(Toronto) On pourrait croire qu’un certain message circule dans le vestiaire des Maple Leafs de Toronto. On se gardera de tirer une conclusion qui soit trop tranchée. Il y a tout de même quelques indices.

Mitchell Marner : « Il ne faut pas trop regarder devant. On y va un jour à la fois. »

Auston Matthews : « On contrôle ce qu’on peut. On y va un jour à la fois. »

Morgan Rielly : « On ne regarde pas trop loin. »

L’entraîneur-chef Sheldon Keefe : « On se concentre sur chaque journée. »

Le directeur général Brad Treliving : « Un jour à la fois. C’est très important de ne pas aller au-devant des choses. »

C’est tout en subtilités, presque un code secret… « C’est cliché, mais c’est vrai », s’est défendu Keefe.

Au cours des sept dernières saisons, seulement deux équipes ont remporté plus de matchs et amassé plus de points au classement que les Leafs. Une seule a marqué plus de buts. Aussi bien dire que cette équipe connaît la recette d’une bonne saison.

La contrepartie de cette affirmation, on l’a tellement décrite que c’en est presque lassant. Six années sans gagner une seule série éliminatoire. Puis une élimination expéditive au deuxième tour le printemps dernier, après un triomphe libérateur, presque cathartique, contre le Lightning de Tampa Bay.

À Toronto, du mois d’octobre jusqu’au début du mois d’avril, ça se passe généralement assez bien. Et malgré le haut niveau de compétition dans la division Atlantique – « la meilleure de la ligue », dixit Treliving –, les hommes en bleu et blanc ont toutes les armes pour entrer en séries par la grande porte une nouvelle fois cette année.

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mitchell Marner

La tentation est donc grande de presser sur le bouton d’avance rapide pour déterminer les objectifs du club en 2023-2024. « Avez-vous une formation bâtie pour la Coupe Stanley ? », a donc demandé un reporter à Marner, mardi.

On vous laisse deviner la réponse. Vous avez une seule chance.

Il ne faut pas trop regarder devant. On y va un jour à la fois.

Mitchell Marner

Page blanche

Auston Matthews, lui, a parlé de cette nouvelle saison comme d’une « page blanche ».

On pourrait bien sûr relativiser le thème du renouveau. Le noyau dur n’a pas changé : embauché à la fin du mois de mai en remplacement de Kyle Dubas, Brad Treliving a décidé de garder en place les cinq fabuleux de son équipe. Les Marner, Morgan Rielly, John Tavares et William Nylander sont donc toujours là. Et Matthews aussi, évidemment, lui qui a même signé une prolongation de contrat.

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Auston Matthews

Il n’empêche qu’autour d’eux, les nouveaux visages sont nombreux. Des 21 attaquants et défenseurs qui ont disputé au moins un match lors des dernières séries éliminatoires, neuf jouent aujourd’hui dans d’autres équipes. Et deux autres, Jake McCabe et Matthew Knies, n’étaient arrivés à Toronto qu’à la fin de la saison.

Donnons donc raison à Matthews : un (petit) vent de fraîcheur souffle sur la Ville Reine. Qu’à cela ne tienne, avoir gagné une série change-t-il l’état d’esprit du groupe en ce début de saison ? Non, a rapidement rétorqué l’attaquant. « Un jour à la fois », a-t-il insisté – décidément !

Cette réussite dicte-t-elle un nouvel objectif à atteindre, voire à dépasser ? Non plus, apparemment.

« Le standard, on l’établit dès aujourd’hui à l’entraînement, puis demain pendant le match, a insisté Matthews. C’est ce qui fera notre succès. »

Maturité

Soucieux de connaître un fort début de saison, en tout cas meilleur que les six défaites en dix matchs d’octobre 2022, Sheldon Keefe a souligné que son groupe de meneurs arrivait avec davantage de « maturité » que par le passé. Mine de rien, les jeunes loups sont de moins en moins jeunes : voilà Marner et Matthews à 26 ans, et Nylander, à 27.

Cette maturité n’est pas étrangère aux « déceptions et [aux] échecs » des dernières années, a admis Keefe.

« Quand je suis arrivé [en 2019], c’était une jeune équipe. Aujourd’hui, nos meilleurs joueurs ont vieilli et de jeunes joueurs les entourent. Ils ont une bonne compréhension de ce qui est requis pour réussir. Ils savent qu’il ne faut jamais lever le pied de l’accélérateur. »

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L’entraîneur-chef Sheldon Keefe et William Nylander

Quatre-vingt-deux matchs, c’est « un long voyage », a encore souligné l’entraîneur-chef. « Si tu regardes trop loin, tu perds de vue ce qui est important en ce moment. »

Ses joueurs sont au courant, encore qu’un petit rappel occasionnel ne fasse pas de tort, a-t-il noté.

Cette saison de l’ici du maintenant, elle commence ce mercredi soir, alors que le Tricolore sera à Toronto pour sa seule visite de la saison.

« Et ce qui arrivera en avril, on en parlera quand on y arrivera », a conclu Morgan Rielly.

N’en déplaise au défenseur, ça se pourrait bien qu’on en reparle un tout petit peu avant cela.