Les vacanciers ou les retraités arrivés du nord du continent s’installent généralement au soleil pour y trouver la quiétude. C’est exactement le contraire qui s’est produit pour les Coyotes en Arizona. Retour sur trois décennies troubles.

1996

Après avoir acheté les Jets de Winnipeg, les hommes d’affaires Steven Gluckstern et Richard Burke déplacent la franchise à Phoenix, en Arizona. L’organisation arrive avec de jeunes vedettes du club du nom de Keith Tkachuk, Oleg Tverdovsky, Shane Doan et Nikolai Khabibulin, auxquelles on adjoint rapidement des vétérans de renom comme Jeremy Roenick et Mike Gartner. L’équipe s’établit à l’America West Arena de Phoenix, domicile des Suns dans la NBA. Premier écueil : l’amphithéâtre, conçu pour le basketball, offre une expérience « ordinaire » aux amateurs de hockey, dont certains ont la vue partiellement bloquée.

1998

Premiers ennuis financiers, alors que l’équipe peine à remplir son aréna. Richard Burke devient l’unique propriétaire de la franchise en rachetant les parts de Steven Gluckstern.

2001

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Wayne Gretzky derrière le banc des Coyotes de Phoenix en 2005

Les Coyotes changent de mains une première fois. La franchise est vendue à Steve Ellman, promoteur immobilier de la région, qui dirige un groupe d’investisseurs dont fait notamment partie Wayne Gretzky. Mike Barnett, ex-agent de la Merveille, est nommé directeur général. S’amorce alors un pénible cycle sur la glace, pendant lequel Gretzky se nommera lui-même entraîneur-chef, poste qu’il occupera pendant quatre ans.

2003

L’équipe quitte le centre-ville de Phoenix et déménage en banlieue, à Glendale, dans un nouvel amphithéâtre de 18 000 places financé par la municipalité. Dès la deuxième saison des Coyotes là-bas, on retranche presque 2000 sièges pour les matchs de hockey, encore une fois en raison des plaintes de spectateurs ayant eu la vue obstruée.

2005

Les Coyotes changent de mains une deuxième fois. La franchise est vendue à Jerry Moyes, milliardaire ayant notamment fait fortune dans l’industrie du camionnage, qui est aussi copropriétaire des Diamondbacks, dans le baseball majeur.

2009

Des médias révèlent que les finances de l’équipe sont hors de contrôle et que la LNH éponge ses pertes. Jerry Moyes annonce que l’organisation est en faillite. Son intention est de la vendre à Jim Balsillie, milliardaire canadien à la tête de Research in Motion (RIM), société qui a créé le BlackBerry. Balsillie souhaite que l’équipe déménage à Hamilton, en Ontario, idée à laquelle s’oppose ouvertement la LNH. La Cour des faillites des États-Unis rejette finalement son offre.

PHOTO TONY AVELAR, ARCHIVES BLOOMBERG

Jim Balsillie, en 2016

C’est finalement la Ligue qui achète les Coyotes, qui changent de mains une troisième fois. La même année, quelques jours avant le début de la saison 2009-2010, Wayne Gretzky démissionne de son poste d’entraîneur-chef. Ironiquement, malgré le tumulte hors de la glace, l’équipe connaît alors ses trois meilleures saisons sur le plan sportif, atteignant même la finale de l’Association de l’Ouest en 2012.

2010-2012

Différents groupes tentent d’acquérir l’équipe. Les négociations sont complexes, notamment avec la Ville de Glendale, propriétaire du Jobing.com Arena, qui sera renommé Gila River Arena en 2014. Aucune des démarches n’ira jusqu’au bout. La municipalité dépense des dizaines de millions de dollars pour la survie de l’équipe, principal locataire de l’amphithéâtre.

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Éric Bélanger (20), lors d'un match des Coyotes contre Joe Thornton (19) et les Sharks de San Jose à Glendale, en mars 2011

2013

Des investisseurs canadiens et américains, regroupés sous le nom Renaissance Sports & Entertainment (RSE), lancent une offensive pour se porter acquéreurs des Coyotes. La LNH avertit qu’il s’agira de la dernière tentative de sauvetage, sans quoi elle relocalisera la franchise dans un autre marché – le nom de Seattle est notamment évoqué. Pour qu’une transaction soit réalisée, une entente doit être scellée avec la Ville de Glendale sur les modalités entourant la gestion de l’amphithéâtre. À la suite d’un vote serré, le conseil municipal donne son feu vert à un pacte de 15 ans, qui verra la Ville verser chaque année 15 millions de dollars à RSE. Cette subvention est assortie d’un système de redevances lié aux frais de stationnement et à la tenue de spectacles, grâce auquel le gouvernement local est censé récupérer son argent. La vente va de l’avant : les Coyotes changent de mains une quatrième fois.

2014

IceArizona, nouveau nom du groupe RSE, vend 51 % de l’équipe à Andrew Barroway, gestionnaire de fonds originaire de Philadelphie.

2015

Constatant que le système de redevances élaboré en 2013 ne rapporte pas les sommes escomptées, la Ville de Glendale décide de limiter ses pertes en rompant son entente avec l’organisation. Le conseil municipal approuve finalement un nouveau contrat de deux ans, au rabais.

2017

Andrew Barroway rachète l’entièreté des parts des Coyotes et en devient l’unique propriétaire. En ce sens, les Coyotes changent officiellement de mains une cinquième fois.

2019

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ASSOCIATED PRESS

Les partisans des Coyotes de l’Arizona demeurent enthousiastes malgré l’instabilité de l’équipe au fil des ans.

Les Coyotes changent de mains une sixième fois lorsque Barroway vend la franchise à Alex Meruelo, milliardaire possédant des intérêts dans les industries des banques, du divertissement, des médias et de l’alimentation. Il est aussi propriétaire de deux casinos au Nevada.

2021

Absolument tous les échos en provenance de l’Arizona sont négatifs. Les finances sont au plus mal et des fournisseurs peinent à être payés. Une enquête d’Athletic révèle une ambiance de travail toxique. Exaspérée de sa relation avec son locataire, la Ville de Glendale annonce que la saison qui s’amorce sera la dernière des Coyotes au Gila River Arena. En décembre, l’équipe est même menacée d’expulsion si elle n’acquitte pas sur-le-champ une dette de 1,3 million en taxes et impôts. La somme est rapidement versée et les Coyotes concluent leur saison. Le propriétaire Alex Meruelo planche sur la construction d’un aréna à Tempe, au sud-est de Phoenix. Le projet avorte en raison, notamment, de la complexe décontamination du terrain visé.

2022

Les Coyotes déménagent à Tempe. Leur nouveau domicile est le Mullett Arena, petit amphithéâtre de 4600 sièges attenant au campus de l’Université de l’Arizona. L’équipe est forcée de disputer ses neuf premiers matchs de la saison sur la route, le temps que soient exécutés des travaux nécessaires pour que le bâtiment réponde à certaines normes édictées par la LNH.

2023

Par voie de référendum, les citoyens de Tempe rejettent un mégaprojet prévoyant la construction d’un quartier de divertissement d’une valeur évaluée à 2,1 milliards US, dont la pièce maîtresse aurait été un aréna dernier cri pour les Coyotes. Le projet, piloté par Alex Meruelo et promu avec enthousiasme par Gary Bettman, commissaire de la LNH, prévoyait notamment des allègements fiscaux et était tributaire de changements de zonage.

2024

En marge des festivités du match des Étoiles, Marty Walsh, directeur de l’Association des joueurs de la LNH, manifeste publiquement son impatience à l’égard du dossier des Coyotes, coincés dans un aréna universitaire. Quelques semaines plus tard, Meruelo annonce son intention d’acquérir un terrain public situé à Phoenix dans le cadre d’un encan prévu en juin. L’organisation publie les maquettes d’un futur aréna. Le projet se bute toutefois à l’opposition des autorités municipales, à commencer par le maire de Scottsdale, ville voisine.

Dans les hautes sphères de la LNH, on estime que le temps est venu de quitter le désert de l’Arizona tant qu’un aréna ne sera pas construit. Au printemps, des rumeurs s’intensifient au sujet d’un possible déménagement à Salt Lake City.

Les rumeurs deviennent rapidement réalité : le 18 avril, les gouverneurs de la LNH approuvent la vente de l’équipe au milliardaire Ryan Smith, propriétaire du Jazz de l’Utah, dans la NBA, et copropriétaire du Real Salt Lake, dans la MLS. La transaction marque le point final d’un feuilleton qui s’est étiré sur presque trois décennies, au cours desquelles les problèmes ont été innombrables et les bonnes nouvelles, quasi inexistantes.

Lisez « Les Coyotes déménagent officiellement à Salt Lake City »