Il fallait oser : Madeleine Arcand et Maxime Morin, les deux fondatrices de la marque de vêtements écoresponsables Rose Buddha (vendue en septembre dernier à l’entreprise québécoise Nolk), à qui l’on doit une application de méditation du même nom, s’aventurent ces jours-ci du côté de la cuisine, et pas n’importe laquelle : la cuisine scandinave, mesdames et messieurs !

Nous sommes allés à leur rencontre la semaine dernière, au fond de leur bois dans Morin-Heights, là où elles ont toutes deux élu leurs domiciles respectifs, pour parler du projet qui dépasse largement les limites de la table. En gros, manger « slow », comme disent les deux ex-citadines, ce n’est pas qu’une série d’idées de recettes de légumes fermentés ou de saumon fumé, mais plutôt carrément un mode de vie… « rebelle ! », ose même Madeleine Arcand en riant. Hédoniste, pourrait-on sans doute ajouter.

« Ça fait longtemps qu’on y rêvait, dit-elle, attablée en chaussettes devant un bon café. Mais on ne voulait pas un livre de recettes pratico-pratiques, avec trois ingrédients ou juste faciles. […] On veut que ça aille vite, vite, vite, mais pourquoi ? […] Reprenons le plaisir de cuisiner ! » Pour en finir avec les menus toujours « pressés », pour quoi, au juste ?

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Madeleine Arcand

Même si c’est mardi soir et que ça te prend une heure, tu auras quoi, une heure de moins sur Netflix ?

Madeleine Arcand

À noter que le livre, qui laisse effectivement la place belle aux soupes et autres plats mijotés, ne propose pas que des recettes qui s’étirent dans le temps, indéfiniment, tout le contraire. Plusieurs options à partir de 10 ou 15 minutes à peine sont aussi proposées (notamment le fameux smørrebrød, dont on vous montre une version d’automne dans l’onglet suivant).

Cuisiner en pleine conscience

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La cuisine pleine conscience, c’est un peu l’idée derrière ce livre.

Mais pas à n’importe quel prix, on l’aura compris : « Ce n’est pas nécessairement lentement, mais l’idée c’est de faire des repas des moments où on est présents et pas en train de se grouiller nécessairement », poursuit Madeleine Arcand, mère de quatre enfants, qui a travaillé en communications dans une autre vie.

Pourquoi ne pas préparer son repas avec une musique douce, un verre de vin, des lumières tamisées, entouré des gens qu’on aime ? Pourquoi ne pas se réunir entre amis un dimanche après-midi pour mitonner en gang et en harmonie ? C’est ici qu’on en vient à la Scandinavie, qui a donné à cet art de vivre son nom : le hygge, un « art de vivre, fondé sur le désir de se sentir extra douillet dans son environnement ».

  • Soupe de poisson

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    Soupe de poisson

  • Danoise raisins et pistaches

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    Danoise raisins et pistaches

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Le mot revient sans surprise un peu partout dans le livre. C’est qu’il parlait tellement aux deux autrices qu’elles ont carrément fait le voyage jusqu’à Copenhague pour s’en nourrir, au sens figuré, mais propre aussi.

« Copenhague est une ville vraiment agréable, ça respire, il y a quelque chose de très fluide, explique à son tour Maxime Morin, mère quant à elle de deux enfants. Et il y a un côté hygge, enveloppement, dans leur cuisine, qui met de l’avant l’ingrédient. Ils ont quelque chose de simple, brut et pur dans leur façon d’aborder l’ingrédient. » Leur gravlax en est un bon exemple, « simple, sans plein d’aromates ».

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Maxime Morin

« On dirait qu’on a associé faire à manger à une tâche, poursuit-elle. Or le “slow”, c’est se réapproprier la cuisine dans le plaisir. Je prends le temps, je suis là, je suis contente. » L’idée : « rendre ça agréable ». « Est-ce qu’on peut avoir du fun ? », lance-t-elle.

À tous ceux qui courent après leur queue, nos deux autrices, qui ont eu elles aussi cette vie (qu’elles racontent dans À go, on ralentit, publié en 2019), répondent à l’unisson : « On comprend ! » Il y a sans doute des jours où le « slow » est plus facile à adopter que d’autres. « Tout à coup, un dimanche après-midi, peut-être… Quand ça adonne, vas-y ! » Et disons qu’avec une recette inspirante sous la main, c’est encore mieux !

À go, on mange slow – Recettes de saison inspirées des pays scandinaves

À go, on mange slow – Recettes de saison inspirées des pays scandinaves

Éditions de L’Homme

192 pages

À go, on mange slow, publié aux éditions de l’Homme, propose 60 recettes de leur cru, et selon les saisons, des boulettes suédoises au glögg en passant par les smørrebrød, sans oublier les danoises (leur version aux pistaches et raisins étant apparemment « la meilleure d’entre toutes »). Concoctées avec le coup de pouce créatif de la styliste culinaire et fondatrice de Rembobine, Noémie Graugnard, les recettes proposées sont en outre pesco-végétariennes, pour « des mets sains, durables et délicieux qui respectent l’environnement ».