À la même date, l’année dernière, Samuel Montembeault n’avait plus de contrat. Il venait de terminer la saison avec sept défaites à ses huit dernières sorties, tout en étant considéré comme le gardien numéro trois de la pire équipe de la LNH. Pas précisément des conditions gagnantes. Au mieux, son avenir était brumeux.

Aujourd’hui ?

Samuel Montembeault est champion du monde et gardien numéro un du Canadien. Une progression étonnante, qui le positionne avantageusement sur la courte liste des gardiens susceptibles de représenter le Canada aux Jeux olympiques de Milan, en 2026.

J’exagère ?

Nenni.

Évidemment, pour que ça se produise, la LNH et l’Association des joueurs devront s’entendre avec la Fédération internationale et le Comité international olympique pour assurer la présence des meilleurs hockeyeurs au monde à Milan.

Samuel Montembeault, lui, devra continuer d’embellir son portfolio. Ce n’est pas toujours facile derrière une brigade défensive aussi inexpérimentée que celle du Tricolore, comme le démontre sa moyenne de 3,42. Mais il a affiché un taux d’arrêts de ,901 et ses statistiques avancées le font bien paraître, surtout lorsqu’on les compare avec celles d’autres gardiens canadiens.

Buts sauvés par les gardiens canadiens en 2022-2023

  • 1. Samuel Montembeault, Canadien 11,8
  • 2. Carter Hart, Flyers de Philadelphie 10,3
  • 3. Darcy Kuemper, Capitals de Washington 8,8
  • 4. Stuart Skinner, Oilers d’Edmonton 6,8
  • 5. Marc-André Fleury, Wild du Minnesota 6,6

Source : MoneyPuck

Une saison ne fait pas une carrière, c’est vrai. Et oui, 2026, c’est loin. Sauf que dans trois ans, plusieurs des meilleurs gardiens canadiens seront soit en fin de carrière, soit retraités. Marc-André Fleury aura alors 41 ans. Cam Talbot et James Reimer, 38 ans. Martin Jones, 36 ans. Montembeault, lui, n’aura que 29 ans.

Qui seront ses compétiteurs pour les trois postes disponibles au sein de l’équipe nationale ?

Darcy Kuemper, Capitals de Washington
En 2022-2023 : 2,87 / ,909 / 8,8 buts sauvés

Si les Jeux se déroulaient aujourd’hui, Darcy Kuemper – enfin remis de ses blessures – serait probablement le gardien partant du Canada. Or, aux Jeux de Milan, il aura 35 ans. Combien de fois le Canada a-t-il misé sur un gardien aussi âgé aux JO dans le dernier siècle ? Une seule. C’était à Garmisch-Partenkirchen… en 1936.

Carter Hart, Flyers de Philadelphie
En 2022-2023 : 2,94 / ,907 / 10,3 buts sauvés

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Carter Hart

Un habitué du programme de l’équipe nationale. Il a représenté trois fois le Canada sur la scène internationale. Le problème ? Il faisait partie de l’équipe junior impliquée dans un scandale de viol, en 2018. Comme tous les autres joueurs de cette formation, Hart est banni de l’équipe nationale jusqu’à la conclusion de l’enquête.

Jordan Binnington, Blues de St. Louis
En 2022-2023 : 3,31 / ,894 / -9,2 buts sauvés

Son déclin est déjà entamé ; ça fait quatre saisons de suite que son taux d’arrêts chute. Son impulsivité est aussi un enjeu. En 2021, après une mauvaise sortie, il a fait un long détour sur la glace pour aller pousser trois adversaires. La même année, il a tenté de frapper Nazem Kadri à la tête avec son bâton. En 2022, il a harponné Jason Zucker, qui passait tout bonnement derrière son filet. Puis en mars dernier, la LNH l’a suspendu deux matchs pour l’ensemble de son œuvre dans une bagarre face au Wild du Minnesota. Peut-être pas le coéquipier idéal pour un tournoi olympique.

Stuart Skinner, Oilers d’Edmonton
En 2022-2023 : 2,75 / ,914 / 6,8 buts sauvés

Sa saison fut superbe. Tellement qu’il est finaliste pour le trophée Calder, remis à la recrue de l’année. Sauf que ses séries, elles, furent catastrophiques. À quel point ? Selon le site The Hockey Writers, parmi tous les gardiens ayant disputé huit parties des séries en une saison, sa moyenne de 3,68 buts alloués par rencontre est la pire depuis 1994. Depuis sa sélection au repêchage, en 2017, Skinner n’a pas eu l’occasion de représenter le Canada dans un tournoi international.

Tristan Jarry, Penguins de Pittsburgh
En 2022-2023 : 2,90 / ,909 / -2,8 buts sauvés

Un gardien clivant, capable du meilleur comme du pire. En décembre, il a gagné sept parties de suite. En mars, il a été retiré trois fois du match avant la 30e minute. Il a préféré jouer avec des blessures plutôt que de se faire opérer. « J’ai beaucoup joué, avec plein de blessures. C’était difficile », a-t-il reconnu dans son bilan de fin de saison. Ça explique son manque de constance. Conséquence : les pires statistiques individuelles de sa carrière. À Pittsburgh, les journalistes ne sont pas convaincus que Jarry sera le gardien numéro un de l’organisation à moyen ou long terme.

Logan Thompson, Golden Knights de Vegas
En 2022-2023 : 2,65 / ,915 / aucun but sauvé

Une belle histoire. Jamais repêché, Thompson est passé par le circuit universitaire canadien et l’ECHL avant de rejoindre la LNH. Cette saison, il s’est établi comme le gardien numéro un des Golden Knights. Une blessure l’empêche toutefois de participer aux séries éliminatoires. Notez que Thompson a représenté le Canada au Championnat du monde senior, en 2022.

Adin Hill, Golden Knights de Vegas
En 2022-2023 : 2,50 / ,914 / 1 but sauvé

PHOTO STEPHEN R. SYLVANIE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Adin Hill

Un gardien substitut qui partage son temps entre la LNH et la Ligue américaine depuis 2017, et qui s’illustre enfin ce printemps grâce à des séries exceptionnelles. Il sera joueur autonome sans compensation après la saison. Il devra d’abord prouver qu’il est un gardien numéro un dans la LNH avant de faire partie de la conversation pour les JO.

Matt Murray, Maple Leafs de Toronto
En 2022-2023 : 3,01 / ,903 / 1 but sauvé

Il a des atouts pour lui : deux Coupes Stanley, une médaille d’argent au Championnat du monde, une participation à la Coupe du monde. Sauf que depuis son départ de Pittsburgh, en 2020, c’est difficile. Ça fait trois saisons consécutives qu’il obtient moins de 30 départs. Son dossier médical est aussi touffu qu’un roman de Marcel Proust. Il a notamment subi plusieurs blessures à la tête et au cou. Ses nombreuses absences ont permis à Ilya Samsonov de s’illustrer devant le filet des Maple Leafs.

Devon Levi, Sabres de Buffalo
En 2022-2023 : 2,94 / ,905 / 3,1 buts sauvés

À seulement 21 ans, le jeune gardien québécois a gagné l’or au plus récent Championnat du monde senior, l’argent au Championnat du monde junior, il a été invité aux Jeux de Pékin comme réserviste et il a été nommé deux fois gardien de l’année dans la NCAA. Il devra maintenant s’établir comme un gardien numéro un dans la LNH. C’est à sa portée.

Voilà l’état de la situation pour Samuel Montembeault. Comme je l’expliquais plus tôt, son poste n’est pas acquis. Il devra continuer sa progression. Sauf qu’il y a des ouvertures. Plus que jamais, pour lui, les Jeux olympiques sont un rêve possible.

Les gardiens précédents

  • 1998 : Patrick Roy, Martin Brodeur*, Curtis Joseph*
  • 2002 : Martin Brodeur, Curtis Joseph, Ed Belfour*
  • 2006 : Martin Brodeur, Roberto Luongo, Marty Turco*
  • 2010 : Roberto Luongo, Martin Brodeur, Marc-André Fleury*
  • 2014 : Carey Price, Roberto Luongo, Mike Smith*
  • 2018 : Kevin Poulin, Ben Scrivens, Justin Peters*
  • 2022 : Matt Tomkins, Ed Pasquale, Devon Levi*

* N’ont pas joué