(Québec) La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et les maires des grandes villes se sont entendus au moins sur une chose lors de leur rencontre virtuelle lundi : le dossier des déficits des sociétés de transport pour 2025 doit être réglé avant l’été.

Les parties ne veulent pas revivre la saga de l’automne dernier, bien qu’elles se livrent encore une fois à une guerre de chiffres en coulisses.

Le ton acrimonieux des dernières semaines a été mis de côté lors de la rencontre au sommet. La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), présidée par la mairesse Valérie Plante, a d’ailleurs salué « l’ouverture au dialogue » de Geneviève Guilbault au terme de l’exercice. Mais personne n’a voulu en témoigner en entrevue. Toutes les parties se sont contentées de déclarations écrites pour le moment.

La Presse avait révélé, quelques heures avant le début de cette rencontre, que le gouvernement Legault offre quelque 200 millions de dollars pour éponger une partie du déficit des sociétés de transport du Grand Montréal1. La demande de ces dernières est deux fois plus élevée.

Pour la CMM, il s’agit d’un bon début. Elle refuse toutefois de commenter en détail la proposition de Geneviève Guilbault. Comme il s’agissait d’une rencontre réunissant les maires responsables des sociétés de transport de partout au Québec, il n’y a pas eu de négociation autour de l’offre.

Une autre rencontre avec les maires de la CMM seulement se tiendra le 24 mai. Ce sera une occasion plus propice pour parler de chiffres, dit-on.

La CMM « considère que c’est le début d’une conversation à poursuivre sur le financement du transport collectif ». « Tout comme nous, Mme Guilbault a indiqué vouloir éviter un dénouement tardif comme l’an dernier et régler le financement pour cette année avant l’été. Elle a aussi laissé savoir qu’elle souhaitait planifier les deux années suivantes dès l’automne », ajoute-t-elle.

Dans une déclaration écrite envoyée par son cabinet, la ministre confirme que « les élus se sont entendus sur la nécessité de régler la question des déficits de 2025 d’ici l’été. De prochaines rencontres auront lieu dans les prochaines semaines ».

De son côté, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) se dit « optimiste de voir les discussions progresser sur le financement du budget 2025 au mois de mai plutôt qu’à l’automne ».

« Depuis plusieurs semaines, nous sommes très actifs auprès des élus et déterminés à faciliter l’atteinte de consensus permettant de dénouer l’impasse, poursuit-elle. Nous continuerons d’appuyer les élus afin que tous puissent être bien outillés et ainsi permettre d’en arriver à une entente d’ici l’été pour assurer le financement du budget 2025. »

Geneviève Guilbault a « répété » aux maires que, « pour arriver à trouver des solutions aux enjeux de financement, il faut nous assurer de travailler sur des bases chiffrées communes et rigoureuses parce qu’il est ici question de l’argent des contribuables ». C’est une allusion à peine voilée à la guerre de chiffres qui se joue en coulisses. Elle veut obtenir l’heure juste sur les finances des sociétés de transport.

Québec entend verser une aide uniquement pour la part du déficit des sociétés de transport attribuable à la pandémie de COVID-19. C’est ce qu’il appelle le déficit « conjoncturel », celui résultant de la baisse de l’achalandage et de la chute des revenus tarifaires des sociétés de transport. Le gouvernement considère qu’il a un rôle à jouer pour le résorber.

Ce déficit conjoncturel est à distinguer du déficit « structurel », dont la responsabilité relève uniquement des sociétés de transport, selon le gouvernement. Elles doivent entre autres faire le ménage dans leurs dépenses pour les éliminer, plaide-t-il.

Dans le Grand Montréal, le déficit d’exploitation total des sociétés de transport s’élève à 561 millions, calcule l’ARTM. C’est le manque à gagner des sociétés de transport de Montréal, de Laval, de Longueuil, et d’exo.

L’ARTM estime qu’environ la moitié de cette somme, 284 millions, représente un déficit « conjoncturel ». C’est celui pour lequel le gouvernement a l’intention d’offrir une aide représentant environ 70 %, donc quelque 200 millions de dollars.

L’ARTM réclame le double : 421 millions.

L’Union des municipalités du Québec considère que l’offre du gouvernement est un bon début, mais qu’il est nécessaire d’aborder le financement du transport collectif à plus long terme. Elle organise un « rendez-vous national » sur le sujet, vendredi, à Drummondville. Geneviève Guilbault n’a pas encore répondu à son invitation.

Lors de la rencontre de lundi, la ministre a exprimé aux maires sa « volonté d’assurer de la prévisibilité » dans le financement du transport collectif, « en statuant cet automne sur les montants des prochaines années, une fois qu’[elle aura] reçu les audits » sur la performance des sociétés de transport.

Des sociétés de transport hors du Grand Montréal (Québec, Lévis, Gatineau, Saguenay et Sherbrooke) ont quant à elles un déficit d’exploitation anticipé totalisant un peu plus de 60 millions pour 2025.

1. https://www.lapresse.ca/actualites/2024-05-06/deficit-des-societes-de-transport/quebec-met-200-millions-sur-la-table.php