Le gouvernement et Hydro-Québec doivent rapidement clarifier leurs orientations quant à la place du gaz dans notre développement et soutenir les municipalités dans la décarbonation des bâtiments au lieu de les critiquer. Une confusion règne actuellement et elle nuit à l’attente de nos objectifs climatiques.

Au cours des 50 dernières années, Hydro-Québec a été un puissant allié de notre développement social et économique. Notre société d’État a aussi permis un développement économique moins dépendant aux énergies fossiles que les autres nations. Il est donc logique de penser que cet actif collectif est certainement un des meilleurs leviers pour rapidement et drastiquement diminuer notre empreinte carbone. Or, les nouvelles des dernières semaines concernant Énergir, le partenaire gazier d’Hydro-Québec, et une confusion assez répandue dans le monde municipal, semblent indiquer le contraire.

Quelques municipalités, dont Montréal, Prévost et la Ville de Laval, ont annoncé dans les derniers mois leur intention d’interdire le gaz dans les nouvelles habitations. Or, notre société d’État ne voit pas d’un bon œil de telles annonces.

En effet, pendant que le maire de Laval insiste sur l’importance de s’éloigner des combustibles fossiles en misant sur l’électricité, la réaction d’Hydro-Québec a été de critiquer la démarche du maire Stéphane Boyer. « La Ville de Laval fait fausse route », rien de moins ! La décarbonation des bâtiments est présentée par Hydro-Québec comme un obstacle au développement économique. Elle serait même utopique en raison de la capacité limitée du réseau en période de pointe hivernale.

Confusion dans le monde municipal

En tant qu’élu convaincu que l’urgence climatique nous impose moralement la sortie rapide des énergies fossiles, j’ai voulu que ma ville fasse ce virage, d’autant plus qu’un projet de 3885 unités d’habitation aux Promenades St-Bruno est en cours de planification. J’ai alors compris à quel point le discours d’Hydro-Québec était répandu chez les acteurs du monde municipal. Même chose chez les promoteurs de l’immense projet aux Promenades St-Bruno. Ils soutiennent devoir travailler en partenariat avec Hydro-Québec et Énergir sous prétexte que la société d’État n’aurait pas une capacité énergétique suffisante lors des périodes de pointe.

C’est ainsi que je me suis fait dire que bien que tout le monde soit pour la vertu, il faut être réaliste.

Frustré par cette « réalité », j’ai cherché à comprendre pourquoi nous en étions arrivés à croire que la décarbonation des bâtiments relevait de l’utopie pour finalement réaliser que l’utopie n’en était pas une !

Si tel est le cas, pourquoi ai-je réussi à obtenir l’assurance d’Hydro-Québec qu’elle pouvait brancher les 3885 habitations à Saint-Bruno sans l’usage de gaz fossile ? J’ai de plus découvert que des technologies efficaces et généreusement subventionnées permettaient de contrecarrer les enjeux de la période de pointe (cf. le programme LogisVert). Cela est sans compter que l’article 76 de la Loi de la Régie de l’énergie oblige Hydro-Québec à accepter les demandes de raccordement au réseau électrique.

Ce qui est inquiétant et anormal, c’est que si je n’avais pas douté de ce discours ambiant et investi du temps pour y voir plus clair, Saint-Bruno se ferait imposer du gaz fossile dont le conseil municipal ne veut pas. C’est loin d’être anodin ! Toute cette confusion donne l’impression qu’Hydro-Québec agit comme un frein à la décarbonation des bâtiments au lieu d’être l’allié historique des Québécois devant le défi de notre siècle que sont les changements climatiques. Cette confusion assez répandue nuit à l’atteinte de nos objectifs de réduction des GES. Être réaliste aujourd’hui, ce n’est surtout pas de plaider pour l’utilisation des énergies fossiles. C’est plutôt être responsable et suivre les recommandations du GIEC en soutenant les villes dans leurs efforts pour décarboner les bâtiments.

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