Réduire les services de métro et d’autobus pour boucler le budget des sociétés de transport est « la dernière chose qu’on doit faire », a plaidé lundi le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Luc Rabouin, devant une commission municipale qui amorce des consultations publiques sur le financement du transport collectif.

« Le transport collectif profite à l’ensemble de la société en favorisant la mobilité, en réduisant la congestion routière et en limitant notre impact environnemental. C’est important de le rappeler : le transport collectif sert aussi les automobilistes, car il réduit le nombre de véhicules sur les routes et la congestion routière. Il faut donc plus de transport collectif, pas moins », a-t-il martelé.

« On se retrouve dans une situation financière qui nous oblige à envisager diverses solutions, dont des coupures de services, et c’est pourtant la dernière chose qu’on doit faire dans le contexte climatique et économique actuel. »

Les villes du Grand Montréal sont engagées dans un bras de fer avec le gouvernement du Québec sur le financement des sociétés de transport en commun. Pour 2025, seulement dans le Grand Montréal, leur manque à gagner est évalué à 561 millions de dollars, mais il bondira l’année d’après à 605 millions, puis à 670 millions et à 700 millions en 2028.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, rencontre les maires ce lundi pour en discuter et serait prête à offrir 200 millions, selon La Presse. L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) réclame le double : 421 millions, selon une missive envoyée au ministre des Finances, Eric Girard.

Pour faire sa part, le service de finances de la Ville de Montréal a produit un document envisageant différentes solutions, telles que des coupures de services, une hausse des tarifs des usagers, de nouvelles taxes pour les automobilistes ou une augmentation des taxes municipales, en détaillant les impacts financiers de ces scénarios.

C’est sur ces solutions que les citoyens sont invités à se prononcer devant la Commission sur les finances et l’administration, les 27, 28 et 29 mai. Lundi, le service des finances présentait publiquement ses solutions.

« Spirale infernale »

Christian Nadeau, économiste principal au service des finances, a aussi fait une mise en garde contre les « pièges » de la réduction des services, qui projetteraient le transport collectif dans une « spirale infernale ».

« En essayant de réduire le manque à gagner, si on diminue l’offre de services, on rend le transport collectif moins attrayant, ce qui fait diminuer l’achalandage, ce qui entraîne les revenus tarifaires à la baisse, ce qui accroît le déficit, et on se retrouve avec une deuxième ronde de diminution de services, jusqu’à ce qu’on détruise le transport collectif », a-t-il illustré.

« Il faut qu’on trouve des solutions concrètes pour éviter les coupures de services tout en favorisant le développement de l’offre. Et ces solutions doivent être discutées de manière urgente avec tous les partenaires, a poursuivi Luc Rabouin. On est rendus au temps des décisions courageuses. »