Les mises en garde sans cesse plus alarmantes des scientifiques relativement au réchauffement climatique alimentent le sentiment d’urgence des écologistes. Exaspérées par la réticence des autorités à agir, certaines organisations françaises durcissent leur approche, quitte à rompre avec l’approche non violente qui a longtemps fait consensus. Le virage ne passe pas inaperçu au Québec, où nombre de militants s’exaspèrent face à la lenteur des réformes.

Des scènes de « guérilla urbaine »

PHOTO YVES HERMAN, ARCHIVES REUTERS

Des policiers ont été visés par des cocktails Molotov lors d’une deuxième manifestation d’envergure dans les Deux-Sèvres contre le projet de « méga-bassine » de Sainte-Soline le 25 mars dernier.

Le 29 octobre 2022, des milliers de militants écologistes d’horizons divers convergent vers le département des Deux-Sèvres, dans le centre de la France, pour protester contre un projet de « méga-bassine » en voie de devenir un sujet de crispation national.

La volonté des autorités de pomper de l’eau en hiver pour alimenter un vaste réservoir à ciel ouvert devant servir en été à irriguer les champs d’une douzaine de grands producteurs agricoles suscite la colère, plus encore depuis que la sécheresse se fait sentir dans le pays.

Anthony Cortes, journaliste de l’hebdomadaire Marianne, est aux premières loges alors que les organisations présentes peaufinent l’opération dans l’espoir de se rendre sur les lieux du chantier de Sainte-Soline pour le bloquer, au moins temporairement.

PHOTO ROMAIN GAILLARD, FOURNIE PAR ROMAIN GAILLARD

Anthony Cortes, journaliste au magazine Marianne

Les participants, relate-t-il, sont invités à se répartir entre trois cortèges distincts, qui espèrent réussir à submerger les forces policières mobilisées pour l’occasion.

M. Cortes décide de suivre « le plus dur », mené par des militants antifascistes décrits par les organisateurs comme des « alliés ».

Il se retrouve rapidement devant des scènes de « guérilla urbaine » dans un village de la région.

« Dans les petites rues, les militants se faisaient tirer dessus par les policiers avec des LBD [lanceurs de balles de défense, considérés comme des armes non létales]. Certains répliquaient avec des cocktails Molotov », relate le journaliste, qui a été surpris par la « capacité de la foule présente à accepter la violence ».

Lors d’un échange qui l’a marqué, un homme portant un sac rempli de pierres s’est moqué d’une femme qui lui enjoignait de rester pacifique en relevant que le fait de se contenter de dire « qu’on n’est pas content » n’avait rien donné depuis 30 ans.

« Les gens autour l’ont applaudi… Aujourd’hui, les militants se sentent tellement peu écoutés par l’État qu’ils comprennent que ça en vienne à ça », dit M. Cortes, qui a récemment fait paraître avec un collègue un livre sur les tensions entre le milieu écologiste et l’État français intitulé L’affrontement qui vient.

« Avant, on me parlait de Gandhi plutôt que de Malcolm X. Là, c’est plutôt le contraire », dit-il, en faisant référence à l’ex-dirigeant indien, adepte de la non-violence, et au militant noir, qui décriait cette approche.

Fin mars, une seconde manifestation d’envergure a été tenue dans les Deux-Sèvres pour retenter, en vain, d’accéder au chantier, donnant lieu à de nouveaux affrontements Plus de 200 participants ont été blessés, dont 40 gravement, ainsi qu’une quarantaine de policiers.

Des organisations de défense des droits de la personne comme Amnistie internationale ont accusé les autorités de recourir à une force excessive en utilisant notamment des milliers de grenades lacrymogènes et des grenades de désencerclement qui libéraient, à l’explosion, des projectiles de caoutchouc dur ayant fait de nombreux blessés.

PHOTO PASCAL LACHENAUD, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le collectif Les soulèvements de la terre est à l’origine de la manifestation du 25 mars.

Une menace pour la France ?

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, qui avait qualifié les manifestants « d’écoterroristes » en octobre, a déclaré que le collectif Les soulèvements de la terre, à l’origine de la manifestation, avait de nouveau démontré qu’il représentait une menace pour la France et devait être dissous.

Léna Lazare, porte-parole du collectif, renvoie la responsabilité des affrontements au gouvernement.

PHOTO FOURNIE PAR LÉNA LAZARE

Léna Lazare, porte-parole du collectif Les soulèvements de la terre

« On n’a pas pensé une seconde que la réponse policière serait si violente. Si on l’avait su, je ne suis pas certaine qu’on aurait tenu la manifestation », a-t-elle indiqué à La Presse.

La jeune femme de 23 ans dénonce aussi l’étiquette « d’écoterroriste » évoquée par le ministre comme une tentative pour manipuler l’opinion publique.

« Beaucoup de participants à la manifestation ont été choqués d’entendre ça. Surtout qu’en France, il y a eu d’importants attentats terroristes dans lesquels des gens ont tué un grand nombre de personnes pour semer la terreur dans la population. Nous sommes des militants écologistes certes radicaux qui font de la désobéissance civile, mais c’est sans commune mesure avec ça. », souligne Mme Lazare.

Les membres des Soulèvements de la terre s’opposent à toute attaque contre des individus, mais ils revendiquent ouvertement le sabotage d’infrastructures matérielles comme moyen d’action légitime, parlant d’une forme de « désarmement » pour freiner le réchauffement climatique.

Des conduites devant servir à acheminer l’eau pompée des nappes phréatiques ont été coupées à Sainte-Soline.

Anthony Cortes note que la pratique du sabotage, malgré son caractère illégal, fait « pratiquement consensus » parmi les nouvelles organisations écologistes françaises.

« C’est totalement intégré et théorisé », dit-il.

Un auteur qui sème la controverse

PHOTO JEREMY CHAN, ARCHIVES GETTY IMAGES VIA AFP

Andreas Malm

Anthony Cortes note que les militants écologistes qui défendent le recours au sabotage évoquent fréquemment les écrits d’un auteur controversé, Andreas Malm.

L’intellectuel suédois était de passage à Paris il y a quelques semaines pour participer à une conférence, témoignant du rayonnement actuel en France de ses écrits.

Dans un ouvrage paru en 2021 sous le titre How to Blow up a Pipeline, il remet en question les efforts pour venir à bout du réchauffement climatique tout en s’en tenant strictement à la doctrine de non-violence ayant longtemps figuré au cœur du mouvement écologiste, et plaide pour le recours au sabotage. L’auteur écarte par ailleurs toute violence contre des personnes.

« Après ces trois dernières décennies, il ne fait aucun doute que les classes dirigeantes sont foncièrement incapables de répondre à la catastrophe autrement qu’en la précipitant ; d’elles-mêmes, par leur propre compulsion interne, elles ne peuvent que continuer à tracer leur chemin de feu jusqu’au bout », relève Andreas Malm après avoir rappelé que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone est passée de 363 parties par million en 1995, année de la première COP, à plus de 410 parties par million en 2018.

L’humanité, dit-il, est prise en étau entre le business as usual actuel, qui fait monter les émissions et réduit les chances d’échapper à un réchauffement catastrophique, et l’implosion de fragiles écosystèmes.

« C’est la situation délicate dans laquelle le mouvement climatique doit développer des stratégies significatives », relève l’auteur, qui reproche aux sociétés gazières et pétrolières de continuer à investir pour accroître leur production sans égard aux conséquences.

« Quand commencerons-nous à nous en prendre physiquement aux choses qui consument cette planète – la seule sur laquelle les humains et des millions d’autres espèces peuvent vivre – et à les détruire de nos propres mains ? », demande le ressortissant suédois, qui n’a pas répondu aux demandes d’entrevue de La Presse.

Andreas Malm, qui revendique ouvertement ses convictions marxistes, relève la nécessité de créer un « front radical » qui serait en mesure, par ses actions, de convaincre les gouvernements d’agir de façon déterminante contre le réchauffement climatique.

Depuis sa sortie, l’ouvrage a reçu de nombreux échos, dont des critiques cinglantes de militants écologistes de longue date qui lui reprochent notamment son « irresponsabilité ».

James Wilt, journaliste et auteur canadien, a notamment pourfendu le texte à sa sortie en anglais en 2021 dans un article intitulé « Comment faire exploser un mouvement ».

Il qualifie notamment l’auteur « d’activiste de salon » et lui reproche de passer sous silence le « contre-coup » policier et judiciaire qui surviendrait en réponse à toute vague d’attaques de ce type ainsi que le coût individuel extrêmement élevé que devrait payer toute personne suivant ses conseils.

Le livre est d’abord et avant tout le « signe de désespoir » de l’auteur lui-même face à la crise environnementale, a noté M. Wilt, qui invitait les militants à poursuivre leurs efforts pour construire un mouvement de masse capable d’entraîner les changements requis pour venir à bout du réchauffement climatique.

Un film inspiré du livre

Un film intitulé How to blow up a pipeline librement inspiré du livre du même nom d’Andreas Malm est sorti en salle cette semaine. Réalisé par l’Américain Daniel Goldhaber, il met en scène un groupe de militants écologistes qui font cause commune en vue de faire exploser un pipeline au Texas. Le site Rotten Tomatoes parle d’un « éco-thriller » centré sur des « antihéros fascinants et complexes ». M. Goldhaber a assuré à un média spécialisé qu’il ne s’agissait pas d’une œuvre de propagande visant à encourager ce type d’action.

Comment saboter un pipeline

Comment saboter un pipeline

Éditions de la rue Dorion

216 pages

« L’énigme » de la violence

PHOTO YVES HERMAN, ARCHIVES REUTERS

Un manifestant s’apprête à lancer une pierre devant un véhicule de police en feu lors des manifestations du 25 mars à Sainte-Soline.

Andreas Malm tente de faire valoir, pour défendre le recours au sabotage, l’idée que nombre de mouvements civiques présentés comme des modèles par les défenseurs d’une approche non violente avaient en fait une composante violente.

Les défenseurs du « pacifisme stratégique », dit-il, présentent une version « aseptisée de l’histoire, dénuée d’évaluations réalistes de ce qui est arrivé et n’est pas arrivé, de ce qui a fonctionné et ce qui a mal tourné ».

Le maître de conférences en écologie humaine à l’Université de Lund cite l’exemple des suffragettes : le mouvement a eu recours en Grande-Bretagne à des actes de vandalisme et a fait brûler des dizaines d’immeubles dans l’espoir de faire avancer ses revendications.

Denyse Baillargeon, professeure émérite de l’Université de Montréal qui a longuement étudié le mouvement pour le droit de vote des femmes, confirme que les militantes britanniques ont eu recours à des actes de violence matérielle tout en prenant grand soin de ne faire aucune victime.

La tactique, note-t-elle, ne leur a cependant pas permis de parvenir à leurs fins avant les militantes en Amérique du Nord qui préconisaient une approche non violente.

« L’auteur du livre n’insiste sans doute pas trop là-dessus », ironise la professeure.

Elle estime que le recours à la violence matérielle pourrait avoir un effet profondément contreproductif pour le mouvement écologiste, notamment parce que la population risquerait de s’effrayer de la situation.

« Cacher les enjeux »

Francis Dupuis-Déri, spécialiste des mouvements sociaux à l’Université du Québec à Montréal, croit que l’histoire a souvent tendance à passer sous silence les aspects plus violents de batailles sociales marquantes.

La question de l’efficacité de la violence comme moyen d’action pour faire avancer une cause demeure, dit Francis Dupuis-Déri, une forme « d’énigme » pour les militants et les chercheurs qui réfléchissent aux mouvements sociaux.

L’ouvrage d’Andreas Malm est « provocateur », notamment par son titre, mais ne peut pas être assimilé à une forme d’appel au terrorisme, estime le chercheur, qui juge peu crédibles les sorties du ministre de l’Intérieur français relativement aux affrontements survenus à Sainte-Soline.

Aucun groupe écologiste ne propose actuellement de tuer des individus pour faire peur à la population et faire avancer ses revendications, dit-il.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Francis Dupuis-Déri, spécialiste des mouvements sociaux à l’Université du Québec à Montréal

Qualifier quelqu’un de terroriste, c’est comme le qualifier de pédophile. Ça fait des années qu’on assiste à ce jeu rhétorique qui vise à décrédibiliser les revendications écologistes. On cherche à amplifier la menace pour cacher les enjeux.

Francis Dupuis-Déri, spécialiste des mouvements sociaux à l’Université du Québec à Montréal

Le sabotage et le vandalisme sont illégaux, mais ne peuvent non plus, selon lui, être vus comme une forme de terrorisme.

« Si c’est le cas, il va falloir ouvrir des Guantánamo un peu partout », relève le chercheur en soulignant que des syndicats, et des associations étudiantes, ont parfois utilisé le sabotage par le passé.

Des échos au Québec

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Action de mobilisation pour l’environnement organisée par Extinction Rébellion Québec en octobre 2019

Le livre d’Andreas Malm a récemment été réédité au Québec par Les Éditions de la rue Dorion, une petite entreprise qui accorde une large place aux textes engagés.

L’éditeur, Claude Rioux, note que le titre français de l’ouvrage de l’auteur suédois, Comment saboter un pipeline, est une version édulcorée du titre anglais.

« C’est dans le but d’éviter les mésententes. On ne voulait pas que quelqu’un lise ça et décide littéralement d’aller faire sauter un pipeline », souligne M. Rioux, qui ne s’attend pas à connaître d’ennuis judiciaires en raison du contenu du livre.

Le professeur de droit Pierre Trudel, qui est rattaché à l’Université de Montréal, a indiqué, après avoir parcouru l’ouvrage à la demande de La Presse, qu’il ne contient pas d’appel à l’action assez précis pour constituer en soi un crime et ne semble pas dépasser les limites de la liberté d’expression « même si certains pourraient y voir un encouragement » à recourir au sabotage.

Carol Montreuil, qui est vice-président de l’Est pour l’Association canadienne des carburants, a dit cette semaine connaître l’ouvrage d’Andreas Malm, mais il ne savait pas qu’il avait récemment été réédité au Québec.

Les gens « peuvent écrire ce qu’ils veulent et produire les films qu’ils veulent », mais il est « malheureux » que certains cherchent à utiliser la violence pour faire avancer leur cause, a noté M. Montreuil.

« Ça nous mène où une fois que la violence est enclenchée ? », relève M. Montreuil, qui soupçonne l’auteur suédois de vouloir utiliser cette approche pour que la cause écologique « revienne à l’avant-scène ».

Les acteurs de l’industrie font régulièrement face à des défis sécuritaires et prennent les mesures requises pour protéger les infrastructures « stratégiques » en place, dit-il, en évoquant à titre d’exemple les protestations ayant entouré le projet d’élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, entre l’Alberta et la Colombie-Britannique.

PHOTO JENNIFER GAUTHIER, ARCHIVES REUTERS

Manifestation contre l’oléoduc Trans Mountain à Vancouver en avril 2022

L’Association canadienne des producteurs pétroliers a indiqué de son côté par courriel que des tentatives de sabotage contre l’infrastructure énergétique du pays risqueraient de mettre des « personnes innocentes et l’environnement à risque et dépasseraient les limites de ce qui est une protestation acceptable ».

L’éditeur québécois d’Andreas Malm, qui affirme avoir écoulé 500 exemplaires du livre jusqu’à maintenant, juge important de faire circuler des ouvrages susceptibles d’alimenter la réflexion de la population relativement au réchauffement climatique, notamment parce que le Canada est un émetteur important de gaz à effet de serre.

« Comprendre la colère »

Laure Waridel, qui est engagée depuis des années dans le mouvement écologiste, relevait en novembre dans une chronique que de jeunes militants désabusés par la lenteur des progrès enregistrés dans la lutte contre le réchauffement climatique lisaient le livre d’Andreas Malm.

« Endommager des infrastructures, c’est une forme de violence pour moi. Je ne vais pas cautionner ça, mais si un jeune dit qu’il veut faire ça, je peux tout à fait comprendre la colère derrière », relève Mme Waridel.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Laure Waridel

Je sens actuellement une écœurantite, une colère très forte, et oui, il y a des gens qui pensent à faire des actions plus dérangeantes. Ils ont l’impression que les moyens utilisés jusqu’à maintenant n’ont clairement pas suffi à faire bouger les choses.

Laure Waridel, écologiste et auteure

Annie Roy, qui a créé plusieurs œuvres visant à sensibiliser la population à la crise environnementale au sein de l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA), indique qu’elle ne dénoncerait pas publiquement l’action de militants recourant au sabotage, même si elle n’envisagerait pas personnellement une telle action.

« Les gens sont exaspérés. À la dernière COP, c’était pathétique de voir les pays rivaliser pour savoir qui allait en faire le moins pour l’environnement », dit-elle.

Louis Ramirez, qui a participé à la fondation de la section québécoise d’Extinction Rébellion, pense que le livre d’Andreas Malm, déjà publié en version française en France, a largement circulé dans les milieux écologistes québécois.

Le militant, qui cible aujourd’hui les sources de financement de la production de combustibles fossiles, ne pense pas que la lecture de l’ouvrage est susceptible de pousser quelqu’un à recourir au sabotage.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Louis Ramirez

« C’est plutôt la colère qui va pousser quelqu’un à agir en ce sens », relève M. Ramirez, qui ne constate pas dans la province de « colère massive » semblable à celle qui a cours actuellement en France.

« Là-bas, les gens sont furieux, furieux, furieux et le gouvernement n’hésite pas à attiser les flammes », dit-il.

« Le désespoir l’emporte souvent »

La cinéaste et auteure Anaïs Barbeau-Lavalette note que « la simple idée de désobéissance civile – par définition non violente – fait encore peur » au Québec, y compris dans les rangs militants.

Personnellement, je crois que nous devrons arriver bientôt, très bientôt j’espère, à un tournant. Parce que nous serons jugés plus tard d’avoir été si obéissants.

Anaïs Barbeau-Lavalette, cinéaste et auteure

Un nombre croissant de jeunes se détournent actuellement de leurs études pour militer pour l’environnement en faisant de lourds sacrifices personnels, dit Mme Barbeau-Lavalette.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Laure Waridel (à gauche) et Anaïs Barbeau Lavalette, fondatrices du mouvement Mères au front

« Ils sont en colère. Mais se sentent si peu écoutés que le désespoir l’emporte souvent », souligne l’artiste, qui entend les soutenir par l’entremise du mouvement Mères au front, fondé avec Laure Waridel.

Jacob Pirro, un ex-étudiant en philosophie ayant quitté l’université pour militer à temps plein, a participé il y a quelques mois à l’occupation d’un terminal pétrolier dans l’est de Montréal avec le collectif Antigone.

L’action, qui visait à attirer l’attention sur l’état d’un pipeline jugé problématique, a été peu couverte par les médias, déplore le jeune homme de 21 ans.

Plusieurs militants se questionnent sur l’effet limité de leurs actions et regardent du côté de la France, qui a souvent « quelques pas d’avance », note-t-il.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Jacob Pirro a laissé tomber ses études en philosophie pour militer à temps plein.

« C’est difficile d’imaginer comment la situation actuelle ne va pas mener à des actions plus corsées si rien ne change », souligne M. Pirro, qui précise ne pas vouloir faire lui-même de tels gestes.

L’ex-étudiant fait face actuellement à des accusations de méfait et d’entrée par effraction pour son rôle dans l’occupation du terminal.

« Entre la crainte d’un casier judiciaire et la crainte de la crise environnementale, le choix n’est pas difficile », conclut-il.