Annoncé en grand deux fois plutôt qu’une, le lien sous-marin devant relier les îles de la Madeleine au réseau d’Hydro-Québec ne semble pas destiné à voir le jour.

« Ce n’est plus la solution privilégiée », a fait savoir un porte-parole d’Hydro-Québec, Cendrix Bouchard, au sujet de ce projet estimé à près de 2 milliards.

En 2022, la deuxième mouture du lien sous-marin initialement proposé en 2018, et dont le coût était passé dans l’intervalle de 600 millions à près de 2 milliards, a été soumise à la Régie de l’énergie, qui l’a froidement reçue et a exigé des études supplémentaires de la part de la société d’État.

Hydro-Québec a poursuivi les études et a ensuite suspendu le projet, en évoquant le 29 mars dernier les difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale qui rendent les équipements « soit indisponibles, soit extrêmement coûteux », avant de faire savoir qu’il n’était plus la solution privilégiée.

La société d’État dit maintenant étudier d’autres scénarios, sans préciser lesquels, ce qui signifie que les 12 000 habitants des îles de la Madeleine continueront de consommer du mazout pour s’éclairer et chauffer leurs maisons pendant plusieurs années encore. L’archipel devait être raccordé au réseau principal d’Hydro-Québec en 2027.

La centrale thermique qui assure les besoins en énergie des Madelinots consomme 40 millions de litres de mazout par année et émet 125 000 tonnes de gaz à effet de serre annuellement. C’est le réseau autonome le plus polluant du parc d’Hydro-Québec et l’un des plus coûteux, soit quelque 20 cents par kilowattheure produit.

Des éoliennes et un microréseau

Le projet de lien sous-marin de 225 kilomètres entre la Gaspésie et l’archipel avait été présenté comme la meilleure solution pour décarboner la production d’électricité et celle qui avait obtenu la plus forte adhésion de la population. Il aurait permis de réduire de plus de 90 % les émissions de GES aux Îles.

En attendant de trouver une autre solution pour la décarbonation du réseau électrique des Îles, Hydro-Québec a accepté deux projets éoliens, le premier de 6 mégawatts, en service depuis 2021, et un nouveau parc de 16 mégawatts commencera à produire de l’électricité en 2025. La centrale thermique a une capacité de 67 mégawatts en continu.

La société d’État a aussi investi 10 millions dans un projet de microréseau à Cap-aux-Meules pour tester des technologies et acquérir de l’expertise dans la production décentralisée d’énergie.

Une dizaine de bâtiments de la ville seront reliés et alimentés par des panneaux solaires, des installations de stockage et des outils de gestion de la consommation.

Idéalement, cette expérience pourrait être étendue afin de rendre les Îles autonomes sur le plan énergétique, selon le responsable du projet sur place, Luc Roby. « Mais il y a des limites à ce qu’on peut faire en éolien et en solaire, parce que l’espace manque aux Îles », souligne-t-il.

Avant de fixer son choix sur un câble sous-marin, Hydro-Québec avait examiné d’autres options, dont la conversion de la centrale thermique du mazout au gaz naturel et l’installation d’éoliennes en mer.

Regardez la vidéo du projet de lien sous-marin