L’administration Plante réduira significativement la possibilité pour des voisins rébarbatifs de faire dérailler des projets immobiliers dans Griffintown, a appris La Presse.

Dans un contexte de crise du logement et de ralentissement des mises en chantier, Montréal annoncera lundi qu’il compte modifier son règlement d’urbanisme pour simplifier le travail des promoteurs résidentiels dans ce secteur.

On continue de faire en sorte qu’il y ait des consultations publiques, c’est important. Mais à ce moment-ci, il faut être capable d’accélérer, et c’est ça que ça va permettre.

Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, en entrevue

« Il faut que les promoteurs se disent que dans Griffintown, c’est prévisible. »

Les citoyens de Griffintown se sont installés dans un quartier dense en toute connaissance de cause et ne pouvaient espérer que leur vue demeure dégagée éternellement, a-t-il dit. « Il n’y a personne qui achète ça, une vue. »

Changement réglementaire

Concrètement, la Ville permettra directement aux promoteurs de construire des immeubles de grande taille, plutôt que d’exiger chaque fois qu’ils passent par une mesure dérogatoire (le « projet particulier de construction »), comme c’est actuellement le cas. Cette voie permettait à Montréal de négocier certains aspects du projet – notamment l’inclusion de logement social –, mais ouvrait la porte au déclenchement d’un référendum pour le bloquer si assez de voisins étaient mécontents.

Selon Benoit Dorais, Montréal n’a plus besoin de négocier à la pièce : un règlement fixe maintenant une proportion minimale de logements sociaux – ou le paiement d’une compensation – dans tous les projets. Les exigences environnementales ont aussi été rehaussées à la grandeur de la ville.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais

M. Dorais dit avoir vu « quelques » projets de développement avorter dans les dernières années. « Ils étaient tous crève-cœur parce qu’ils incluaient tous du logement social. »

« Les gens [de Griffintown] veulent que ça avance un petit peu plus vite », a-t-il dit. L’élu a ajouté que les pouvoirs publics continueraient à analyser les projets et que les promoteurs n’auraient pas pour autant le champ libre.

Griffintown, pas un « contre-exemple »

En marchant dans le quartier avec La Presse, la semaine dernière, Benoit Dorais montrait du doigt les terrains où le quartier continuera à se développer. Ici, une patinoire réfrigérée. Là, une école adaptée au contexte urbain. Plus loin, d’anciennes écuries de tôle à transformer en projet immobilier. Une quinzaine d’années après le début du développement du secteur, Benoit Dorais estime qu’il reste encore la moitié du travail à faire.

Le maire d’arrondissement s’est d’ailleurs dit attristé par l’utilisation de Griffintown comme épouvantail quand son administration évoque la façon dont elle entrevoit les futurs quartiers de Montréal.

« Je n’aime pas ça quand on dit que c’est un contre-exemple. Il y a peut-être certaines affaires qu’on aurait pu faire différemment, mais […] les gens sont contents d’être ici », a-t-il dit, soulignant que la mixité sociale du quartier était bien plus grande que l’image que certains s’en font. « Il y a un sentiment d’appartenance réel à Griffintown. »