Le 26 avril dernier, des élèves de l’école primaire des Prés-Verts, du programme musique-études de La Camaradière et de l’orchestre de chambre du cégep de Sainte-Foy ont présenté le concert Écophonik devant un Palais Montcalm rempli.

Parmi les nombreux moments mémorables de cette soirée, il y a eu la performance de l’orchestre symphonique du programme musique-études de La Camaradière et du cégep de Sainte-Foy qui ont fait résonner le 4mouvement de la Symphonie no 5 de Beethoven que j’ai eu l’honneur de diriger. Et à la suite de leur incroyable prestation, après avoir donné les accords finaux, j’ai eu le plaisir de voir les étoiles de fierté et d’émerveillement dans leurs yeux.

« J’ai joué Beethoven dans un Palais Montcalm rempli. » Cette phrase que je pouvais lire sur leur visage. Cette phrase qui est si lourde de sens.

« J’ai joué Beethoven. » Une œuvre qu’on destine habituellement à des étudiants en musique au minimum, sinon à des professionnels. En plus d’être un gage de leur talent musical, c’est un témoin de leur persévérance et de leurs progrès.

« J’ai joué Beethoven. » Une réalisation qui les a poussés à développer une discipline, une volonté de se dépasser. Cette motivation qui a travaillé leur résilience et qui leur a fait acquérir des méthodes de travail pour parvenir à franchir les difficultés d’un tel défi.

PHOTO FOURNIE PAR L’AUTEUR

« L’entraide, l’empathie, le sentiment d’appartenance, la discipline et la résilience. Des bénéfices qu’apporte la pratique orchestrale à nos jeunes », écrit l’auteur.

« J’ai joué Beethoven. » Cette phrase qui témoigne de l’esprit d’appartenance qu’ils ont dû développer pour traverser cette épreuve musicale ensemble. Cette aventure qui leur a fait acquérir la compréhension de l’importance du rôle de chacun dans une société et le fait qu’en travaillant ensemble, on peut réaliser de grandes choses quand tous remplissent leur rôle. Cette compréhension développe leur empathie pour les défis de l’autre et les pousse à l’entraide.

L’entraide, l’empathie, le sentiment d’appartenance, la discipline et la résilience. Des bénéfices qu’apporte la pratique orchestrale à nos jeunes. Parce que c’est aussi ça, jouer Beethoven en orchestre : pas seulement le développement d’aptitudes musicales, mais le développement de qualités humaines qui contribuent, par l’entremise du jeu orchestral, à faire de meilleurs citoyens, de meilleurs humains. Le concert est d’ailleurs né d’un projet entrepreneurial d’une classe de 4e et 5année de l’école des Prés-Verts.

Des bénéfices sous-estimés

Malheureusement, quand on regarde la situation de l’enseignement musical au Québec, beaucoup d’institutions ne comprennent pas ces bénéfices si simples, mais tellement immenses. Par manque de volonté, par méconnaissance et simplement parce qu’on voit la musique comme « une petite matière qui coûte cher », on en vient à couper la musique. On réduit des locaux, on diminue le temps accordé à la matière, on diminue les ressources financières, on laisse les instruments tomber en désuétude ou on enlève des enseignants. Et c’est là une des plus grandes tragédies de notre système d’éducation.

Alors, comme je l’ai dit aux parents dans mon discours du 26 avril, continuons à défendre et à préserver nos orchestres scolaires (et même à les propager, comme l’a dit mon collègue). Continuons d’exiger que nos enfants aient accès aux bénéfices immenses et immesurables de ces ensembles. Continuons d’exiger qu’on investisse dans nos orchestres plutôt que de les voir comme une dépense.

Parce que pour en arriver à une performance comme celle du concert Écophonik, ça commence par le violon qui grince, la trompette qui craque et la clarinette qui couine au fond de la maison.

Ça commence par ces sons horribles qui viennent bousculer notre quotidien, mais qui se transforment en beauté si on y met du temps et de la patience.

Mais en y investissant, ça nous donnera de plus en plus d’élèves qui pourront clamer, devant un Palais Montcalm rempli : « J’ai joué Beethoven. »

* L’auteur est également directeur musical de l’Harmonie de la relève de la Capitale et de l’Ensemble philharmonique de la Capitale.

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