Un jeudi sur deux, La Presse propose un retour sur ce qui retient l’attention dans le domaine de l’immobilier résidentiel et commercial

Ce n’est pas Pierre-Antoine Fernet qui va se plaindre de l’abandon des référendums au municipal comme le propose un projet de loi du gouvernement provincial. Un investissement de 25 millions a failli être bloqué par des voisins mécontents. Encore ébranlé par les récents évènements, le promoteur trouve utile de faire connaître sa perspective.

M. Fernet a construit Fabrik8, un espace de travail partagé à la WeWork, avec une touche québécoise. Il soutient que son immeuble de bureaux est bondé. L’endroit est connu pour sa patinoire installée sur le toit de l’immeuble. Le décor a servi au tournage de publicités, pour Hockey Experts notamment. Fin mai, un tournoi de soccer caritatif y a été organisé.

Avec le succès obtenu avec la phase initiale, M. Fernet veut agrandir. Il avait acquis l’immeuble voisin, au 7240, rue Waverly, en 2015. Cette bâtisse abritait le quartier général du Parti libéral du Québec quand ce dernier a fait l’objet d’une perquisition par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en 2013.

« Comme développeur, dit M. Fernet, on est 100 % aligné avec la vision de la Ville, la ville de 15 minutes. Je veux être bien intégré, bien accepté des citoyens, offrir des commerces de proximité, préserver les zones d’emplois à Montréal. »

L’immeuble de deux étages ne paie pas de mine. Le zonage ne prévoit pas d’usage résidentiel. M. Fernet a obtenu une dérogation pour construire un nouvel immeuble de bureaux de 32 mètres, un mètre plus haut que ce qui est autorisé, et pour faire passer la superficie de 7400 mètres carrés à 9750 mètres carrés. Des commerces sont prévus au rez-de-chaussée.

« Sur le projet immobilier situé au 7240, rue Waverly, le CJV [Comité Jacques-Viger] voit d’un bon œil la construction de la phase 2, qui propose des espaces favorisant la vitalité du pôle d’emploi tout en offrant des services à la communauté », écrivait le comité en juillet 2022. Le projet a aussi fait l’objet d’une recommandation favorable du comité consultatif d’urbanisme le 14 décembre 2022.

Tout allait pour le mieux jusqu’à ce que des voisins, dont un bon nombre habitent dans les condos de l’Atelier Castelnau, de l’autre côté de la rue, s’opposent au projet. Ils ont obtenu les signatures requises à l’ouverture du registre.

La Presse a parlé à deux d’entre eux, Suzanne Lacroix et David Avond. Ils trouvent le bâtiment projeté trop haut, ils n’aiment pas son architecture, ils se plaignent du bruit généré par la patinoire de la phase 1 et de la circulation automobile, ils ne veulent pas voir de bureaux, ils préfèrent du logement, ils soutiennent que le terrain de basket vitré prévu sur le toit créerait de la pollution lumineuse, entre autres.

« De prime abord, j’hésitais à parler publiquement de mon expérience, dit M. Fernet, dans une entrevue, mais je pense que les choses doivent changer. Ce n’est pas normal que tous les professionnels de la ville, après des échanges continuels avec le promoteur pendant 18 mois, autorisent un projet pour qu’en fin de piste, 12 personnes, n’ayant aucune expertise, aient le droit de se prononcer contre le projet même si leur opposition n’a aucun rapport avec la nature des dérogations demandées. »

Le gouvernement provincial propose d’ailleurs dans son projet de loi 16, actuellement à l’étude en commission parlementaire, des exemptions à l’approbation référendaire pour la densification urbaine et les projets municipaux.

Les partisans des référendums font valoir l’intérêt de donner aux citoyens le pouvoir de freiner un projet voisin qui vient diminuer leur qualité de vie. Ses détracteurs soutiennent que le référendum est un déni de démocratie, car le processus est peu balisé, ce qui ouvre la porte à la désinformation, d’un côté ou de l’autre.

Toujours est-il que le jour de la tenue du registre, le jeudi 25 mai, le groupe des opposants a échoué à obtenir les 234 signatures requises pour lancer le processus référendaire. L’arrondissement avait prévenu M. Fernet que son projet n’aurait pas de suite si ça avait été le cas.

« Après 18 mois d’efforts, j’ai été dans l’incertitude la plus totale pendant trois mois parce qu’il était possible que la Ville annule mon projet si les opposants récoltaient suffisamment de signatures. J’ai dû tout mettre sur pause : les plans et les contrats. Le temps de relancer la machine, mon projet va être retardé d’encore trois à quatre mois. En tout, l’ouverture du registre va causer des délais de six à huit mois », se plaint-il.

Mathers vend un vaste terrain 64 millions

Présidée par Brigitte Mathers, fille de Jean-Guy Mathers, disparu en 2018, Gestion Mathers a vendu un terrain industriel de 242 000 mètres carrés pour 64 millions de dollars le mois dernier. Les Mathers exploitent le marché aux puces et le ciné-parc de Saint-Eustache. Le lot qui vient d’être vendu est situé dans le quadrant sud-ouest au carrefour des autoroutes 13 et 640, à Boisbriand. Il jouxte la carrière Saint-Eustache que la famille a vendue à Lafarge en juin 2020, plus de deux ans après la mort du fondateur de l’entreprise familiale. La récente transaction nous a été notifiée par le courtier Landerz et sa publication Marketwatch MTL.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

L’orpheline de Jean-Guy Mathers vend un terrain 64 millions à Boisbriand situé entre l’A13 (à gauche de l’image) et la carrière (à droite de l’image) juste au sud de l’A640

L’acquéreur du lot est la Société en commandite Développements Boisbriand, de Benoit Dumoulin. Ce dernier étant hors du pays, il ne nous a pas communiqué ses projets.

De son côté, Brigitte Mathers a indiqué, dans un courriel, que le terrain devait servir à l’agrandissement de la carrière, ce qui avait été refusé par la Ville de Boisbriand. À la suite de la disposition de la carrière, le groupe n’a plus besoin du terrain, a-t-elle fait savoir.

Un fonds ontarien s’incruste à Mascouche

Skyline, une fiducie de placement immobilier privée de Guelph, en Ontario, a acquis le 465, rue Sicard, à Mascouche, partie du lotissement résidentiel Quartier 7. La transaction qui a fait l’objet d’un communiqué par l’acquéreur porte sur une propriété comprenant 106 logements répartis sur 10 étages. Le prix d’achat s’élève à 35,9 millions.

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Le 465, rue Sicard, à Mascouche

Le quartier se situe à proximité de la gare de train de banlieue de Mascouche. Auparavant, le même fonds avait acquis le 405 et le 455, rue Sicard. En tout, Skyline détient six immeubles dans cette ville de la couronne nord de la région montréalaise. Un appel placé auprès du vendeur Gestion Danam Lacourse, de Terrebonne, qui conserve la gestion de la propriété, n’a pas eu de suite.