Montréal compte de nombreux atouts uniques et emblématiques, dont certains sont riches en histoire. Pour moi, un monument s’est toujours distingué : le Stade olympique.

Nous connaissons tous son histoire ; nul besoin de la répéter.

Si cette structure colossale représentait autrefois un symbole de fierté et d’accomplissement, elle est maintenant devenue une relique, voire un fardeau, qui épuise des ressources sans pour autant répondre aux besoins des citoyens.

Avec le récent incendie, je me demande parfois quelle tuile va maintenant nous tomber sur la tête.

En réalité, la véritable question que nous devrions tous nous poser est la suivante : si nous avons réussi à convertir le Forum de Montréal, maison légendaire du Rocket et de Jean Béliveau, en salles de cinéma et complexe commercial, pourquoi ne pourrions-nous pas envisager de convertir le Stade olympique d’une façon ou d’une autre ?

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le mythique Forum de Montréal a été transformé en salles de cinéma et en complexe commercial.

En fait, si nous voulions réellement mettre en valeur le site et son héritage, la véritable chose à faire serait de le réinventer et de le réaménager.

Mais avant de proposer une nouvelle vision pour le site, commençons par déboulonner certains mythes.

Tout d’abord, la démolition du Stade olympique ne coûterait pas entre 1 et 2 milliards de dollars ou davantage. Aucun stade dans l’histoire n’a coûté aussi cher à démolir et aucune analyse ne me convainc qu’une telle dépense serait nécessaire.

Cela étant dit, admettons tout de même un instant que ce chiffre est exact.

Je serais tout à fait favorable à ce que l’on dépense une telle somme pour le démolir.

Un gouffre financier

Pourquoi ? Tout simplement parce que l’exploitation à elle seule du Stade engouffre des dizaines de millions de dollars de fonds publics chaque année⁠1. Par exemple, le gouvernement du Québec a payé au cours du dernier exercice 43 millions de dollars pour l’exploitation des installations. Et l’année précédente : 48 millions de dollars. C’est près de 100 millions de dollars de fonds publics en deux ans d’activité.

Ensuite, même l’installation d’un nouveau toit sur le Stade olympique, dont les coûts sont estimés à 870 millions de dollars, serait loin de suffire à le revitaliser. C’est comme s’imaginer que remplacer le toit d’une vieille Honda 1975 en fera un modèle 2024 tout neuf. De toute évidence, ce ne sera pas le cas.

Même avec un nouveau toit, il est estimé qu’il faudrait encore dépenser des centaines de millions de dollars pour en rénover l’intérieur et le rendre conforme aux normes modernes. Nous savons tous qu’il faudra remettre au goût du jour et moderniser l’acoustique, les sièges, les toilettes, le stationnement souterrain, les loges de luxe et bien plus encore.

Voilà un gouffre financier sans fin dont le rendement est plutôt faible. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Absolument pas.

Un simple coup d’œil chez nos voisins nous permet de constater que pratiquement aucune grande ville nord-américaine n’agit de cette façon. Très peu d’entre elles continuent d’entretenir un stade datant des années 1970.

Il y a quelques exceptions, notamment des stades de baseball emblématiques et historiques qui ont été grandement rénovés et modernisés. Ces stades abritent typiquement des équipes de baseball qui y jouent 81 matchs par année, les autres soirs étant occupés par des spectacles et autres grands évènements. Or, cela n’est pas le cas du Stade olympique. Pour l’essentiel, toutes les infrastructures comparables dans le baseball majeur, comme par exemple le Veterans Stadium à Philadelphie, le Riverfront Stadium à Cincinnati et le Three Rivers Stadium à Pittsburgh, ont disparu depuis longtemps. Chacune de ces villes a construit à leur place des infrastructures nouvelles et modernes.

Alors, pourquoi ne pas bâtir à neuf ? Construisons de nouvelles infrastructures modernes, qui coûteront probablement moins cher que de rénover un actif vétuste. Et qui, elles, pourraient attirer des évènements majeurs à Montréal.

Une proposition

Je propose de conserver la tour emblématique et de construire autour d’elle. En partenariat avec le secteur privé, nous pourrions construire de nouvelles infrastructures à la place du bol du Stade, infrastructures qui pourraient servir de moteur économique à l’est de Montréal. Davantage de logements, un nouveau centre de congrès d’envergure, voire un nouveau stade ? Pourquoi ne pas construire tout ce qui précède dans le cadre d’un nouveau projet à usage mixte ?

Nous devons être fiers de nos infrastructures et de notre ville, mais les bons sentiments ne devraient pas avoir préséance sur l’aspect pratique. Soyons créatifs et visionnaires. Le simple fait d’installer un nouveau toit sur le Stade olympique n’est ni créatif ni visionnaire.

Et n’oublions pas : si nous avons réussi à transformer le vénérable Forum de Montréal en salles de cinéma, nous pouvons assurément discuter du réaménagement du Stade olympique.

1. Consultez le rapport annuel 2022-2023 (p. 77) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue