D’ici quelques jours, le gouvernement du Québec annoncera la nomination du nouveau PDG de l’agence Santé Québec. La nouvelle retiendra l’attention de beaucoup puisque Santé Québec prendra le relais du ministère de la Santé en ce qui a trait au volet opérationnel du réseau de la santé. Santé Québec sera le seul employeur et, par le fait même, héritera de l’entièreté des établissements de santé.

Certains hôpitaux, comme le CHUM ou l’Hôpital général juif, sont modernes et ultrasophistiqués, tandis que d’autres datent d’une autre époque. Les médias nous le rappellent régulièrement avec des images d’immeubles en décrépitude et des urgences bondées.

Repenser le design

D’ailleurs, le design des hôpitaux est un thème récurrent chez de nombreux architectes, professionnels de la santé et administrateurs. Comme près de 20 à 30 % des personnes passent par les urgences d’un hôpital et que plus de 50 % des personnes admises à l’hôpital proviennent des urgences, d’aucuns conviendront que d’avoir un aménagement moderne des lieux est primordial pour l’accueil des patients et la gestion des soins. Ainsi, il y a une meilleure circulation des employés et l’environnement de travail devient plus agréable.

Un exemple de design repensé est celui des urgences où trois points de dispensation (POD) sont rattachés à un large couloir. Chaque POD héberge plusieurs lits privés et tout l’équipement nécessaire pour traiter les patients.

Comme chaque POD est indépendant, il peut être isolé s’il y a une éclosion et les urgences continueront de fonctionner. De plus, avec une station installée le long de ce couloir, il devient possible de contrôler et surveiller chaque POD, et de communiquer les besoins des patients.

De nombreux hôpitaux sont en train de repenser le système de dispensation des soins en collaboration avec des firmes d’architectes. Que ce soit par de nouvelles constructions, des installations préfabriquées ou le réaménagement d’espaces, l’aménagement moderne d’un hôpital peut grandement améliorer la fluidité des soins, avoir un effet sur le moral des employés et aider à la guérison des patients.

Les « tours de contrôle »

Toutefois, le design n’est pas tout. Certains hôpitaux comme le Johns Hopkins Medicine au Maryland ont aménagé un centre de commandement entre leurs murs. Dans le centre de commandement, de nombreux écrans affichent des données en temps réel sur l’état et la situation des patients. L’équipe peut ainsi suivre le flux des patients et aider à la gestion des activités hospitalières.

En plus de surveiller les activités de l’hôpital, le centre de commandement suit le déroulement des activités de centres de soins de longue durée, de centres de réadaptation et d’autres installations.

Des écrans peuvent prédire le taux d’occupation pour les lits des différents services de l’hôpital. Des écrans qui montrent le nombre de lits en attente d’être nettoyés et préparés pour les prochains patients. Des écrans qui peuvent signaler le nombre d’opérations en cours pour chaque salle d’opération ainsi que le temps anticipé. Et d’autres écrans qui indiquent les transferts de patients d’un hôpital à un autre.

Le centre de commandement d’un hôpital pourrait s’apparenter à la tour de contrôle d’un aéroport à partir de laquelle le bon patient est dirigé vers le bon lit, au bon moment.

Les hôpitaux Magnet

Mais pour retenir des employés à bout de souffle, il faut parfois changer les façons de faire. Des hôpitaux ont recours à des programmes qui mettent en valeur le rôle des infirmières au sein des organisations de santé. Et une de ces structures est le programme Magnet du Centre d’accréditation des infirmières américaines.

Le programme consiste à mettre en œuvre un cadre de travail en 16 critères dont l’objectif est de soutenir un leadership infirmier. Pour ce faire, on demande aux directions des hôpitaux d’instaurer des conditions qui vont permettre d’améliorer les relations interprofessionnelles, de développer un plus grand engagement des employés au sein des organisations et de créer un milieu de travail où les gens se sentent bien et sont satisfaits.

Dans un texte de la revue Health Affairs, les auteurs soulignent que les hôpitaux qui ont l’accréditation Magnet présentent une meilleure qualité de soins, de meilleurs résultats cliniques et une meilleure expérience clinique que ceux qui ne l’ont pas.

Magnet n’est pas le seul programme qui peut aider au recrutement et à la rétention du personnel, mais c’est un exemple d’initiative intéressante.

Les unités virtuelles de soins

Et pourquoi ne pas sortir plus rapidement les patients de l’hôpital ? Les Britanniques ont innové en développant le concept d’unité virtuelle de soins. Pour monter un lit virtuel, le patient et le proche aidant reçoivent une trousse contenant un iPad et des capteurs capables de mesurer la pression artérielle, la température, le pouls et la saturation en oxygène. Cela permet à l’infirmière et au médecin de suivre le patient en temps réel et d’interagir avec lui.

Les suivis peuvent être faits à distance ou en service hybride, c’est-à-dire avec un suivi virtuel et des soins en personne. Il importe toutefois de bien sélectionner les patients. Les unités virtuelles ne sont pas faites pour les patients très malades. Elles sont conçues pour les patients à faible risque de réadmission.

Le système de santé a tout intérêt à encourager l’innovation, la flexibilité et les meilleures pratiques pour que les unités virtuelles de soins reflètent les populations desservies.

Échanger les bonnes pratiques

Pour Santé Québec, il sera crucial de comprendre la structure des organisations de santé. Parce qu’une structure efficace peut grandement améliorer les soins de santé, aider à réduire les erreurs médicales et rendre l’expérience du patient plus satisfaisante.

De plus, les hôpitaux ont tout intérêt à établir des partenariats avec des institutions semblables, à échanger les bonnes pratiques et à comparer les résultats avec les autres hôpitaux afin d’améliorer leurs façons de faire.

Avec une plus grande responsabilisation des acteurs de la santé aux défis du milieu de la santé, on veut qu’il y ait conscientisation à développer les meilleures pratiques cliniques et de gestion pour adapter continuellement les organisations à un monde en changement.

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