Le gouvernement du Québec investira 603 millions de dollars sur cinq ans pour freiner le déclin du français. La majorité du budget sera consacrée à la francisation des travailleurs étrangers temporaires et des demandeurs d’asile.

« C’est extrêmement important comme budget quand on considère que plusieurs des mesures ne sont pas des mesures budgétaires », a déclaré le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, en conférence de presse dimanche matin.

Quelque 320 millions serviront à accroître la francisation des travailleurs étrangers temporaires. Le gouvernement souhaite également augmenter la proportion de personnes issues de l’immigration économique connaissant le français.

La Presse avait déjà rapporté mardi les grandes lignes du Plan d’action sur le français. Ce plan est le fruit du travail du Groupe d’action pour l’avenir de la langue française, créé en janvier 2023 et composé de six ministres. En plus de M. Roberge, on y retrouve Christine Fréchette (Immigration), Bernard Drainville (Éducation), Pascale Déry (Enseignement supérieur), Mathieu Lacombe (Culture) et Martine Biron (Relations internationales et Francophonie).

Miser sur les plateformes numériques

La seconde mesure, la plus coûteuse – 187 millions –, vise à accroître l’offre culturelle francophone et son accessibilité. Le gouvernement souhaite également augmenter la disponibilité et la mise en valeur des produits francophones sur les plateformes numériques.

« Notre culture doit être partout, facilement accessible, dans le monde réel, soit les spectacles, les théâtres, les cinémas et les livres, mais aussi dans le monde numérique, sur les plateformes et sur l’internet », dit le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

De gauche à droite : les ministres Mathieu Lacombe (Culture), Christine Fréchette (Immigration), Jean-François Roberge (Langue française), Pascale Déry (Enseignement supérieur), Bernard Drainville (Éducation) et Martine Biron (Relations internationales et Francophonie)

Le ministre déposera sous peu un projet de loi qui vise à garantir « notre droit fondamental à l’accès et à la découvrabilité des contenus culturels de la langue française ».

« Des efforts importants dans nos écoles »

Québec investira 65 millions pour améliorer la maîtrise du français des élèves et des étudiants québécois et près de 13 millions pour renforcer l’attachement des Québécois à la langue française et favoriser son rayonnement.

Il faut faire des efforts importants dans nos écoles, dans nos classes. […] On se doit de donner le goût à nos enfants de parler le français. C’est notre rôle comme gouvernement, mais c’est aussi une responsabilité collective.

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

Une campagne de sensibilisation à la lecture sera lancée dans les prochaines semaines. La mesure accordant 300 $ par année aux enseignants pour l’achat de livres neufs en français aux élèves du primaire se poursuivra dans les prochaines années, a confirmé M. Drainville.

Le ministre prévoit également la mise en vigueur d’un nouveau programme de français pour la rentrée 2026.

« On doit adapter nos méthodes d’enseignement pour répondre davantage au quotidien de nos élèves qui sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux », dit M. Drainville.

Attirer les étudiants internationaux

Pour freiner le déclin de la langue française, Québec misera également sur les étudiants internationaux, notamment en accélérant l’obtention de leur résidence permanente s’ils sont diplômés de programmes francophones.

Le gouvernement Legault veut également attirer et retenir un plus grand nombre d’étudiants internationaux francophones et francotropes, soit des étudiants dont la langue maternelle n’est pas le français, mais issus d’une culture ou d’une région ayant des affinités avec cette langue.

Québec veut également valoriser la recherche et la science en français. « Ça peut se faire notamment par la mise en œuvre d’initiatives en matière de découvrabilité des contenus scientifiques francophones ou des incitatifs à publier en français », a déclaré la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.

Un tableau de bord

Enfin, 18 millions serviront à effectuer annuellement le suivi des indicateurs de la situation linguistique au Québec. On y prévoit la création d’un tableau de bord, à l’image de ceux déjà mis en place à la Santé et à l’Éducation. Il permettra de suivre l’évolution de certains indicateurs de la situation linguistique au Québec. Le gouvernement pourra s’y fier pour guider son action.

« À partir de maintenant, chaque année, les Québécois auront un état de la situation fiable et incontestable », soutient le ministre Roberge.

L’Institut de la statistique du Québec sera chargé de mener les études nécessaires pour faire un suivi annuel de la situation du français.

Avec Tommy Chouinard, La Presse

Les neuf priorités gouvernementales

  • Effectuer annuellement le suivi des indicateurs de la situation linguistique au Québec.
  • Augmenter le pourcentage de personnes issues de l’immigration économique connaissant le français.
  • Accélérer l’obtention de la résidence permanente pour les étudiants internationaux diplômés de programmes francophones.
  • Augmenter la francisation des travailleurs étrangers temporaires et des demandeurs d’asile.
  • Augmenter l’offre culturelle francophone et son accessibilité.
  • Augmenter la disponibilité et la mise en valeur des produits francophones dans l’environnement numérique.
  • Attirer et retenir un plus grand nombre d’étudiants internationaux francophones et francotropes.
  • Améliorer la maîtrise du français des élèves et des étudiants québécois.
  • Renforcer l’attachement des Québécoises et des Québécois à la langue française et favoriser son rayonnement.

Source : cabinet du ministre de la Langue française