Nous, étudiants du campement en solidarité avec la Palestine à McGill, rédigeons cette lettre pour contester l’article récent de notre recteur Deep Saini1.

Nous réitérons ici nos revendications envers l’université : le désinvestissement et l’arrêt des partenariats avec les institutions complices de l’oppression du peuple palestinien ; la divulgation des liens financiers avec des entreprises tirant profit du génocide ; la condamnation des crimes d’Israël et du soutien militaire du Canada pour ce dernier ; et la protection des participantes et participants du campement contre des sanctions disciplinaires.

Nous exerçons nos droits et libertés de manière légitime, les universités ayant historiquement servi de lieux de rassemblement pour dénoncer des crises humanitaires, comme celle qui se déroule en Palestine. Tel que souligné par la Cour supérieure, notre campement s’inscrit dans un contexte de mobilisation citoyenne internationale en solidarité avec le peuple palestinien contre l’occupation israélienne2. Depuis le 27 avril, aucun geste haineux ou violent n’a été commis par les campeurs et McGill n’a pas été en mesure de produire de preuve convaincante pour appuyer ses accusations d’antisémitisme devant les tribunaux3.

Notre action découle de la riche histoire du militantisme universitaire au Québec, qui a notamment donné naissance au Printemps érable de 2012 et aux grèves pour la justice climatique en 2019. La mobilisation des étudiants québécois avait également convaincu McGill de devenir la première université canadienne à se dissocier des entreprises complices de l’Apartheid sud-africain dans les années 19804.

L’intérêt et la passion des étudiants pour la justice sociale constituent un héritage précieux que nous avons la responsabilité de porter.

Prétendre que McGill participe de bonne foi aux discussions avec les étudiants relèverait de la fiction. D’ailleurs, le recteur n’a jamais daigné se présenter aux séances de négociation. Les pistes de solution offertes par McGill jusqu’ici ne répondent aucunement à nos préoccupations de manière significative. Notre campement est une mesure pacifique d’escalade jugée nécessaire après que nos efforts antérieurs de dialogue, dont des pétitions, des référendums, des rassemblements et même une grève de la faim, ont été rejetés par l’administration.

Alors qu’Israël a détruit toutes les universités à Gaza, il est indéfendable que McGill continue d’investir dans les fabricants d’armes qui tuent nos confrères et consœurs de Palestine. Alors que M. Saini déplore la relocalisation de la cérémonie de remise de diplômes, nous comptons parmi nous des finissants qui refusent d’accepter que le scolasticide commis par Israël soit perpétré en leurs noms et avec leurs droits de scolarité. Notre recteur feint l’ignorance en disant que nos revendications ciblent les institutions israéliennes à cause de leur emplacement géographique ; nous affirmons que McGill est complice du génocide palestinien en raison de ses liens financiers et universitaires avec des entités qui y contribuent éhontément.

La neutralité et les concessions cosmétiques ne suffisent plus devant nos revendications qui requièrent un engagement tangible envers le désinvestissement, la divulgation, la condamnation du génocide en cours et la protection des étudiants en solidarité avec la Palestine. Les principes fondamentaux de justice et notre conscience n’exigent rien de moins.

* L’auteur cosigne avec les groupes suivants : Solidarité pour les droits humains palestiniens Concordia, Voix juives indépendantes McGill et Voix juives indépendantes Concordia

1. Lisez la lettre «Pour McGill, ce n’est pas une manifestation pacifique» du recteur Deep Saini

2. McGill University et al. c. Association mcgillienne des professeur·es de droit (AMPD) et al., 2024 QCCS 1761 au para 2.

3. Medvedovsky et al. c. Solidarity for Palestinian Human Rights McGill et al., 2024 QCCS 518 aux paras 13-14, 43.

4. Lisez l’article de Rania Massoud « Aux États-Unis comme au Canada, un même combat »  Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue