Nos organisations s’inquiètent du nombre fulgurant de postes vacants en enseignement, et particulièrement en adaptation scolaire. Ce manque de personnel pourrait avoir un impact démesuré sur l’égalité des chances de réussite éducative et l’avenir des élèves en situation de handicap, ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).

Beaucoup de ceux-ci sont déjà malmenés dans le système scolaire québécois, à cause d’une méconnaissance de leurs besoins et d’un manque de ressources pour les soutenir dans leur développement. Puisque ces élèves sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés supplémentaires, le manque de personnel qualifié risque d’empirer une situation déjà fragile. C’est en fait tout le rôle de l’école comme ascenseur social, favorisant le développement de l’autonomie et de la pleine citoyenneté, qui est gravement menacé. Ces enjeux ont également des impacts importants sur les familles, qui se retrouvent à jouer le rôle de technicien en éducation spécialisée, d’orthophoniste et d’enseignant à la maison, en plus de leur rôle déjà bien rempli de parents.

Bien qu’il n’existe pas de solution miracle à la pénurie de main-d’œuvre, nous ne pouvons faire autrement que de nous demander pourquoi rien n’a été fait avant pour réajuster la situation.

Le milieu scolaire tire la sonnette d’alarme depuis de nombreuses années : il manque de ressources, il n’y a pas assez de personnel de soutien spécialisé, il y a trop d’élèves par classe, les enseignants sont exténués et beaucoup préfèrent changer de carrière plutôt que d’endurer ces conditions de travail.

Des reculs importants

Par ailleurs, bien que la Loi sur l’instruction publique préconise l’inclusion des EHDAA, les dernières années ont été marquées par des reculs importants. Ces enfants sont de plus en plus ségrégués des autres élèves, que ce soit dans les écoles spécialisées ou dans des classes spécialisées dans les écoles régulières, sans que l’évaluation de leurs besoins, de leurs forces et de leurs compétences ait été faite. Des cas troublants de violations des droits de ces élèves sont rapportés. Par exemple, l’utilisation abusive et non appropriée des salles de retrait dans certaines écoles a beaucoup fait parler cette dernière année. Dans ce cas-ci, comme dans d’autres, ce qui devrait être des mesures de dernier recours devient malheureusement de plus en plus utilisé comme un moyen de pallier le manque de personnel qualifié.

Cette crise ne risque pas de disparaître de sitôt, mais tout doit être mis en œuvre rapidement pour renverser la vapeur. Le système scolaire québécois a immédiatement besoin d’un sérieux changement de cap : la profession d’enseignant doit être davantage valorisée et être « revampée ». La formation et les outils nécessaires pour enseigner à tous les élèves doivent être disponibles au bon moment. De plus, il faut urgemment embaucher davantage de professionnels spécialisés (psychoéducateur, psychologue, TES, etc.).

Plus que jamais, les EHDAA ont besoin de soutien pour grandir, s’épanouir et voir leurs droits respectés. C’est l’avenir du Québec qui est en jeu.

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