Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Quand ouvriers et artisans interviennent dans cette belle demeure du quartier Notre-Dame-de-Grâce, ils s’adressent machinalement à l’homme des lieux. C’est mal connaître Geneviève Bertrand, parce qu’ici, la chef d’orchestre des travaux et rénos, c’est elle. Bienvenue dans sa « maison des femmes autonomes » où le bien-être s’est instillé en harmonie avec des murs centenaires.

Malgré tout le talent de nos photographes, restituer une atmosphère à l’aide de clichés relève parfois d’un travail d’Hercule. C’est particulièrement le cas dans cette propriété montréalaise où l’œil perçoit certes tout le soin apporté au design des pièces, mais où on ne peut deviner qu’en franchissant le seuil, on sera attiré comme un aimant vers l’un des fauteuils vacants pour se laisser bercer par une jasette ou simplement pour s’imprégner de l’énergie environnante.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Geneviève Bertrand a investi énormément d’énergie dans cette propriété au fil des 13 dernières années.

Et de l’énergie, Geneviève Bertrand en a constamment investi tout au long des 13 années qu’elle a passées sur place, épaulée par des designers, des amis et des entrepreneurs pour créer des espaces chaleureux et fonctionnels répondant aux besoins de sa famille, tout en tâchant de conserver les traits de personnalité originaux de cette construction de 1931. « Je connais tout, tout, tout de cette maison, jusqu’aux tuyaux dans lesquels on a passé une caméra avec le plombier ! », précise celle qui a lancé diverses phases de rénovations, dont certaines encore fraîches, comme les planchers intégralement refaits en bois franc.

La propriétaire et son ex-conjoint avaient jeté leur dévolu sur ce quartier paisible et familial pour que leur jeune fils Elliot puisse fréquenter l’école Rudolf Steiner, la seule à Montréal à offrir la pédagogie alternative Waldorf. Après leur séparation, le père d’Elliot s’est réinstallé à un jet de pierre de la maison, tandis que Geneviève a décidé de rester sur place. « Elle avait déjà reçu pas mal d’amour de la part de son ancienne propriétaire, qui y vivait seule. En fait, c’est un peu “La maison des femmes autonomes” », lance-t-elle tout sourire, soulignant que la copropriétaire occupant l’étage supérieur (la demeure est divisée en deux parties) est également indépendante. On lui fait aussitôt remarquer que McEnzie, son sympathique caniche femelle, fait également partie de l’équation. Eh oui, il ne faut pas oublier que le chien est le meilleur ami… de la femme !

Miser sur l’optimisation

C’est donc sur sa vision, ses idées et sa sensibilité que se sont basés les nombreux projets de réfection et de réaménagement – et ce, même si elle s’est remise en couple en cours de route.

Les pièces concernées par les travaux ? Toutes.

À commencer par la cuisine, remise au (bon) goût du jour, flanquée d’une salle à manger avec table « live edge » et d’un espace de détente avec sofa, armoires et luminaires pensés pour s’harmoniser entre eux. Les chambres ont été repensées, agrandies pour certaines (une zone du couloir a été récupérée pour créer une chambre avec bureau), les portes et leurs cadres remodelés, certains murs refaçonnés. Dans le salon, où trône un foyer fonctionnel, se trouve la machine à coudre de l’arrière-grand-mère de Geneviève et du mobilier minutieusement choisi. Le vieux plâtre écaillé a été décapé pour permettre aux pans de faire peau neuve.

Exit l’ancien escalier en colimaçon, qui a cédé sa place à une deuxième salle de bains, dos à dos avec la première. Douche ou baignoire ? Il faut choisir, mais dans les deux cas, les pièces sont étincelantes. Et très pratiques pour répondre aux besoins d’une famille. « En fait, toute la maison a été reconfigurée et l’espace optimisé pour qu’y vivent cinq personnes », explique la propriétaire, qui a songé à ajouter beaucoup d’armoires et de rangements, quasi inexistants à son arrivée. Avec une bonne touche de convivialité : le sous-sol a également été coquettement réaménagé en salle de loisirs pour les enfants, tandis que le jardin arrière devient le centre de gravité familial une fois les beaux jours revenus.

Une histoire de compromis

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Certains cadres de portes et certaines moulures ont été conservés.

Pour autant, au fil des cures de jouvence, Geneviève s’est constamment souciée de conserver le juste équilibre entre le présent et le passé, la maison présentant des caractéristiques typiques d’un bâtiment des années 1930 de Notre-Dame-de-Grâce. « J’ai voulu jumeler la modernité et le style NDG plus ancien, en essayant de ne pas trop dénaturer l’histoire de la maison. On a conservé certains cadres de porte et des moulures, mais on a enlevé ce qui devait l’être », indique-t-elle, pointant par exemple le sol ; les vieux planchers sombres au vernis fatigué et terni ont fini par passer à la trappe. Les nouvelles lattes de bois clair offrent désormais un regain de luminosité. Puiser cette dernière fut d’ailleurs un autre cheval de bataille dans ce bâtiment érigé sur la longueur.

Nouvelles fenestrations, redisposition de certains angles, teintes pâles, ouvertures des pièces… les bouchées doubles ont été mises pour que la clarté se fraie un chemin d’un bout à l’autre du couloir.

Une belle nappe de lumière englobe désormais une atmosphère déjà apaisante. Et personne ne tombera des nues en apprenant que la propriétaire travaille pour Spiralis, une société de développement personnel ; les murs se sont graduellement abreuvés de sa sérénité.

Son fils Elliot, qui franchit un palier scolaire, devra cependant changer d’établissement. La petite famille cherche donc une autre maison, mais cette fois-ci dans le secteur de Pointe-Claire, sur le bord de l’eau, compromis entre un domicile citadin et un chalet de campagne ; ils n’auraient pas le temps de s’occuper d’une propriété secondaire. Là-bas, ils lorgnent une autre demeure centenaire, davantage dans le style farmhouse, mais avec son lot de rénovations exécutées – avec 13 ans de chantiers, Geneviève a déjà donné !

Qui héritera de la maison de la rue Melrose ? Une autre petite famille, avec le même souci d’équilibre entre ancien et contemporain ? Ou une autre « femme autonome », comme le voudrait ce qui se profile comme une tradition ?

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 939 000 $

Évaluation municipale (2021) : 1 042 700 $ (ensemble de la copropriété indivise)

Année de construction : 1931

Superficie habitable : 135,25 m⁠2 (1456 pi⁠2)

Impôt foncier : 3525 $ (53 % de 6651,47 $)

Taxe scolaire : 455,45 $ (53 % de 859,32 $)

Courtiers immobiliers : Lyna Saker et Maxime Tardif, Royal LePage Altitude