La faillite d’une entreprise de Drummondville a entraîné des retards et des maux de tête sur certains des plus gros chantiers du centre-ville de Montréal au cours des derniers mois, a appris La Presse.

Beaulieu Revêtement devait notamment fournir des éléments de façade pour le Maestria (61 étages), le MAA Condominiums (34 étages) et l’Auguste et Louis (21 étages), des projets de Devimco, ainsi que pour le Mansfield (19 étages) du promoteur Brivia.

Or, l’entreprise de 400 employés a fait faillite l’automne dernier, avec dans ses entrepôts des matériaux fabriqués sur mesure pour les projets de construction de ses clients.

Dans un document judiciaire, Devimco a indiqué que Beaulieu et ses filiales étaient des « fournisseurs critiques » pour plusieurs de ses projets. Le promoteur ajoute qu’il est nécessaire que les marchandises « commandées auprès [de Beaulieu] leur soient livrées et vendues dans les meilleurs délais ».

Beaulieu était un fournisseur si important pour Devimco que le promoteur immobilier lui a fait une avance de 3,7 millions l’été dernier pour tenter de le garder à flot, toujours selon un document judiciaire. La tentative a échoué.

Des retards

Joint par La Presse, Devimco a confirmé avoir pâti des déboires de l’entreprise de Drummondville.

« L’annonce de la faillite, en octobre dernier, a effectivement occasionné des retards dans l’avancement de certains chantiers », a indiqué Justin Meloche, porte-parole de l’entreprise. « Nous avons rapidement été en mesure d’identifier de nouveaux fournisseurs afin de minimiser les impacts sur la livraison de nos projets. »

Brivia a aussi indiqué avoir été touché. Les problèmes d’approvisionnement faisaient en sorte que le chantier du Mansfield pouvait donner « l’impression d’être à l’arrêt » l’hiver dernier, a expliqué le porte-parole Pierre Tessier par courriel. « Nous avons eu quelques enjeux d’approvisionnement avec l’entreprise, mais c’est maintenant réglé », a-t-il ajouté.

D’autres travaux ont été effectués pendant que le chantier attendait l’arrivée des panneaux de façade.

« Quand un gros joueur comme ça quitte, ça peut avoir un impact à court terme sur la livraison des projets », a réagi Guillaume Houle, responsable des affaires publiques à l’Association de la construction du Québec. « De façon générale, il y en a un autre qui va venir le remplacer, parce que les besoins sont présents. »

Une faillite de 42 millions

Avant le centre-ville de Montréal et ses chantiers, c’est d’abord Drummondville qui a été frappée de plein fouet par la faillite du fleuron local.

Beaulieu Revêtement (qui opérait aussi sous les noms Signé Hurtubise et Revêtement Louyse, entre autres) exploitait deux usines et employait 400 travailleurs.

« Qu’est-ce qui a mené l’entreprise Beaulieu Revêtement (Signé Hurtubise) à la faillite et ses quelque 400 employés au chômage ? La question demeure entière puisque l’entreprise roulait à fond de train depuis plusieurs mois, offrant des postes très bien rémunérés et additionnant les contrats prestigieux et lucratifs », expliquait le journal local, L’Express, fin 2023.

Au total, l’entreprise doit 42 millions à ses créanciers, dont plusieurs fournisseurs de la région.

En 2020, Beaulieu Revêtement avait bénéficié de plus de 5 millions en prêts publics pour bâtir une usine toute neuve à Drummondville. Le ministre Pierre Fitzgibbon l’avait visitée deux ans plus tard.

La Presse n’a pas pu joindre Pierre-Olivier Beaulieu, fondateur de l’entreprise qui porte son nom. Les numéros de téléphone et le courriel associés à son poste ne fonctionnent plus.