La nouvelle ère des aires communes Créer le vivre ensemble

Tandis que des projets d’immeubles résidentiels donnent leur premier coup de pelle, des configurations se dessinent autour d’une nouvelle réalité : investir dans les espaces communs n’est plus seulement une valeur ajoutée, mais une nécessité. Coup d’œil sur les tendances qui marquent cette nouvelle ère.

L’enseigne Mellem se pointe avec un nouveau projet d’unités locatives près du métro Frontenac. Le Mellem Ville-Marie, qui sera finalisé au printemps 2024, offre des logements « efficaces », sans grandeur excessive, et mise sur la socialisation entre résidants dans ses aires partagées. On y retrouve entre autres une grande terrasse avec potager, une cuisine commune, des espaces de travail partagés et une cour intérieure verdie où les enfants peuvent jouer en toute sécurité.

Cette vision communautaire, Mellem l’avait avant la COVID-19. La pandémie aura toutefois accentué la tendance, note le président de Maître Carré, Hugo Girard-Beauchamp, qui travaille au développement du Ville-Marie.

Le promoteur immobilier Broccolini, qui a trois immeubles de condos en chantier au centre-ville – le luxueux 628 Saint-Jacques, le Sherbrooke et le Victoria sur le parc – abonde dans le même sens. « La maison n’est plus une boîte où on vient manger et dormir, observe son directeur du développement résidentiel, Adam Martelli. Nos résidants investissent les lieux communs plus qu’avant. On a envie qu’ils s’y sentent chez eux. »

Inoculer cette impression de « chez soi » se fait grâce à un design moins formel et minimaliste qu’avant, ajoute William Atkinson. « L’ambiance est campée par un éclairage feutré, des matériaux chaleureux, l’ajout d’un foyer ou de zones intimes, donne en exemple le directeur de l’architecture et de l’intelligence immobilière chez Groupe Devimco. On réserve aussi un emplacement privilégié à ces aires partagées dans l’immeuble afin que tous les résidants puissent bénéficier d’une vue spectaculaire ou d’une luminosité généreuse. »

Les espaces de travail partagés

« On a toujours inclus un meuble bureau dans les logements, relève le directeur de la location chez Maître carré, Étienne Payette-Lebeau. Avec la pandémie, la réflexion a évolué pour offrir un service de meilleure qualité et faire en sorte que les gens puissent travailler ailleurs que chez eux. »

Le Mellem Ville-Marie peaufine la formule avec son Espace collaboratif adjacent au café. Ses résidants peuvent y travailler seuls ou à deux dans l’aire ouverte ou dans des cubicules fermés. L’endroit comprend aussi une salle de conférence qui peut être utilisée par tous les résidants sur réservation, jusqu’à deux fois par semaine, comme c’est le cas aux Nobel et Oria (phases II), dans Solar Uniquartier, à Brossard. « On sait maintenant que le télétravail est une réalité appelée à rester, souligne William Atkinson. Dans ce nouveau contexte, l’espace consacré au travail devient une priorité dans tous nos nouveaux projets. Tout y est réfléchi, de l’acoustique à la lumière. »

L’agriculture urbaine

Plus que jamais, les gens veulent mettre la main à la terre, et les listes d’attente des jardins communautaires sont longues, fait remarquer Hugo Girard-Beauchamp. Une soixantaine de bacs de jardinage occuperont une bonne partie des 6000 pieds carrés de terrasse du Ville-Marie. Les résidants pourront cultiver des fruits et légumes sur cette Promenade agricole qui a été privilégiée à la piscine.

Le potager sera également intégré dans la phase II de l’Auguste & Louis Condominiums, sur l’ancien site de Radio-Canada. De grandes tables s’ajouteront aux bacs de culture pour des ateliers de jardinage, le partage de récoltes et les soupers qui rappellent les fêtes de ruelle impromptues.

Favoriser le transport actif

Le Rachel Condominiums s’érige dans les Shops Angus du quartier Rosemont. Une soixantaine d’unités, essentiellement des habitations de deux et trois chambres, visent les familles avec une offre à prix abordable. « C’est le projet du gros bon sens, souligne l’architecte Alexandre Blouin, de la firme Blouin Tardif, qui a conçu le projet. Puisqu’on est à côté des pistes cyclables, on a prévu une belle place de rangement pour les vélos au rez-de-chaussée, et pas juste au sous-sol comme c’est souvent le cas. » Certains immeubles proposent également des bornes de réparation de vélos, tandis que le Place Saint-Charles de Brossard offre un système de partage d’auto pour inciter sa clientèle à abandonner sa deuxième voiture.

Une cuisine équipée

Les salles à manger communes avec cuisine sont de plus en plus répandues et offrent la possibilité de recevoir de grands groupes. Au projet Éolia, de Brossard, les locataires se réunissent autour de l’îlot pour cuisiner entre eux. « Les Montréalais aiment aussi leur terrasse », indique Adam Martelli. Ces espaces verdis, souvent équipés de barbecues et de grandes tables, permettent à tous les résidants de profiter de l’été et de soirées à la belle étoile.

Le bien-être plus que jamais

La salle d’entraînement a toujours été un point sensible, relève William Atkinson. « Rejoindre le maximum de résidants implique de se tenir au courant des dernières tendances dans le domaine, comme le crossfit ou les bornes multimédias avec entraîneur virtuel. » Au Maestria Condominiums, on pourra jouer seul ou à plusieurs dans le golf virtuel.

Dans les plus gros immeubles, la piscine intérieure ou sur le toit demeure la norme. Les projets se distinguent en offrant des chutes d’eau, des zones pataugeoires ou des piscines infinies. « À choisir, on privilégie le nombre de places pour s’étendre, quitte à faire des concessions sur la grandeur de la piscine », ajoute l’architecte.

Des attentions appréciées

Les propriétaires de chiens sont heureux de pouvoir retrouver des stations de toilettage dans certains immeubles : un charmant « extra ». Quant au service de gestion des livraisons, il est devenu un incontournable avec la montée du commerce en ligne. Groupe Devimco implante systématiquement des casiers intelligents dans ses nouveaux immeubles, où les livreurs laissent les colis sans qu’il y ait risque de vol ou de confusion.

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Dans une version précédente de ce texte, il était écrit que le Sir Charles Condominiums disposait d’un espace de coworking, mais ce n’est pas le cas. Nos excuses.