En 2023, la valeur moyenne d’une résidence au bord de l’eau a chuté de 8 % au Québec, selon un rapport de Royal LePage.

Cette baisse, significative, pourrait s’expliquer en partie par ce phénomène : les gens veulent désormais s’installer au bord d’un lac tranquille, où ils pourront se reposer sans bruit de moteur du matin au soir. Et où les propriétés sont moins chères.

Le marché des résidences secondaires a connu bien des vagues au cours des dernières années. D’abord, la pandémie a donné envie à de nombreux urbains de s’installer en nature. Puis, la hausse des taux d’intérêt a freiné les ardeurs des emprunteurs. Les courtiers immobiliers Royal LePage ont calculé une baisse d’un peu plus de 8 % du prix des résidences sur le bord de l’eau en 2023, mais, au total, le marché des résidences récréatives a augmenté de 2,6 %. Le groupe s’attend à une hausse de 2 % cette année.

La fin de la hausse des taux d’intérêt – et une baisse attendue par beaucoup – explique en partie cette modeste reprise, puisque la grande majorité des acheteurs de propriétés récréatives requièrent un financement à l’achat, selon les agents de Royal LePage.

« C’est certain qu’il y a eu un gros ajustement avec la hausse des taux d’intérêt », confirme Éric Léger, courtier immobilier agréé à Royal LePage Humania. Il insiste sur le fait que, malgré cela, il y a effectivement une petite hausse dans le marché. « Ça n’est pas la fin du monde, admet-il, mais après une tornade, sortir avec des chiffres positifs démontre à quel point les gens croient encore qu’avoir de l’immobilier, aujourd’hui, est intéressant. »

Toutefois, les comportements des nombreux acheteurs ont changé et cela influence les chiffres de ventes.

Pour les accès à un point d’eau, la rareté a fait exploser les prix au Québec durant les dernières années. Cela a poussé des acheteurs à se tourner vers de nouvelles destinations.

« Les gens ont gardé l’idée du bord de l’eau, mais ont opté pour des propriétés moins dispendieuses », dit tout de go Éric Léger, qui travaille dans les Laurentides.

« On dit bord de l’eau et on pense aux beaux grands lacs, précise-t-il, mais ça peut être un bord de rivière, un bord d’étang. » Et ça l’a beaucoup été, par contrainte budgétaire, puis par besoin.

« Les goûts et les tendances des acheteurs ont changé au fil des ans. Il y a 20 ans, quelqu’un qui voulait un bord de l’eau pensait au bateau à moteur, au grand lac pour faire des activités nautiques », précise Éric Léger, qui confirme qu’une partie de sa clientèle est désormais davantage à la quête du silence. « C’est une autre clientèle qui, selon moi, est grandissante », dit-il.

La recherche d’endroits plus calmes a aussi inspiré des acheteurs à explorer de nouveaux territoires.

« Le marché récréatif s’est élargi, confirme la courtière Véronique Boucher, qui travaille dans les Cantons-de-l’Est. Il y a une nouvelle offre dans des villes qui sont peut-être moins populaires, moins glamour. »

Le télétravail, encore

Les agents immobiliers voient toujours des effets de la migration urbaine, des gens qui travaillent de la maison, loin de la ville.

« La demande est encore très grande », dit Véronique Boucher, de Royal LePage Au Sommet. Elle parle de télétravail, mais aussi de préretraite qui incite les gens dans (ou autour de) la cinquantaine à acheter maintenant, s’installer en résidence secondaire d’abord avec l’idée de vivre à l’extérieur de la ville une fois la retraite bien entamée.

Selon son collègue Éric Léger, le télétravail a aussi changé le rituel du chalet qui forçait les propriétaires à faire des bagages rapidement le dimanche après-midi pour revenir vers la ville au plus fort de la circulation. Le fait de pouvoir étirer le week-end en travaillant une journée ou deux en nature en a convaincu plus d’un.

Qu’est-ce qui se passe à Bromont ?

Le rapport printanier de Royal LePage dévoile quelques particularités régionales intéressantes.

À Bromont, c’est le prix des condos qui continue de grimper avec plus de 8 % d’appréciation l’année dernière, nettement au-dessus de la moyenne provinciale – la valeur des copropriétés a grimpé de 1 % en moyenne au Québec en 2023. La valeur d’une copropriété à Bromont atteint désormais 555 000 $.

« Bromont est hyper populaire et a une grande offre de services. La montagne est quatre saisons. Effectivement, les prix ont beaucoup augmenté », confirme Véronique Boucher, qui estime que dans ce cas, la copropriété est plus attirante pour les acheteurs – et particulièrement pour les plus jeunes.

Le directeur général de la Chambre de commerce de Brome-Missisquoi, Marc-André Lacroix, confirme le dynamisme et la croissance de Bromont, entamés avant la pandémie, et qui ne s’essoufflent pas. Des gens de tous les âges s’y installent, en résidence secondaire ou permanente. Selon lui, la proximité avec l’autoroute joue pour beaucoup.

« Plusieurs municipalités sur le territoire de Brome-Missisquoi ont connu des augmentations des valeurs foncières, ajoute le directeur général. On note des augmentations de 60 %. C’est assez considérable. »

Dans la MRC de Memphrémagog, le prix des copropriétés a grimpé de 7 % en 2023, passant légèrement au-dessus de 320 000 $ en moyenne. Dans la même région, pour la même période, le prix « d’un bord de l’eau » a décliné de 1,3 % – pour un prix médian de 850 000 $.

En 20 ans, le prix des maisons ayant accès à un plan d’eau dans la MRC de Memphrémagog avait augmenté de 295 %.

La météo qui fait vendre des chalets

Un autre phénomène va jouer sur la reprise d’intérêt pour des chalets : le printemps précoce. « Quand le printemps arrive, les gens ont envie de nouveaux projets. Ils veulent planifier leur été, leur achat sur le bord de l’eau », dit Véronique Boucher. Cette année, on a eu un hiver médiocre. Les gens ont arrêté plus vite leurs activités hivernales et le ski et se préparent pour l’été. Dès qu’il fait beau, qu’il y a du soleil et de la chaleur, on sent l’impact sur les visites et les planifications de mises en marché. Dans notre région [Estrie], le marché immobilier a déjà repris depuis trois semaines ou un mois et activement. »

En savoir plus
  • 396 900 $
    Globalement, l’année dernière, pour l’ensemble de la province, le prix médian pondéré d’une propriété unifamiliale dans les principaux marchés de villégiature a connu une appréciation de 2,6 % comparativement à 2022 pour atteindre 396 900 $.
    Source : Royal LePage