(Toronto) Est-il permis d’amorcer l’analyse du premier match d’une saison sans mentionner que ce n’est que le premier match d’une saison ? Et qu’il ne faut pas tirer de conclusion hâtive ? Sans doute pas.

Ce n’était qu’un premier match, donc. Loin d’être parfait pour le Canadien, qui s’est incliné par la marque de 6 à 5 en tirs de barrage après avoir bousillé deux avances de deux buts. Méfions-nous, alors, des conclusions hâtives. Voilà pour les formalités.

Relisez notre couverture en direct Consultez le sommaire de la rencontre

Cette rencontre a tout de même permis de vérifier une hypothèse formulée depuis longtemps : si, enfin, le trio de Nick Suzuki pouvait recevoir de l’aide, la dynamique offensive de cette équipe pourrait changer drastiquement et rapidement.

L’unité d’Alex Newhook, Kirby Dach et Juraj Slafkovsky n’avait passé qu’un match en rodage pendant le calendrier présaison. Le dernier de l’équipe, samedi dernier à Ottawa. Avec un résultat assez anecdotique.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Alex Newhook

Cette combinaison a toutefois survécu et formait le deuxième trio du CH à Toronto, mercredi. Et la magie a opéré.

Non seulement le trio a-t-il marqué deux buts, mais ceux-ci ont été le résultat d’un effort concerté qui a mis en valeur les forces de chacun de ses membres.

En début de deuxième période, Slafkovsky et Newhook ont pris leur envol lorsque Dach a pris possession du disque en zone neutre. L’échange entre le Slovaque et le Terre-Neuvien a été sublime, et John Tavares n’a jamais compris ce qui lui arrivait.

Au troisième vingt, le jeu physique de Slafkovsky lui a permis de voler la rondelle à Max Domi le long de la bande. Quelques instants plus tard, Dach laissait le disque à Arber Xhekaj près de la ligne bleue. Newhook était bien placé pour faire dévier le tir du défenseur.

Le grand numéro 20 n’a pas obtenu de point sur la séquence, mais sans lui, il n’y aurait pas eu de but.

« Peut-être qu’on ne verra pas son nom sur la feuille de match chaque soir, mais il fait les bonnes choses », a dit Kirby Dach à propos de son jeune coéquipier.

En présaison, les deux ont été jumelés cinq fois. Le joueur de centre parlait donc en connaissance de cause lorsqu’il a affirmé que Slafkovsky s’améliorait « de match en match ». « Il a de plus en plus de confiance, on le voit sourire sur la glace, a souligné Dach. Il compétitionne, il travaille fort, notamment loin de la rondelle, et ça génère des chances. Pas juste pour lui : pour Newhook et pour moi aussi. »

Un peu de tout

Ce trio, a encore noté Dach, possède « un peu de tout ». De la vitesse aux trois positions, surtout sur les ailes. Deux joueurs au fort gabarit. Et au moins deux membres dotés d’un fort instinct — le troisième travaille encore là-dessus.

Alex Newhook « est tellement rapide », s’est impressionné Slafkovsky. « Il vole sur la glace. Ça fait en sorte que les autres joueurs patinent davantage, que je patine davantage. Ça garde le jeu en mouvement. Notre chimie s’améliore. »

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Mike Matheson (8) et Cole Caufield (22)

Ces deux buts arrivent à point nommé pour Newhook. En incluant les séries éliminatoires, ses deux dernières réussites, alors qu’il portait l’uniforme de l’Avalanche du Colorado, ont été réalisées dans une fenêtre de 33 matchs.

« Ça fait du bien, a-t-il avoué en fin de soirée. Ça peut venir frustrant, de traverser d’aussi longues léthargies. Je veux bâtir là-dessus en continuant d’aller dans les zones difficiles. »

Lui aussi a estimé que ça se passait plutôt bien pour son trio. « On a créé beaucoup de rythme. »

Martin St-Louis a dressé le même constat. « Surtout en troisième période, ils ont été dominants », a-t-il analysé. À ses yeux, Slafkovksy a disputé « un de ses meilleurs matchs » à ce jour. « Il apprend comment jouer avec ces gars-là et comment on joue en équipe. »

Le succès de cette unité, avancions-nous en ouverture, est susceptible d’enfin donner de l’air à Nick Suzuki. Ce dernier, avec Cole Caufield et Josh Anderson, a d’ailleurs connu une soirée en demi-teinte. Certaines confrontations au trio d’Auston Matthews ont été pénibles.

L’émergence de Kirby Dach au centre et son association à des joueurs capables d’évoluer à son niveau pourraient bien conférer au Canadien la plus grande diversification de son top 6 depuis le départ de Phillip Danault.

« J’aime notre profondeur, a souligné Martin St-Louis. Je pense que ça va être une année où ce ne sera pas toujours les mêmes gars qui font la job. Ce sera un groupe qui va travailler fort ensemble. »

L’entraîneur a par ailleurs mentionné le bon travail de son quatrième trio, piloté par Jake Evans, qui a été à l’origine de deux buts à cinq contre cinq.

Ç’a toutefois été bien différent pour le troisième trio, qui n’a pas bien paru du tout. Sean Monahan paraissait bien seul au centre de Tanner Pearson et Brendan Gallagher.

On aura toutefois largement le temps d’en reparler. Ce n’était, après tout, qu’un premier match.

En hausse : Juraj Slafkovsky

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Juraj Slafkovsky

A-t-il disputé le meilleur match de sa jeune carrière ? On a bien envie de répondre oui.

En baisse : Brendan Gallagher

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Brendan Gallagher

Chacune des confrontations de son trio a ressemblé à une aventure dont il n’était pas le héros. Tout semblait difficile pour lui. Un bien mauvais départ.

Le chiffre du match : 21 min 41 s

C’est le temps qui s’est écoulé entre les 13e et 14e tirs cadrés du Tricolore. La séquence divisée, entre la deuxième et la troisième période, s’est conclue par deux buts en deux tirs.

Dans le détail

Xhekaj a réfléchi longtemps

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Arber Xhekaj et Ryan Reaves ont laissé tomber les gants tôt dans le match.

Arber Xhekaj avait indiqué, pendant le camp d’entraînement, qu’il choisirait mieux ses combats cette saison. Au sens littéral du terme. Cette promesse aura tenu… 10 minutes. En milieu de première période, après que le colosse Ryan Reaves eut asséné des mises en échec à l’endroit de Jesse Ylönen et de Kaiden Guhle sur la même présence, Xhekaj a donné congé à ses gants. Reaves n’allait pas refuser si belle invitation. Le combat a duré quelques secondes et s’est conclu quand l’attaquant des Leafs a chuté sur le filet. Ce duel ne passera pas à l’histoire, mais Xhekaj a certainement eu le temps d’y repenser : on lui a imposé une punition mineure d’instigateur assortie de 10 minutes pour inconduite. Cela pour un total, en additionnant la punition majeure pour s’être battu, de 17 minutes de pénitence. La séquence, en définitive, aura été à l’avantage total des Torontois, qui ont vu un défenseur adverse rater presque une période entière d’action.

Les cadeaux d’Allen

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Jake Allen

Un gardien qui reçoit 42 tirs des Maple Leafs de Toronto n’a, d’entrée de jeu, pas une soirée tranquille. Et certainement pas facile non plus. Jake Allen, à qui Martin St-Louis avait confié le filet pour cette rencontre, a paru très solide en début de match… jusqu’à ce que ne soit plus le cas. Les hommes en bleu paraissaient complètement désorganisés, en deuxième période. Puis Noah Gregor a déjoué Allen d’un tir de l’aile gauche, un jeu qui a immédiatement été classé dans le dossier des buts-que-le-gardien-aimerait-revoir. On ne pourrait certainement pas blâmer le vétéran sur les deux buts suivants, inscrits alors que les Leafs évoluaient à cinq contre quatre. Or, celui qui a réduit l’écart en fin de parcours était… embarrassant ? On veut bien croire que le tir bas provenait du bâton d’Auston Matthews, mais le portier a complètement raté la couverture du poteau à sa gauche. Alors que le dossier du partage des tâches chez les gardiens s’annonce comme un sujet chaud cette saison, ces deux cadeaux d’entrée de jeu n’ont rien de très emballant pour Allen.

Matthews sait partir à point

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Auston Matthews

Malgré une première période au cours de laquelle son trio n’a strictement rien fait de bon, Auston Matthews a retrouvé ses repères en deuxième période et est devenu le joueur offensif du match. Il a d’abord créé l’égalité à 2-2 en avantage numérique en deuxième période, puis il a inscrit un doublé qui a permis aux siens d’effacer un déficit de 5-3 en fin de troisième période. C’est loin d’être le premier départ canon pour Matthews, qui avait, rappelons-le, inscrit quatre buts à son tout premier match dans la LNH, en 2016. De fait, à sa huitième saison dans la LNH, il a désormais inscrit un total de 12 buts à sa première sortie de l’automne. L’Américain a conclu la rencontre de mercredi avec huit tirs cadrés, et son partenaire de trio Tyler Bertuzzi, cinq.