En ce jour heureux du mitan aoûtien, notre ami compatriote Vigneault pourrait te chanter : « Chère Acadie, c’est à ton tour, de te laisser parler d’amour ! » Accepte donc ces quelques mots comme le témoignage de ma gratitude pour tout ce que tu m’apportes.

J’aime tes paysages. Tes dunes de sable et tes saules centenaires. Tes lacs et tes rivières. Tes hivers poudreux et tes étés enchanteurs. Tes plaines fleuries et tes vallées. Les Appalaches trouvent dans tes forêts le lieu de leur aboutissement ; elles achèvent leur course chez toi et se reposent.

J’aime ton histoire de résilience et d’espoir, particulièrement les ajouts dans les marges. Ceux-ci montrent l’audace de tes origines pour aller vers les Premières Nations et établir des échanges qui t’ont permis de survivre.

Grâce à cette tradition, ta mentalité est empreinte de tolérance et d’ouverture envers ceux qui pensent autrement, parlent différemment, croient et espèrent d’autres réalités.

Tu me rends fier lorsque tu ouvres les bras pour embrasser ceux qui te choisissent comme terre d’accueil. J’aime te voir de toutes les couleurs ; ça te va bien ! De toutes les générations aussi ; même si tu ne fais jamais ton âge ! De multiples origines ; parce que tu réussis à faire converger tous ces regards dans la même direction !

J’aime ta musique, ton théâtre et ta poésie, quintessence de ton histoire. Dans cette vaste mosaïque culturelle, j’admire tes artistes. En suivant la voix de leur inspiration, ils créent des œuvres uniques qui traduisent notre for intérieur et enrichissent notre héritage.

J’aime ton art de vivre qui réussit la conciliation travail-fête. En partageant ton expertise et en accueillant des ressources d’ailleurs, tu accrois le bien commun et les acquis de la famille humaine. Ton désir de « laisser le bon temps rouler » rappelle que nous ne sommes pas faits que pour travailler : nos moments de fête ouvrent une brèche nécessaire dans nos combats quotidiens.

Ton panorama, ton histoire et ta culture confèrent à tes habitants une personnalité unique. Ils sont à ton image et à ta ressemblance. Les joues rosées des nouveau-nés sont à l’image des galets arrondis et polis par la mer. Les bras tatoués des jeunes comme les troncs des bouleaux avec des marques sur leur écorce. Les mains usées, ridées et veinées des aînés représentent les racines d’un vieil arbre qui sortent de terre.

PHOTO DENIS GERMAIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Édith Butler aux Francofolies 2022

J’aime tes héros et tes héroïnes. Des premiers jusqu’aux derniers : de Beausoleil Broussard à Zachary Richard. Des géantes imaginaires jusqu’aux plus incarnées : d’Évangéline à Lisa LeBlanc. Des faiseurs de lois jusqu’aux producteurs de richesses : de Louis J. Robichaud à Jean-Claude Savoie. Des créatrices de beauté jusqu’aux artisans du quotidien : de Rose-Marie Landry aux hookeuses du Bor’de’lo.

J’aime aussi les humbles de ton pays : Pierre-à-Jean-Louis, la Sagouine et André à Toto. Ceux dont on ne connaît pas le nom, mais qui t’ont laissé un patrimoine précieux dans ce qu’ils ont bâti. Celles qui continuent de vivre dans le cœur de leur descendance nombreuse. Et cette humble femme de Judée qui n’a jamais foulé les terres de Grand Pré, mais que tu as choisie comme patronne et que tu nommes affectueusement Stella Maris.

En voyant tes nouvelles pousses revendiquer leur place dans le concert des nations, je me réjouis de voir que tu continues à mettre au monde des enfants. Tu leur donnes une profonde identité en leur permettant d’appartenir à une nation qui n’est pas que virtuelle. Sans vouloir les retenir, tu leur donnes des ailes pour qu’ils s’engagent dans leur propre histoire.

Mon Acadie, avec d’autres je chante ma fierté de t’avoir pour mère : J’étions fille du vent et d’Acadie (Édith Butler) ; Tes enfants reviennent dans tes bras (Lennie Gallant et Johnny Comeau) ; Enfants de l’Acadie, notre histoire n’est pas finie (Angèle Arsenault).

Tu nous as fait naître. Nous avons grandi. Nous sommes maintenant capables d’enfanter à notre tour et de te mettre au monde. Parce qu’en plus d’être notre mère, tu es aussi notre fille.

Tu es celle que nous enfantons chaque fois que nous cultivons la fierté de nos origines et la transmission de notre héritage. Chaque fois que nous choisissons la bonté au lieu de la force. Chaque fois que nous tendons la main et luttons pour des conditions de vie qui respectent la dignité humaine. Nous te réenfantons chaque fois que nous prenons soin de notre langue en utilisant les mots justes et en inventant ceux qui manquent pour dire ce que nous sommes. Lorsque nous faisons un usage raisonnable des richesses de ton terroir et de la mer.

Avec ma grande famille acadienne, je veux t’élever au sommet de tes possibilités. C’est peut-être plus haut que dans tes rêves les plus fous. Je veux participer à ton assomption.

Je suis fier de ce que tu es. De ce que tu deviens. Je me réjouis de te voir réussir : tu obtiens de bonnes notes dans plusieurs domaines. Tu as des raisons de célébrer ce 15 août. Fais attention de ne pas te laisser étourdir et de prolonger indûment la fête ; certains pourraient profiter d’un manque de vigilance de ta part et faire disparaître des droits âprement acquis.

Bonne fête, ma belle ! Ce que je suis, je te le dois. Tu peux compter sur moi. Un million de fois, je t’aime !

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