Les velléités du gouvernement Trudeau de repousser d’une semaine la tenue des prochaines élections fédérales pourraient entraîner des conséquences importantes pour le monde municipal du Québec en 2025.

En effet, le projet de loi C-65, présentement à l’étude aux Communes, a reçu peu d’attention depuis sa publication en mars dernier. S’il comprend plusieurs mesures sûrement bien fondées sur le déroulement du scrutin, il repousse très discrètement d’une semaine les élections prévues le lundi 20 octobre 2025 au lundi 27.

Six jours plus tard, le 2 novembre 2025, c’est l’ensemble des 1108 municipalités du Québec qui choisiront leurs élus municipaux. Si le plan d’Ottawa est accepté, le vote par anticipation au niveau municipal se tiendra le dimanche 26 octobre 2025, soit pendant le scrutin fédéral qui aurait lieu, selon les autres dispositions de la nouvelle loi, tout au long de la fin de semaine des 25, 26 et 27 octobre.

Un prétexte qui entraîne des conséquences

Le prétexte invoqué pour un tel changement est l’importante fête indienne de Divali qui compliquerait la participation de nombreux électeurs pour qui il est important d’y participer. Rien n’empêcherait ceux-ci de se prévaloir d’un vote par anticipation. Certains observateurs n’ont pas manqué de remarquer que ce changement législatif repoussant la tenue du vote officiel du 20 au 27 octobre permettrait à quelques dizaines de parlementaires fédéraux élus pour la première fois le 21 octobre 2019 d’avoir accès, après six ans, à une pleine pension à vie.

Les élus municipaux ayant mené campagne en 2021 vous le diront : il a été extrêmement difficile de partager l’espace avec les élections fédérales, non seulement sur les poteaux, mais aussi dans le cœur et la tête des citoyens que nous aspirons à représenter.

Or, en 2021, les élections fédérales déclenchées de manière anticipée avaient eu lieu le 20 septembre, soit 41 jours avant le scrutin municipal québécois. Ce dernier a connu, avec 38,7 %, son plus faible taux de participation depuis l’instauration des élections municipales à année fixe pour l’ensemble du Québec.

Rappelons que le municipal est déjà – et de loin – celui qui génère la participation électorale la plus faible.

Le monde municipal doit s’y opposer

Une campagne électorale fédérale se terminant le 20 octobre 2025 aurait des effets significatifs sur les élections municipales québécoises. Un scrutin qui se tiendrait seulement sept jours plus tard aurait alors un impact tout simplement dévastateur.

Si le monde municipal croit en l’importance de sa légitimité politique, il doit donc se mobiliser.

Mairesses et maires, conseillères et conseillers doivent interpeller leurs députés fédéraux afin de les convaincre de s’opposer au projet de loi C-65 ou, à tout le moins, de réclamer une modification quant à la date prévue des prochaines élections. Pourquoi ne pas plutôt les devancer s’il s’agit d’éviter la concurrence de la fête ?

Cela réglerait un problème immédiat, mais reste que, par le jeu de l’élection de gouvernements minoritaires susceptibles de tomber à tout moment et, ainsi, de faire bouger leurs échéances électorales d’une année à l’autre, l’empiétement des campagnes électorales des ordres supérieurs ayant lieu à l’automne demeurera un problème récurrent pour les villes.

Pour toutes ces raisons, les élus municipaux, s’ils croient réellement à leur pertinence et à leur légitimité, doivent s’interroger sur le meilleur moment pour réunir leurs citoyens autour du choix de leur gouvernement de proximité, tant pour 2025 que pour la suite.

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