L’Ombudsman de Montréal se dit encouragée par les actions mises en place par la Ville pour s’attaquer au problème de l’itinérance autochtone dans le quartier Milton-Parc, mais attend encore d’en voir les résultats concrets.

« On fait preuve d’un optimisme lucide et prudent », a commenté l’ombudsman, Nadine Mailloux, en entrevue lundi peu avant le dépôt de son rapport pour l’année 2022.

En mai 2022, MMailloux avait dévoilé une enquête dans laquelle elle qualifiait de « crise humanitaire » la situation dans le secteur Milton-Parc, lieu de rassemblement de sans-abri autochtones et inuits.

Intitulé Ne pas détourner le regard, ce rapport faisait plusieurs constats au sujet de la détresse vécue par la population de sans-abri qui fréquente ce secteur du Plateau-Mont-Royal, et des problèmes de cohabitation avec les citoyens qui y vivent.

L’ombudsman y déplorait le manque flagrant de concertation et de collaboration entre les différents organismes et autorités agissant auprès des sans-abri autochtones à Montréal qui, souvent, « se renvoient la balle ».

Elle formulait cinq recommandations, notamment la mise sur pied d’une « ressource d’hébergement d’urgence stable et sûre répondant aux besoins des personnes inuites ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La population de sans-abri qui fréquente le secteur Milton-Parc est à majorité autochtone et inuite.

Un an plus tard, le refuge de Projets Autochtones du Québec (PAQ-2), ouvert en tout temps, est « sur le point d’être pérennisé », se réjouit MMailloux.

Prévention

Elle constate aussi que les services municipaux tentent d’agir en prévention, pour éviter que les Inuits et les Autochtones, qui arrivent souvent à Montréal pour recevoir des soins, se retrouvent dans le secteur Milton-Parc. « Dès que les gens mettent le pied à Montréal, il faut couper tout de suite la trajectoire qui mène à une spirale destructrice », note-t-elle.

On voit que la Ville est en mouvement et qu’elle a bien reçu le signal sur l’urgence de la situation.

Nadine Mailloux, ombudsman de Montréal

L’ombudsman appelle les intervenants à faire preuve de créativité dans la recherche de solutions. « Il faut s’éloigner à tout prix des slogans, des feuilles Excel qui ne servent qu’à cocher des cases plutôt qu’à concrétiser véritablement les objectifs finaux. Il faut vérifier que les mesures prises profitent directement aux personnes visées et non aux bulletins de performance des instances », écrit-elle dans l’introduction de son rapport 2022.

Lors de la séance du conseil municipal, qui a commencé en après-midi lundi, le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem, a dit avoir rencontré récemment des résidants du secteur qui se plaignent toujours de la difficile cohabitation avec les itinérants. Selon lui, l’administration Plante n’en fait pas assez pour régler le problème, notamment parce qu’un centre multifonctionnel n’a toujours pas été créé.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef de l’opposition à la Ville de Montréal, Aref Salem

La mairesse Valérie Plante lui a répondu en soulignant notamment que la mise en place de ressources pour les sans-abri se fait avec le gouvernement du Québec et que l’ombudsman de Montréal avait interpellé le Protecteur du citoyen, à Québec, dans le dossier de Milton-Parc.

Allégations non fondées de discrimination

Dans son rapport sur les actions entreprises l’année dernière, l’ombudsman souligne avoir traité 2308 dossiers et 1922 plaintes. Elle a lancé 219 enquêtes et formulé 10 recommandations.

Elle s’est penchée sur des sujets aussi diversifiés que les accès aux ruelles, le manque de stationnement sur rue, la salubrité dans les appartements de l’Office municipal d’habitation de Montréal, l’éclairage dans les parcs, les nuisances sonores et les changements de sens des rues.

L’ombudsman a aussi été saisie de quelques plaintes pour discrimination. Dans un cas, une citoyenne portant le voile et le burkini pour fréquenter une piscine municipale alléguait être victime de racisme parce que des employés municipaux lui avaient demandé de respecter certains règlements du lieu. Les différends avec les surveillants de la piscine ont dégénéré jusqu’à ce que des plaintes croisées soient déposées à la police et que la citoyenne soit exclue de la piscine. L’ombudsman a cependant conclu qu’il ne s’agissait pas d’un cas de racisme ou de discrimination.