« Pénurie », « enjeu », « réduflation »… À l’invitation de Marie-France Bazzo*, vous nous avez envoyé vos mots de l’année. Voici quelques-unes des réponses reçues.

Pour se donner bonne conscience

Voici deux mots que je pourrais ajouter. Vert : utilisé comme complément pour se donner bonne conscience. Projet vert, voiture verte, énergie verte, ville verte. Pénurie : problème qui a été ignoré pendant plusieurs années et qui revient nous hanter. Pénurie d’enseignants, pénurie d’infirmières, pénurie de main-d’œuvre.

Martin Dubé, Mont-Tremblant

Solution universelle

J’ajouterais gros bon sens. Solution simple à tous les problèmes complexes de la société. On peut avoir recours au gros bon sens pour résoudre la crise du logement, la guerre en Ukraine et la réparation d’une fuite d’eau dans la salle de bain.

Pierre Lajeunesse, Québec

Les dérivés de l’inflation

Réduflation et déqualiflation sont mes mots de 2023. Ça m’enrage chaque fois que je fais mon épicerie de voir rapetisser les formats, ce qui nous oblige à en acheter plus pour faire une même recette, comme avec la crème et le fromage. Et que dire des biscuits et craquelins qui ne goûtent plus rien en plus d’être rendus tellement petits et minces qu’ils cassent aussitôt qu’on veut étendre un peu de tartinade dessus ? Je me questionne aussi sur le beurre qui ne ramollit plus à la température de la pièce et est difficile à mettre en crème. On prend vraiment les consommateurs pour des imbéciles. Malheureusement, on n’a pas le choix de se nourrir et les géants de l’alimentation le savent très bien ! Peut-être que si nous boycottions massivement certains produits pour montrer notre insatisfaction, l’industrie nous entendrait. En attendant cet utopique retour à une qualité des produits, je ne mettrai plus de Whippet ni de Ritz dans mon panier !

Danièle Drolet, Sainte-Catherine

À toutes les sauces

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Dès qu’on entame une discussion sur l’accessibilité à la propriété, les dettes étudiantes, le choix de fonder une famille, la lutte contre les changements climatiques, sans grande surprise, on nous répond : « Patience ! Ça va se placer bientôt », écrit May Landry.

Mon mot de l’année 2023 est sans aucun doute patience. Parce que c’est le mot que tout notre entourage nous remet sous le nez à toutes les sauces, pauvre génération de trentenaires que nous sommes. Dès qu’on entame une discussion sur l’accessibilité à la propriété, les dettes étudiantes, le choix de fonder une famille, la lutte contre les changements climatiques, sans grande surprise, on nous répond : « Patience ! Ça va se placer bientôt. » Pardonnez mon cynisme, mais ma patience est dans le rouge et mon optimisme, à sec.

May Landry, Saint-Sauveur

Venons-en aux faits

Pour son usage répété, l’expression en fait ! La personne s’autoproclame vraie, disant la vérité ! Souvent elle suit une réplique ou une réponse à une question ou à un commentaire, sans que nous puissions y entendre plus de vérité que ce qui a été dit il y a quelques minutes à peine ! En fait, c’est horripilant !

Michel Thibodeau, Brossard

L’oubli du féminin

Je veux juste faire part de mon étonnement devant le peu de réactions que nous avons, particulièrement les femmes, au Québec, devant la masculinisation du discours. Elle s’est « mis » à pleurer… Elles sont rentrées « chez eux ». C’est constant et de plus en plus répandu. Personne n’en parle et quand, dans mon tout petit coin d’Estrie, j’en fais mention, personne ne réagit, ou si peu !

Petronella van Dijk, Canton de Hatley

« On travaille fort »

Les mots qui m’irritent en 2023 se résument ainsi : On travaille très fort pour régler le problème. Est-ce dire qu’en temps normal, on ne fait rien ? Cette insistance du premier ministre Legault à nous dire que les ministres travaillent très fort me laisse un goût amer. Les professeurs travaillent très fort eux aussi, mais ils n’ont pas droit aux mêmes considérations de notre gouvernement.

Constance Bennett, Saint-Charles-Borromée

Excès d’absolument

Mon mot de 2023 est absolument. Façon exagérée de montrer à son interlocuteur qu’il est brillant d’avoir posé la question. La bonne nouvelle, c’est qu’il semble que la montée d’utilisation de ce mot a permis la diminution du mot « excessivement ».

Guy Prescott, Sainte-Adèle

* Lisez la chronique « Mon dictionnaire 2023 »