Cette semaine, les 420 000 employés et employées du secteur public [ont été] de nouveau en grève. Ces 420 000 personnes renoncent à une semaine de salaire, juste avant les Fêtes. Elles se mobilisent pour leur avenir, mais aussi pour le nôtre. Elles le font chaque jour de leur vie en nous soignant, en nous éduquant. Elles ont bâti toute leur carrière en étant au service d’un projet collectif, de la construction d’un avenir meilleur pour les générations présentes comme pour celles qui nous suivront.

Les professeurs et professeures de cégep, qui forment la relève du Québec et qui cherchent à lui offrir un milieu d’études cohérent, ont choisi de profiter de cette négociation pour demander qu’une clause environnementale apparaisse dans leur convention collective. Ils et elles veulent s’assurer que l’objectif de carboneutralité est atteint rapidement, souhaitent participer pleinement aux décisions environnementales et désirent que leur employeur rende des comptes au syndicat quant aux progrès réalisés.

Que dit la Coalition avenir Québec (CAQ) ? Hors de question. Le gouvernement Legault veut faire du Québec un « leader de l’économie verte », mais compte y arriver sans les travailleurs concernés.

Le gouvernement Legault estime encore, en 2023, que l’environnement n’a pas sa place dans un contrat de travail.

La mesure demandée par les professeurs pourrait pourtant être acceptée à coût nul puisque l’objectif a déjà été endossé, rappelons-le, autant par le fédéral que par le provincial, et que les sommes nécessaires à sa mise en œuvre sont déjà disponibles : le Fonds d’électrification et de changements climatique déborde d’argent prêt à être utilisé.

En fait, la mesure que demandent les professeurs de cégep serait d’abord une occasion de renforcer un engagement de l’État et de mettre cet engagement à l’abri des pressions politiques ou des changements de gouvernement. Elle constituerait aussi une occasion idéale pour expérimenter, dans un secteur à faibles émissions, un partenariat avec des travailleurs qui veulent faire partie de la solution mais qui se braqueront (avec raison !) si on applique sans leur consentement des moyens qui auront inévitablement des répercussions sur leur quotidien au travail.

Face à la crise climatique, la position des Québécois et des Québécoises est claire : 85 % estiment que nous devrons repenser notre mode de vie et 68 % veulent un gouvernement qui fait preuve de leadership à cet égard1. La négociation du secteur public offre au gouvernement l’occasion de répondre à ce que le Québec demande tout en créant, dans le monde du travail, un précédent indispensable pour nous permettre de nous engager collectivement pour un avenir meilleur. Les professeurs de cégep sont prêts et ne demandent qu’à contribuer. Après la saison des incendies de forêt que nous venons de connaître, alors que l’objectif de l’Accord de Paris est à la veille d’être hors d’atteinte2, la CAQ peut-elle vraiment se permettre de leur tourner le dos ?

1. Lisez « Sondage : les Québécois craignent la crise climatique et veulent plus d’actions » 2. Lisez  « L’utilisation de combustibles fossiles doit être réduite d’ici 2029, prévient une étude » *Consultez la liste des signataires