Les gens de ma génération se souviennent certainement de cette citation d’Yvon Deschamps provenant du monologue « L’argent ». Avec la récente annonce du ministre de la Santé, Christian Dubé, investissement de près de 500 millions de dollars dans les centres médicaux spécialisés pour diminuer les listes d’attente en chirurgie, cette célèbre phrase sera de plus en plus notre réalité au Québec.

Nous avons eu l’annonce au début de l’été de la part de notre premier ministre et de son ministre de la Santé que deux projets d’hôpitaux privés verraient le jour à Montréal. Nous avons de plus en plus de médecins omnipraticiens et spécialistes qui quittent notre système public pour aller au privé. Je reçois chaque semaine des offres de travailler comme médecin avec les agences privées de téléconsultation.

Nous perdons chaque jour des ressources précieuses (infirmières, inhalothérapeutes, psychologues, travailleurs sociaux) de notre réseau public pour aller vers un réseau privé qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Comme je l’ai déjà mentionné dans une lettre précédente : « On déshabille Pierre pour habiller Paul »⁠1, mais Pierre se retrouve avec les cas lourds, de garde 365 jours par année, 24 heures sur 24, et Paul, lui, fait de l’argent le jour avec les cas plus légers.

Ce qui est plus inquiétant dans cette annonce, c’est que les ressources d’un bloc opératoire, en particulier les infirmières et les inhalothérapeutes, sont des professionnels spécialisés qui demandent une formation spécifique et longue.

Si, en juin 2021 postpandémie, le ministère de la Santé et des Services sociaux a abandonné un plan de rattrapage à cause de la pénurie de main-d’œuvre infirmière, imaginez le vacuum que l’ouverture de ces cliniques privées va provoquer dans le réseau public (pas de garde et les week-ends libres).

J’ai une proposition pour notre ministre de la Santé : investissez les 500 millions de dollars dans nos établissements publics pour revoir le processus des blocs opératoires.

Vous avez mentionné que le volume de ces contrats privés représenterait environ 10 % des opérations chirurgicales faites à travers notre réseau public. Je peux vous garantir comme ex-gestionnaire dans notre réseau, et les études le prouvent, que la révision des processus des blocs opératoires au Québec permettra de 10 % à 15 % de gain d’efficience tout en gardant nos ressources pour notre réseau public.

1. Lisez « Déshabiller Pierre pour habiller Paul » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion