Le Québec ne peut pas se priver du grand potentiel des toits des immeubles disponibles qui, une fois équipés de panneaux solaires, pourraient fournir jusqu’à 25 % des besoins futurs en électricité d’Hydro-Québec, selon un regroupement d’entreprises appuyé par des experts en énergie.

Dans un mémoire soumis dans le cadre de la consultation sur l’avenir énergétique du Québec, le regroupement propose des mesures pour augmenter le potentiel solaire de la province actuellement très sous-utilisé, expliquent Mike Perreault et Marco Deblois, respectivement président et directeur général de Rematek Énergie.

Les dirigeants de l’entreprise qui se spécialise dans les installations solaires ne sont pas désintéressés, mais ils disent croire que c’est le Québec avant tout qui gagnerait à exploiter la filière solaire.

« On ne dit pas qu’il faut du solaire plutôt que de l’éolien, précisent-ils. On dit qu’on a besoin des deux. »

« On compte sur toit »

Le plan soumis au gouvernement suggère qu’il est réaliste d’aller chercher 2000 mégawatts d’énergie solaire avec des appels d’offres réservés à ce type d’énergie et 2000 mégawatts supplémentaires en encourageant l’installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels qui peuvent en accueillir. La version prudente de ce plan baptisé « On compte sur toit » pourrait combler 12 % des besoins identifiés par Hydro-Québec à l’horizon 2032, une part qui pourrait atteindre 25 % dans un scénario plus musclé.

Des crédits d’impôt

En ajoutant un crédit d’impôt de 20 % à celui offert par le gouvernement fédéral dans son dernier budget, le Québec pourrait encourager les propriétaires d’immeubles à investir dans les panneaux solaires et des installations de stockage. Avec le crédit d’impôt fédéral de 30 %, le propriétaire d’un immeuble commercial peut espérer un rendement de son investissement en 12,2 années. Un crédit d’impôt provincial permettrait de réduire cette période à moins de 10 ans et encouragerait les propriétaires d’immeubles à investir dans l’énergie solaire, estiment les dirigeants de Rematek Énergie, qui a réalisé le toit solaire de la Maison Simons, à Québec, et celui de la firme d’architectes Lemay à Montréal.

De 13 à 16 cents le kilowattheure

Une autre façon d’encourager les Québécois à investir dans l’énergie solaire serait d’acheter cette énergie à un tarif intéressant, estimé à 16 cents le kilowattheure pour une résidence et à 13 cents le kilowattheure pour un immeuble commercial. Ce tarif, au moins deux fois plus élevé que le coût que paie actuellement Hydro-Québec aux producteurs privés d’énergie éolienne (6 cents le kilowattheure), peut paraître trop élevé, reconnaît Mike Perreault. « Il a besoin d’être expliqué : une résidence ou un commerce équipé de panneaux solaires fournit de l’énergie là où on la consomme et ne nécessite pas d’investissements coûteux dans un réseau de transport et de distribution. C’est parce qu’on ne considère pas ces coûts que l’énergie éolienne semble moins chère. »

Des panneaux solaires couplés à du stockage peuvent aussi contribuer à réduire la pression sur le réseau d’Hydro-Québec en période de pointe, ajoute-t-il.

Des embûches et peu d’encouragement

Hydro-Québec limite à 50 kilowatts le volume d’électricité qui peut être injecté dans son réseau par les autoproducteurs d’énergie. C’est un frein majeur pour les propriétaires d’immeubles qui voudraient investir dans des installations solaires de grande capacité parce qu’ils ne peuvent pas revendre leurs surplus à Hydro-Québec.

Le gouvernement du Québec, de son côté, pourrait faire plus pour accélérer le développement de la filière solaire en exigeant par exemple que les futures usines de batteries qui s’installeront au Québec se dotent de toits solaires.

Un appel d’offres consacré

Un appel d’offres d’Hydro-Québec consacré à l’énergie solaire serait un autre moyen d’encourager le développement de la filière, suggèrent les intervenants du secteur. Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, s’est montré ouvert à cette possibilité qui permettrait de mettre en lumière les avantages du solaire : sa rapidité de mise en production, une meilleure acceptabilité sociale et une contribution à la demande de pointe.

Lors du récent appel d’offres d’Hydro-Québec pour de l’énergie renouvelable, une seule soumission pour un parc solaire de 32,4 mégawatts à Matane a été reçue, et n’a pas été retenue.

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