Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Remarquable, cette vaste propriété du 4260, boulevard Dorchester fait partie des maisons patrimoniales de Westmount. Rénovée avec amour, elle a retrouvé tout son lustre en plus de répondre à un mode de vie contemporain.

Géraldine Lerch et Jérôme Thuillier se passionnent depuis toujours pour l’architecture et aiment les changements. De Paris, qu’ils quittent avec leurs quatre enfants en bas âge pour créer une maison d’hôtes en Provence, puis au Québec, où ils sont établis depuis 2016, le couple multiplie les projets.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Jérôme Thuillier et Géraldine Lerch

« Moi, j’ai surtout le goût du déménagement et l’excitation du changement alors que Jérôme a vraiment la capacité de visualiser la transformation d’un bien », précise Mme Lerch. En arrivant à Montréal, ils louent une maison à Westmount pendant trois ans, le temps qu’il faut au père de famille pour suivre des études en design intérieur au cégep, puis ils décident d’acquérir une propriété.

« On voulait six chambres, ce qui n’était pas évident à trouver, alors on a mis des petits mots dans toutes les boîtes aux lettres du quartier pour informer les gens qu’on cherchait une maison », se souvient Géraldine Lerch. Au hasard d’une discussion avec la voisine du 4260, boulevard Dorchester, le couple a l’occasion de rencontrer le propriétaire des lieux. Après 40 années passées dans cette demeure, il accepte de lui vendre la maison.

Un record de permis !

Cependant, la belle ancestrale est abîmée par le temps et un énorme ventre de bœuf est détecté sur toute une façade, ce qui risque de causer un effondrement complet de la structure. L’ancien propriétaire prend à sa charge cette rénovation-là, et la paroi malade est alors démontée sur les trois étages, la fondation refaite solidement, puis le nouveau mur, entièrement isolé.

Les rénovations se sont enchaînées et le couple a même battu le record de permis de construire affichés, au point de paraître dans le journal local ! « Le problème du ventre de bœuf devait être traité en urgence parce que c’était dangereux, alors on a déposé les permis au fur et à mesure », poursuit la pétillante maîtresse des lieux.

Le couple a profité de ces travaux nécessaires pour créer de nouvelles ouvertures à l’arrière et bénéficier ainsi d’une vue dégagée puis d’une belle luminosité intérieure, ce qui distingue sa demeure des maisons alentour.

« Ça n’a pas été simple pour que la commune accepte, mais j’ai redessiné chacune des fenêtres en m’inspirant d’une vitre ancienne avec un motif de losange retrouvée au sous-sol », explique Jérôme Thuillier, qui a fondé depuis son entreprise Jérôme Thuillier – JT Design.

D’agréables surprises en rénovant

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L’espace a été ouvert, pour davantage de luminosité.

On a souvent de mauvaises surprises quand on rénove, mais dans ce cas-ci, les hôtes en ont eu quelques bonnes. Par exemple, ils se sont aperçus en voulant faire une double ouverture à l’intérieur qu’il y en avait déjà eu une autrefois, ce qui a simplifié le travail envisagé. Puis, dans la cuisine, ils ont découvert une cheminée dissimulée, à laquelle le designer a rendu ses lettres de noblesse.

Ces trésors d’antan, Jérôme Thuillier met tout en œuvre pour les restaurer et les revaloriser. Il a fait appel à des artisans spécialisés pour rénover ou faire à l’identique des détails architecturaux, dont les rosaces, les moulures et les somptueux planchers.

Des jeux de contrastes

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Des plafonniers à pampilles renforcent le caractère victorien de la demeure.

L’entrée, l’espace repas, le salon nous plongent dans une atmosphère élégante et chaleureuse où les éléments anciens ou d’esprit classique sont magnifiés par la lumière naturelle. « J’ai notamment renforcé le caractère victorien de la salle à manger en ajoutant des plafonniers à pampilles (Ferblantier Florent Llorca) typiques de ce style », signale le propriétaire-designer.

En revanche, la cuisine, autrefois cloisonnée en trois zones, surprend par sa modernité. Pourtant, le parcours d’une pièce à l’autre reste harmonieux grâce à des choix de matières authentiques et quelques touches éclectiques.

Je suis un homme de contrastes. J’aime les belles choses et j’essaie de capitaliser sur ce qu’il y a de beau par rapport à l’existant.

Jérôme Thuillier, copropriétaire

L’espace a également été optimisé à l’étage supérieur, où il n’y avait qu’une salle de bains, immense et dotée de deux puits de lumière. Le nouveau concept offre désormais deux salles de bains, une pour les filles des propriétaires et l’autre associée à la chambre principale. À ce même niveau, le balcon désormais fermé accueille un bureau double décliné en noir et blanc, comme la cuisine. La brique blanchie apporte de la texture à l’espace et s’oppose au plafond tendu ébène très lustré.

Les garçons, quant à eux, occupent l’appartement du rez-de-jardin, entièrement repensé également.

Un nouveau défi

Quand ils se sont rencontrés, Géraldine Lerch et Jérôme Thuillier déménageaient tous les trois ans maximum. « Je suis frustrée parce qu’on est là depuis cinq ans. Jérôme le ressent moins, car il fait des rénovations pour les autres et le résultat de son travail me donne envie de bouger. »

Ils ont donc décidé de vendre leur belle demeure, qui a d’ailleurs valu à monsieur les félicitations du responsable de l’urbanisme de la mairie de Westmount pour la qualité de la rénovation, pour se lancer dans un autre projet. « La maison pourrait convenir à une famille nombreuse intergénérationnelle, mais le rez-de-jardin peut aussi servir de bureau pour des professionnels », note Mme Lerch. L’avenir le dira !

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 3 100 000 $

Évaluation municipale : 1 494 000 $

Année de construction : 1895

Superficie du terrain : 14 500 pi⁠2

Superficie habitable : 4460 pi⁠2

Impôt foncier : 11 145 $

Taxe scolaire : 1505 $

Courtier : Fabrice Voltzenlogel, courtier immobilier M Immobilier