Jusqu’en avril dernier, j’anticipais avec une certaine impatience la mise en service du REM, comme la plupart des Montréalais. Je savais qu’il passerait sur la voie surélevée traversant le canal de Lachine à la hauteur du pont Wellington, à environ 300 mètres de l’immeuble où mon mari et moi avons acheté un condo en juillet 2021.

Jusque-là, nous nous félicitions presque chaque jour d’avoir trouvé un appartement jouissant d’un emplacement à la fois central et paisible. Griffintown, c’est connu, est un quartier très urbain où les projets de construction sont nombreux. Par contre, les rives du canal de Lachine offrent un environnement unique qu’apprécient tant les gens qui y habitent que la multitude de promeneurs et sportifs qui profitent quotidiennement de ce magnifique parc fédéral.

C’est donc avec stupéfaction que mon mari et moi avons réagi aux tests du REM qui ont commencé en avril.

Le bruit produit par le frottement des roues sur les rails de métal est tel qu’il ressemble à celui d’un avion en plein décollage.

Comment imaginer que les milliers de résidants du quartier devront subir cette incroyable pollution sonore dès 5 h 30 du matin jusqu’à 1 h 30 de la nuit, tous les jours, toutes les 2 ou 3 minutes aux heures de pointe et toutes les 5 minutes le reste de la journée, et ce, dans chaque direction ? Le niveau de nuisance sonore et sa fréquence affectent déjà grandement la qualité de vie des résidants de notre quartier. Il est difficile de profiter de nos balcons donnant sur le canal. Nous nous faisons réveiller dès les premiers passages du REM malgré les boules Quies que nous devons désormais utiliser pour dormir, même si la fréquence des passages est moindre en cette période de tests.

Les autorités du REM ont reçu de très nombreuses plaintes. Elles ont répondu qu’elles procédaient à de nouveaux tests sonores pour déterminer si des mesures d’atténuation du bruit devaient être mises en place dans notre quartier.

Un appel aux élus

Il est facile d’imaginer que les administrateurs de cet onéreux projet veulent éviter d’engager de nouvelles dépenses s’ils le peuvent. C’est pourquoi il est impératif que les élus, tant provinciaux que municipaux, prennent la défense des résidants qui voient leur qualité de vie sérieusement menacée. Il faut aussi demander aux gestionnaires de la Caisse de dépôt et placement comment il est possible qu’un projet générant une telle pollution sonore ait été jugé acceptable alors que la protection de l’environnement est censée être une priorité et que la Ville de Montréal veut faire du centre un lieu de vie agréable pour éviter l’étalement urbain.

Il faudrait aussi savoir pourquoi la décision de renoncer au tunnel prévu sous le canal de Lachine pour le remplacer par une voie surélevée n’a pas fait l’objet de consultations publiques.

L’heure n’est malheureusement plus aux consultations puisque nous sommes mis devant le fait accompli, mais les administrateurs du REM doivent agir face aux plaintes des riverains et prendre les mesures nécessaires pour réduire considérablement le bruit généré par ces voitures, qui semblent obsolètes avant même leur mise en service.

Dire que dès 1966, les Montréalais pouvaient se vanter d’avoir l’un des métros les plus silencieux au monde et qu’en 2023 nous allons avoir des voitures plus bruyantes que les vieux trains au diesel du CN qui traversent le canal quelques fois par jour : c’est tout simplement inacceptable !

À ceux qui réclament le prolongement du REM, je lance une mise en garde : assurez-vous que le trajet envisagé ne ruinera pas votre qualité de vie au quotidien !

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