monahan y solidifie le centre en l’absence de Dvorak et Brendan Gallagher tente de survivre malgré l’usure du temps. Dans deux ans, Owen Beck devrait occuper le poste de centre de ce trio et Gallagher et Tanner Pearson auront été remplacés par un Joshua Roy, Sean Farrell, Jesse Ylönen ou un autre.

Sur le quatrième trio, Rafaël Harvey-Pinard est le Rem Pitlick de la saison précédente. On a vite oublié Pitlick, échangé à Pittsburgh après une saison décevante, mais il avait produit 26 points en 46 matchs il y a deux ans et on voyait en lui un éventuel joueur de soutien de qualité. On souhaite un meilleur avenir à Harvey-Pinard, rien n’indique le contraire pour l’instant. Dadonov a ressuscité à Dallas, mais il était ordinaire à Montréal. Ylönen est plus jeune, plus rapide et dynamique. Voyons comment il progressera après une saison de 16 points en 37 matchs.

Formation défensive du Canadien 2023

  • Matheson-Savard
  • Guhle Kovacevic
  • Xhekaj-Harris
  • Allen
  • Montembeault

Formation défensive du Canadien 2022

  • Guhle-Savard
  • Xhekaj-Wideman
  • Harris-Kovacevic
  • Allen
  • Montembeault

En défense, Mike Matheson a connu un camp d’entraînement exceptionnel en 2022 avant de se blesser, mais on ne savait pas exactement quel défenseur le CH venait d’acquérir pour Jeff Petry. En fait, oui : ses six premières saisons dans la LNH nous montraient un défenseur numéro quatre mobile, capable d’amasser entre 20 et 30 points par saison, sans plus, certainement pas un défenseur dominant, offensivement comme défensivement, capable de produire à un rythme de 58 points sur une saison complète, comme semblaient l’indiquer ses 34 points en 48 rencontres. Il devra demeurer en santé.

Montréal a entamé la saison précédente avec quatre recrues en défense, mais Johnathan Kovacevic, obtenu au ballottage des Jets de Winnipeg était celui dont on parlait le moins après Kaiden Guhle, Jordan Harris et Arber Xhekaj. Du haut de ses 6 pieds 5 pouces et 225 livres, Kovacevic est devenu un arrière défensif de qualité. À son dernier match l’an dernier, il a joué 25 : 36, et plus de 20 minutes lors des trois précédents. Il entamera la saison au sein de la deuxième paire avec Kaiden Guhle, un autre colosse à 6 pieds 3 pouces et 201 livres.

Parlant de Guhle, on connaissait le potentiel de ce premier choix, 16e au total en 2020, mais on ne le savait pas capable de s’imposer si rapidement dans la LNH, à 20 ans, ni d’être capable d’amasser des points à un rythme de 33 par saison sans pour autant jouer en supériorité numérique. Avec Arber Xhekaj à 6 pieds 4 pouces et 240 livres, cinq des six défenseurs du Canadien mesurent plus de 6 pieds 1 pouce et quatre pèsent plus de 220 livres.

Les gardiens Samuel Montembeault, Jake Allen et Cayden Primeau constituent l’énigme. Qui seront les deux gardiens titulaires dans deux ou trois ans lorsque le Canadien aura atteint sa vitesse de croisière ? Bonne question.

Mais quand on regarde le portrait global, en attaque et en défense, on comprend pourquoi la direction insiste sur l’expression « croissance à l’interne » et l’avenir paraît prometteur, à condition d’être un brin patient, comme l’an dernier quoi.

Baptême réussi pour Connor Bedard

PHOTO CHARLES LECLAIRE, CHARLES LECLAIRE-USA TODAY SPORT

Connor Bedard a non seulement obtenu une aide à son premier match dans la LNH, mais il a constitué, à 18 ans, le meilleur joueur des Blackhawks de Chicago, mardi soir.

Connor Bedard n’a pas marqué quatre buts comme Auston Matthews à son premier match dans la LNH, ou compté comme Sidney Crosby à son baptême dans la grande ligue.

Mais le premier choix au total en 2023 a non seulement obtenu une aide, mais il a constitué, à 18 ans, le meilleur joueur des Blackhawks de Chicago, mardi soir. Et contrairement à Matthews et Crosby, il a remporté son premier match, contre les Penguins de Crosby justement.

Bedard a joué 21 : 29, un sommet chez les attaquants des Hawks. Il a dirigé dix tirs vers le filet de Tristan Jarry, dont cinq cadrés. Seul bémol, son inefficacité lors des mises en jeu. Ces joueurs d’exception provoquent un engouement à chacune de leur présence sur la patinoire. Le spectateur a l’impression qu’ils parviendront à réussir un coup d’éclat à tout moment. Ce fut le cas mardi.

Le jeune homme semble avoir inspiré cette troupe pourtant peu talentueuse. Et le bon vieux Corey Perry, au sein d’un trio de vétérans avec Jason Dickinson et Nick Foligno, a réussi les deux gros jeux en troisième période.

Bedard et les Blackhawks seront à Montréal samedi pour le match d’ouverture local, après un arrêt à Boston jeudi.