Dimanche, 9 h 30. Autour de deux grandes tables recouvertes de nappes colorées, des parents, des grands-parents et des enfants s’installent. Ces derniers sont fébriles.

Est-ce en raison des lieux qui les entourent ? Peut-être un peu. La Fabrique familiale La Cabane est un centre communautaire aux allures d’immense salle de jeux avec un espace pour le bricolage, une glissade, un mur d’escalade et des cachettes en hauteur. « Wow ! C’est le paradis des enfants ! », a-t-on lancé spontanément lorsqu’on est entrée dans le vaste local situé au coin de la rue Bélanger et de l’avenue Papineau, à Montréal.

Mais au-delà du décor, c’est surtout l’activité prévue ce matin qui enthousiasme les six jeunes participants, âgés d’environ 3 à 10 ans. Aujourd’hui, ce sont eux, les chefs.

En cuisine

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Vue d’ensemble des lieux

Sourire aux lèvres, ils enfilent leur tablier puis se lavent les mains. « Les enfants, vous pouvez venir me rejoindre en cuisine », les appelle Paige Cunningham, qui les guidera pendant toute la durée de l’atelier.

La première tâche des petits cuistots ? Saluer leurs invités et prendre leurs commandes. Au menu : « pain perdu (mais retrouvé, fiou !) » ou « croissant écrapouti, avec œufs, feta et avocat ».

Alors que les plus grands préparent les cafés, sous la supervision de Sophie Duchastel de Montrouge, cofondatrice de La Cabane, les plus petits s’assoient autour d’une table basse et écoutent attentivement les consignes de Paige Cunningham.

Ils ont du pain sur la planche, au propre comme au figuré. Quinze plats à cuisiner, dont quelques assiettes de pain perdu végane. Chaque apprenti reçoit une tranche de pain de mie qu’il doit tremper dans un mélange de boisson végétale, de sirop d’érable et d’épices préparé par l’équipe de La Cabane.

« Je ne veux pas le faire toute seule », lance timidement Mali, 3 ans. « Je vais t’aider », lui propose doucement Paige Cunningham, qui visiblement a le tour avec les enfants.

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Hendrick, 4 ans, et sa cousine Mali, 3 ans, participent au brunch de La Fabrique familiale La Cabane.

La fillette se dégêne rapidement et participe avec beaucoup d’entrain aux prochaines étapes : casser des œufs, écraser des morceaux d’avocat, peser le feta, touiller la salade… La cuisson des aliments est confiée aux plus grands qui, sous la supervision de Sophie Duchastel de Montrouge, retournent les tranches de pain et brassent les œufs dans les différentes poêles.

Fierté et persévérance

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Les plus grands s’occupent de la cuisson des aliments.

Pendant près d’une heure, les petits cuistots s’activent en cuisine sous les regards admiratifs des familles assises à proximité. « Vous êtes persévérants », les félicite Geneviève Gagnon, la mère de Mali.

En permettant aux parents d’être témoin des interactions entre leur jeune et les responsables de l’atelier, « le brunch leur donne une vision de leur enfant qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de voir », souligne Noémie Perreault, directrice générale de La Cabane.

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Paige Cunningham, Sophie Duchastel de Montrouge et Noémie Perreault

« J’ai été surprise de voir à quel point il est resté attentif pendant toute l’activité », confie d’ailleurs Valérie Gagnon, maman d’Hendrick, 4 ans.

« C’est la première fois qu’il travaille sans nous en cuisine. C’est assez impressionnant », observe, pour sa part, Chris Fernandes, père d’Isaiah, âgé de 7 ans, « bientôt 8 », tient à préciser le garçon.

La préparation du déjeuner titre à sa fin. Paige Cunningham montre aux plus jeunes comment dresser les assiettes de pain perdu. On étend un peu de compote, on place les tranches de pain, on garnit le tout de noix et de pommes sans oublier l’ajout d’un filet de sirop d’érable. « Allez à votre table, c’est bientôt prêt ! », lance Hendrick, en sautillant.

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Le déjeuner est servi !

Les bonnes odeurs qui se dégagent de la cuisine ouvrent l’appétit. Ça tombe bien, c’est l’heure du service. Tour à tour, les enfants, les yeux brillants de fierté, vont porter à leur famille les assiettes qu’ils ont préparées.

Et lorsque les jeunes chefs goûtent enfin aux fruits de leur labeur, c’est unanime : leur déjeuner est le meilleur !

Quelles tâches confier à nos apprentis cuistots ?

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« Souvent, les parents ont peur un peu de laisser leur enfant cuisiner », note Sophie Duchastel de Montrouge.

« Souvent, les parents ont peur un peu de laisser leur enfant cuisiner. C’est sûr qu’un couteau, ça coupe », note Sophie Duchastel de Montrouge, qui a fait carrière en restauration avant de cofonder La Fabrique familiale La Cabane. Or, à travers les différents ateliers et camps de jour de cuisine offerts par l’organisme, elle constate tous les apprentissages qui sont liés au fait de développer ses compétences culinaires. Voici, à ses yeux, quelques exemples de tâches qu’on peut confier aux jeunes selon leur âge, en se basant sur les recettes préparées lors du passage de La Presse.

De 2 à 5 ans

  • Écraser les avocats au pilon à pomme de terre ;
  • Couper les pommes avec l’aide d’un couteau en bois conçu pour les petites mains ;
  • Mélanger les ingrédients préalablement mesurés.

De 6 à 9 ans

  • Surveiller la cuisson des pains perdus et des œufs (sous la supervision d’un adulte) ;
  • Couper les pommes ou trancher le pain avec l’aide d’un vrai couteau (sous la supervision d’un adulte) ;
  • Dresser les assiettes et laisser aller sa créativité ;
  • Pratiquer ses mathématiques en doublant une recette ou en mesurant les ingrédients.

À partir de 10 ans

« Faites-leur confiance ! suggère Sophie Duchastel de Montrouge. Avec des consignes de base, ils et elles sont assez autonomes pour cuisiner seuls pendant que vous somnolez encore au lit le dimanche matin ! »

Consultez le site de La Fabrique familiale La Cabane