J’ai cette question qui me trotte dans la tête depuis un moment, mais je ne l’ai jamais mise sur papier. Le cinéaste Émile Roy a brisé la glace avec une excellente séquence vidéo sur le sujet. Ces vidéos sont à la fois riches en faits, mais surtout en espoir et en solutions⁠1.

Alors faut-il cesser d’avoir des enfants pour sauver l’environnement ?

Avant d’y répondre, permettez-moi une mise en contexte. Cela fait plusieurs années que je suis dans le mouvement environnemental, mais je n’y étais pas activement impliqué avant mon rôle d’administrateur chez Équiterre.

Lors de la première assemblée annuelle, une chose m’a frappé : la majorité était composée de mères et de pères. Loin d’occuper un emploi typique, ils se sont joints au mouvement climatique pour protéger leurs enfants. Et les vôtres.

Sombrer dans le doomerisme n’est pas une option offerte aux nouveaux parents, leurs enfants vivront et leurs actions dicteront, du moins partiellement, la vie de leurs enfants et descendants.

La crise climatique est un drôle de mal. Nous sommes d’une grande impuissance à l’échelle individuelle, mais puissants lorsque regroupés en un mouvement.

Face à un combat qui semble perdu d’avance⁠2, alors que les canicules tuent nos aînés et nous étouffent à coups d’incendies de forêt, ne devrions-nous pas mettre à usage la plus grande force qui soit : l’amour d’un parent envers ses enfants ?

Certains argumentent que le fait d’avoir des enfants contribue à la pollution, mais ce serait très mal comprendre les sources de la crise climatique.

Nous ne sommes pas face à un problème technique, mais politique ; la gent politique est en carence de courage et n’offre au mieux que des demi-mesures. Nous avons les technologies pour cesser de polluer, mais, par notre inaction, nous choisissons de ne pas les mettre en place.

Crise de mobilisation

Nous sommes face à une crise de mobilisation.

Certes, l’enfant polluera, mais cette pollution n’est pas significative avant la trentaine, c’est-à-dire 2050. Or, c’est justement dans les prochains mois et années que l’action doit être mise en branle ; 2050 c’est trop tard. Et pour ce faire, il nous faut un groupe fort et influent qui ne parle que d’une voix.

Les parents forment un tel groupe. Ils ne sont pas motivés par l’appât du gain ou par la recherche de pouvoir ni divisés par l’argent ; ils agissent par amour pour leurs enfants.

D’ailleurs, nul besoin de barricader des autoroutes ou de lancer de la peinture sur des œuvres d’art⁠3, le mouvement Mères au front⁠4 – instauré par Laure Waridel et Anaïs Barbeau – mise sur la non-violence et a déjà plusieurs victoires à son actif⁠5.

Pensons à GNL Québec et au troisième lien, sans oublier leur rôle d’acteur et d’actrices de premier plan dans le feuilleton de la fonderie Horne⁠6. Rappelons que les hommes sont les bienvenus dans le mouvement.

En outre, la science appuie également une telle approche. Les mouvements non violents ont fréquemment gain de cause ; aucun mouvement social ayant réuni 3,5 % de la population n’a failli à sa mission⁠7.

Donc, devriez-vous avoir des enfants ? Oui, non pas pour sauver la planète, mais les vôtres.

À tous les jeunes et futurs parents, bienvenue dans le mouvement climatique.

1. Consultez le compte Instagram d’Émile Roy

2. Il n’est pas perdu d’avance.

3. Lisez « Mouvement écologique : la tentation radicale » 4. Consultez le site de Mères au front 5. Lisez « Mères au front : mères en colère » 6. Lisez « Émilise Lessard-Therrien, cette femme qui m’inspire » 7. Lisez « The “3,5 % rule” : How a small minority can change the world » (en anglais) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion