(Québec) Dans les prochaines années, des milliers de barrages parsemant le territoire québécois devront être rénovés ou reconstruits, un travail imposant qui coûtera des centaines de millions de dollars. Mais qui doit payer pour ça ? Les riverains, qui bénéficient des lacs créés par ces ouvrages, ou l’ensemble des contribuables, même ceux qui ne peuvent s’y tremper l’orteil en pleine canicule ? Les villes demandent de l’aide.

700 000 $ pour préserver un lac privé

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La municipalité de Cowansville a investi 700 000 $ pour préserver l’étang Bull au seul profit de cinq propriétaires privés, dont le fondateur de Cavalia, Normand Latourelle. Il n’y a aucun accès public à cette nappe d’eau.

À Cowansville, des centaines de milliers de dollars d’argent public ont été investis pour préserver « un étang auquel il n’y a aucun accès public », au « seul profit » de cinq propriétaires terriens, dont le fondateur de Cavalia, Normand Latourelle. Cette situation n’est pas unique au Québec.

La ville de 16 000 habitants a effectué ces travaux – qui ont coûté près de 700 000 $ – en 2022 pour mettre à niveau des barrages qui maintiennent un niveau d’eau agréable sur l’étang Bull, situé sur le territoire d’une autre municipalité, à Brigham, dans la région de Brome-Missisquoi.

La Ville a pris cette décision même si une résolution du conseil municipal précisait qu’elle « ne peut effectuer une importante dépense pour des fins récréatives et de villégiature au seul profit de propriétaires privés situés à l’extérieur de son territoire, sur un étang où il n’y a aucun accès public et qui est enclavé par les propriétés privées ».

La mairesse de la ville, Sylvie Beauregard, a décliné la demande d’entrevue de La Presse, mais son service des communications a signalé que la « consolidation » de l’ouvrage a été préférée à la démolition « en raison des coûts ».

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’entrée privée du domaine de l’étang Bull

Lac privé, barrage collectif

Une bonne partie de cette somme est épongée par un programme de subvention du gouvernement du Québec destiné aux villes et qui a pour objectif « d’accroître la sécurité des barrages » et qui paie jusqu’à 66 % des coûts des travaux, jusqu’à concurrence de 500 000 $.

Même si le lac est privé, Cowansville était propriétaire des barrages qui l’ont créé à partir d’un ruisseau, quelque part au début du XXe siècle. À l’époque, il servait de prise d’eau à la ville, ce qui n’est plus le cas depuis des décennies, comme l’a rapporté le quotidien La Tribune lorsque ce sujet a émergé dans les médias locaux en 2019.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’entrée privée pour la digue-barrage de l’étang Bull

M. Latourelle, qui a bénéficié de ces travaux, indique que les propriétaires riverains en ont payé une partie – il n’a pas voulu dire combien – et qu’il s’agit d’une bonne entente pour le public. Il évoque également un argument environnemental. « Détruire le barrage, ça enlèverait l’eau du lac et il y a un écosystème qui s’y est installé et qui ne pourrait plus y vivre », affirme-t-il.

Mais pour les propriétaires, ça reste une bonne affaire : le démantèlement des ouvrages de retenue aurait fait disparaître 75 % de la surface du lac. L’homme d’affaires Gaétan Frigon, qui était alors en processus de vente de ses deux propriétés riveraines, le reconnaît : sans lac, les demeures auraient perdu beaucoup de valeur. « Je m’étais engagé aux nouveaux propriétaires. Si la Ville détruisait les barrages, la valeur de la maison n’était plus la même. L’entente a protégé mon investissement », souligne-t-il.

  • Une des deux digues-barrages de l’étang Bull

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Une des deux digues-barrages de l’étang Bull

  • Même si le lac est privé, la municipalité de Cowansville était propriétaire des barrages qui l’ont créé à partir d’un ruisseau, quelque part au début du XXe siècle.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Même si le lac est privé, la municipalité de Cowansville était propriétaire des barrages qui l’ont créé à partir d’un ruisseau, quelque part au début du XXe siècle.

  • Vue aérienne de l’étang Bull et du lac qui le jouxte

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Vue aérienne de l’étang Bull et du lac qui le jouxte

  • « Détruire le barrage, ça enlèverait l’eau du lac », affirme le fondateur de Cavalia, Normand Latourelle, propriétaire d’une résidence autour de l’étang Bull.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    « Détruire le barrage, ça enlèverait l’eau du lac », affirme le fondateur de Cavalia, Normand Latourelle, propriétaire d’une résidence autour de l’étang Bull.

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

Barrages partout

La situation vécue dans cette petite municipalité de l’Estrie n’est pas unique. Des barrages comme celui de l’étang Bull, il y en a des milliers partout dans le sud du Québec. Au cours du dernier siècle, des promoteurs ou des entreprises forestières ont créé ou agrandi des lacs à l’aide de barrages, souvent artisanaux. « Les gens y ont installé des chalets, qui se sont transformés en maisons, puis parfois, en très grosses maisons. Et les villes se sont retrouvées avec les barrages lorsque des chemins sont tombés dans le domaine municipal », raconte Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).

Il y a des barrages partout. Et la problématique sera de plus en plus intense, ça, c’est clair.

Jacques Demers, président de la FQM

La FQM estime que ce chantier coûtera des centaines de millions de dollars et que si le resserrement en 2022 de la Loi sur la sécurité des barrages était « essentiel pour assurer la sécurité et la pérennité de ces infrastructures stratégiques », « l’ajout de nouvelles responsabilités doit s’accompagner d’un financement adéquat ».

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac Côme à Saint-Côme

Qui doit payer ?

Mais qui doit payer pour ça ? À Saint-Côme, la question s’est posée. Avant son remplissage au milieu des années 1960, l’emplacement du lac Côme était un pâturage traversé par un ruisseau. Le lac est privé, et appartient aux propriétaires riverains. Mais c’est la Ville qui est propriétaire du barrage, depuis que les rues ont été municipalisées. Désuet, il devait être reconstruit. Coût de la facture : 2,2 millions. « On s’est questionnés », lance le maire, Martin Bordeleau.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac est privé, mais si on enlève le barrage, il n’y a plus de lac. Ça veut dire une perte d’évaluation et de taxes foncières.

Martin Bordeleau, maire de Saint-Côme

Mais la Ville ne pouvait pas accepter de « prendre la facture au complet ». Elle a finalement assumé 24,9 % du coût des travaux, juste en deçà du seuil qui aurait permis à des citoyens de demander un référendum sur la question. « On trouvait illogique qu’un lac sans accès public soit payé par l’argent des citoyens. On a mis les 24,9 % en matériaux », a expliqué M. Bordeleau. Comme à Cowansville, le reste a été déboursé par le programme d’aide financière à la mise aux normes de barrages municipaux (PAFMAN) et les villégiateurs.

41 barrages pour une seule ville

À Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, il y a 41 barrages, dont 13 à forte contenance. « Tous ces barrages ont besoin d’avoir des suivis réguliers. Et quand vient le temps de faire une réfection, ça peut coûter des centaines de milliers de dollars. Comme si on avait les expertises pour faire ça… On est pognés avec ça. Ce n’est pas facile », laisse tomber le maire Claude Charbonneau. Il souligne que dans bien des cas, le coût de la rénovation du barrage est beaucoup trop important pour le faire payer par les riverains, pas assez nombreux.

  • Le lac Saint-Joseph à Saint-Adolphe-d’Howard

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Le lac Saint-Joseph à Saint-Adolphe-d’Howard

  • Vue aérienne du lac Saint-Joseph à Saint-Adolphe-d’Howard

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Vue aérienne du lac Saint-Joseph à Saint-Adolphe-d’Howard

  • Le maire de Saint-Adolphe-d’Howard, Claude Charbonneau, souligne que dans bien des cas, le coût de la rénovation du barrage est beaucoup trop important pour le faire payer par les riverains, pas assez nombreux.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Le maire de Saint-Adolphe-d’Howard, Claude Charbonneau, souligne que dans bien des cas, le coût de la rénovation du barrage est beaucoup trop important pour le faire payer par les riverains, pas assez nombreux.

  • Le lac Sainte-Marie (en arrière-plan) et le lac Saint-Joseph (au bas de l’image) à Saint-Adolphe-d’Howard

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Le lac Sainte-Marie (en arrière-plan) et le lac Saint-Joseph (au bas de l’image) à Saint-Adolphe-d’Howard

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

Et la tâche du maire s’alourdit. L’an dernier, la municipalité s’est retrouvée avec un barrage de plus sous sa direction, gracieuseté de Revenu Québec (RQ), qui en hérite parfois quand un propriétaire meurt ou lorsqu’une entreprise ferme. « Ils m’ont dit : “Soit vous le prenez, soit on l’envoie à terre et on assèche le cours d’eau” », dit l’élu.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac Saint-Joseph à Saint-Adolphe-d’Howard

Actuellement, RQ administre d’ailleurs provisoirement 16 barrages privés et est à la recherche de villes ou d’associations de propriétaires riverains pour s’en occuper.

C’est vraiment énorme ce qui s’en vient, ce qui se passe. Aujourd’hui, tu ne fais rien avec 1 million. Ça va coûter une fortune aux villes.

Claude Charbonneau, maire de Saint-Adolphe-d’Howard

À Val-des-Lacs, la municipalité a déboursé un demi-million de dollars pour le barrage du lac Quenouille. En contrepartie, « un comité travaille à l’aménagement d’une plage publique sur le lac », précise le maire, Paul Kushner. Les maires font tout pour trouver des solutions, car la vue d’un lac asséché est rarement agréable. La municipalité a recu l'appui du programme provincial, et les frais payés ont été absorbés par les résidants qui se trouvent à proximité de l'étendue d'eau.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac Quenouille à Val-des-Lacs

« On refuse de l’ouvrage »

Autre problème soulevé par les élus municipaux : le manque de bras pour effectuer ces travaux. Les entreprises spécialisées sont déjà au maximum de leur capacité. Une réalité confirmée par Michel Dolbec, directeur de projet Énergie chez WSP Canada.

Il évalue le parc de barrages à rénover à près de 2000 barrages à forte contenance, détenus par environ 800 propriétaires publics ou privés. « Ça déborde. On refuse de l’ouvrage », laisse-t-il tomber.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac Quenouille à Val-des-Lacs

Et pourtant, les villes devront bouger : comme une maison, un barrage doit avoir un entretien régulier, sinon il se dégrade rapidement, affirme M. Dolbec. Aujourd’hui, les municipalités « ont un parc important d’infrastructures et elles ont beaucoup d’investissements à faire », note-t-il. Surtout que les barrages n’ont pas toujours été construits dans les règles de l’art. « Parfois, ç’a été fait par une gang de beaux-frères qui ont monté ça en une fin de semaine. » La facture de la mise aux normes peut alors devenir très salée.

Un programme critiqué

Les élus des villes critiquent le programme d’aide financière à la mise aux normes de barrages municipaux (PAFMAN). Ils demandent plus de fonds et estiment que le ministère de l’Environnement devrait confirmer sa participation avant le début des travaux, pas après qu’ils sont effectués, ce qui crée de l’incertitude pour de petites municipalités qui prennent un grand risque financier en faisant des emprunts importants pour les financer.

La mairesse qui veut offrir « le bonheur de se baigner l’été »

  • Catherine Hamé Mulcair, mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Catherine Hamé Mulcair, mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs

  • Petit parc récréatif municipal à quelques dizaines de mètres de la digue du lac Loiselle

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Petit parc récréatif municipal à quelques dizaines de mètres de la digue du lac Loiselle

  • La digue du lac Loiselle

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La digue du lac Loiselle

  • Contrebas de la digue du lac Loiselle

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Contrebas de la digue du lac Loiselle

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

À Sainte-Anne-des-Lacs, il y a, sans surprise, beaucoup de lacs. Et pourtant, la moitié des résidants n’ont accès à aucun point d’eau pour s’y baigner. La mairesse souhaite changer les choses, mais des riverains s’y opposent. Dans ce contexte, qui devra payer les coûts « exorbitants » pour la réfection de barrages de lacs privés en manque d’amour ?

« Qui paie pour ça ? C’est une bonne question. On a un barrage de forte contenance […]. Il maintient le niveau d’eau d’un lac 100 % privé, et les 20 riverains veulent l’appui de la municipalité, car ils ne sont pas capables d’assumer seuls les coûts d’entretien. Mais d’autres citoyens disent : on n’a pas accès à la baignade, pourquoi on viendrait payer même une partie de cette facture ? C’est ça, le défi. Et c’est là-dedans qu’on souhaite s’embarquer », lance Catherine Hamé Mulcair, mairesse de cette ville des Laurentides.

Mme Hamé Mulcair a lancé l’automne dernier une politique d’accès à l’eau. Alors que la moitié des citoyens n’y a pas accès, la ville est propriétaire de terrains jouxtant des lacs. « Quelque chose ne fonctionne pas », laisse-t-elle tomber.

Mais elle le reconnaît elle-même, sa proposition d’ouvrir un accès à cinq lacs soulève un « tollé » et est très impopulaire.

Le conseil municipal déchiré

Le débat a déchiré le conseil municipal, comme l’a rapporté le média indépendant Accès, qui couvre la région des Laurentides. Deux conseillers ont tenté sans succès un vote pour annuler la politique d’accès à l’eau. Ils dénonçaient l’absence de considération des risques environnementaux, de la qualité de vie des citoyens et des « droits des propriétés des riverains ». Les opposants citent notamment les risques liés à la prolifération de myriophylles à épi ou de moules zébrées, mais ce n’est pas le seul argument.

Des résidants se sont fait entendre sous une publication de la mairesse l’automne dernier. « J’ai longtemps cherché une maison avec accès notarié à un lac. Je l’ai finalement trouvée. Elle ne répondait pas à tous mes critères, mais j’ai accès à un lac et j’en ai payé le prix », a écrit l’un d’eux. Un autre s’est plaint d’avoir « travaillé toute [sa] vie pour économiser une mise de fonds pour une maison avec accès au lac privé ». « Pourquoi voulez-vous m’enlever ce privilège que j’ai payé ? », a-t-il déploré.

D’autres y sont favorables.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le lac Loiselle à Sainte-Anne-des-Lacs

Dans un contexte de réchauffement climatique, on aura des étés de plus en plus chauds. L’accès à l’eau ne devrait pas être un privilège pour la moitié des résidants dans une municipalité où il y a autant de lacs. Je dis ça en ayant un accès à l’eau.

Une résidante de Sainte-Anne-des-Lacs

D’autres déplorent le fait de devoir se déplacer dans la ville voisine de Sainte-Adèle pour utiliser leur planche à pagaie ou leur kayak.

La mairesse est donc retournée à la table à dessin. Elle a mandaté un comité citoyen formé de riverains et de non-riverains de trouver les « conditions gagnantes » pour « aller chercher l’acceptabilité sociale auprès des riverains pour partager un peu le bonheur de se baigner l’été ».

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Catherine Hamé Mulcair au bord du lac Loiselle

Riverains terrorisés

« Ils sont absolument terrorisés. Ils ont raison de craindre la contamination du myriophylle ou des moules zébrées. Il y a un souci légitime pour la santé des lacs, mais est-ce que ce n’est pas la meilleure façon de sensibiliser l’ensemble des citoyens à la santé des lacs en s’assurant qu’ils ont eux aussi un sentiment d’attachement », plaide-t-elle.

Car la question de l’accès à l’eau croise nécessairement celle de l’entretien des ouvrages de retenue qui permettent à ces lacs d’avoir un niveau d’eau agréable. Et ces infrastructures ne répondent souvent plus aux nouvelles normes édictées par le ministère de l’Environnement pour des raisons de sécurité (voir autre texte) et doivent être mises à niveau. Le coût des travaux peut atteindre des centaines de milliers, voire des millions de dollars. Et la mairesse le précise : elle est en faveur des règles strictes concernant la sécurité des barrages.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Catherine Hamé Mulcair, mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs

Les infrastructures des années 1960, barrages, ponceaux, routes, fossés, c’est souvent artisanal. C’était gossé à la main par un gars et une pépine. Il n’y a aucun concept d’ingénierie qui fait partie de ces ouvrages et avec les changements climatiques, ça vient tester les infrastructures.

Catherine Hamé Mulcair, mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs

Sa ville doit gérer quatre barrages de forte contenance, sans compter d’autres ouvrages de régulation, dont une digue qui mesure 6 mètres de haut et 150 mètres de long. Elle se trouve à proximité du cœur du village. « On n’a aucune idée de ce qu’il y a dedans. On fait souvent des blagues à la ville, on se dit, il y a peut-être 1 char ou 20 chars de cachés là-dedans. On n’en a aucune idée. On est en processus d’étude de sécurité », lance-t-elle.

Financer ces travaux

Sa crainte : que la digue cède en raison de « pluies intenses ». Elle a d’ailleurs eu des inquiétudes ce printemps, alors que d’autres municipalités des Laurentides ont été touchées par des inondations.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

« Les infrastructures des années 1960, barrages, onceaux, routes, fossés, c’est souvent artisanal », explique la mairesse de Sainte-Anne-des-Lacs, Catherine Hamé Mulcair. Ici, un ponceau au bout du lac Ouimet qui devra être refait.

« Plusieurs fois par jour, on avait des cols bleus qui faisaient les tours des barrages et des digues pour s’assurer que tout tenait encore. Et on avait des pompes pour faire passer l’excès d’eau par-dessus les barrages, pour éviter que les chemins partent. C’est fou », laisse-t-elle tomber.

Mais pour entretenir ce parc d’infrastructure hérité d’une époque à laquelle des promoteurs créaient des lacs pour vendre des terrains, Mme Hamé Mulcair se heurte, comme beaucoup d’autres élus municipaux, à deux problèmes : la pénurie d’ingénieurs et d’entreprises intéressés par ces contrats, et le financement.

Le programme provincial ne détermine s’il rembourse les coûts qu’une fois que les travaux sont effectués, et ses fonds sont limités. « C’est un gamble », lance-t-elle. Et lorsque la Ville décide de payer, sa décision peut se faire battre par référendum. « Ça peut aller en référendum. On n’est pas rendus là […], mais pour toutes les municipalités propriétaires de barrages, c’est un gros point d’interrogation », lance-t-elle.