Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et Québec solidaire (QS) s’unissent pour tenter de convaincre le gouvernement fédéral d’annuler la déportation imminente de Shaitan Rajpurohit, un travailleur immigrant et syndicaliste.

Les deux partis demandent au ministre de l’Immigration, Marc Miller, « de faire preuve d’humanité et d’accorder un sursis immunitaire à M. Rajpurohit, qui est un citoyen intégré et impliqué », a déclaré Alexandre Boulerice, député de Rosemont-La-Petite-Patrie et chef adjoint du NPD, en point de presse devant les bureaux de M. Miller à Montréal, samedi matin.

M. Boulerice souligne que la société a besoin de gens comme lui. Il juge que la déportation de M. Rajpurohit serait « un drame et une injustice absolue ».

Présent à ses côtés, le député solidaire de Laurier-Dorion, Andres Fontecilla, a donné l’appui de son parti aux démarches de M. Rajpurohit. « Nous devons lui donner la chance qu’il mérite de rester ici », a-t-il lancé.

« Notre message pour Marc Miller n’est pas compliqué : donnez un sursis humanitaire à Shaitan pour réviser son dossier et être capable de le garder chez nous, comme son employeur le veut et comme des groupes communautaires et des syndicats le veulent. Shaitan est un travailleur acharné. Il a été un travailleur essentiel dans les hôpitaux pendant la pandémie. Il a un emploi et il est impliqué et intégré dans la société québécoise. Il n’y a aucune raison de le déporter », a soutenu M. Boulerice.

Ila profité de l’occasion pour envoyer une flèche à M. Miller. « Malheureusement, j’ai l’impression d’être devant son bureau toutes les fins de semaine pour éviter des déportations injustifiées et injustes. »

Jusqu’à maintenant, M. Rajpurohit n’a eu que des accusés de réception de la part du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Une situation que déplore le seul député québécois du NPD, qui estime que c’est sa « responsabilité d’interpeller le ministre Miller ».

Le temps presse : si le Chilien d’origine indienne, qui est établi au Québec depuis cinq ans, n’obtient pas de réponse positive d’ici lundi, il devra quitter le Canada dès mardi matin.

« Le plus beau geste que M. Miller pourrait faire pour marquer la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, qui aura lieu dimanche, serait de permettre à Shaitan de rester ici. Ce serait dramatique de le perdre. C’est un modèle d’intégration », a indiqué Félix Lapan, le secrétaire général de l’Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades, organisme avec lequel M. Rajpurohit collabore activement.

« Tout le monde m’aime ici »

M. Boulerice souhaite de tout cœur que l’intervention conjointe du NPD et de QS permette au dossier de connaître le même dénouement positif que celui de Deborah Adegboye. Le 2 avril, à trois jours de la date fatidique, la proposée aux bénéficiaires et sa famille ont obtenu un permis de séjour temporaire, ce qui a annulé leur renvoi prévu vers le Nigeria. La semaine précédente, des députés et des organismes communautaires avaient tenu une conférence de presse devant les bureaux du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.

Shaitan Rajpurohit garde espoir de recevoir le même document. « J’ai déposé mon dossier en octobre pour éviter une déportation, mais je n’ai toujours pas obtenu de réponse. Je suis en attente depuis plus de six mois maintenant. Mon employeur a même envoyé deux lettres parce qu’il veut me garder au Québec. Mon patron m’aime même si je suis un syndicaliste ! En fait, tout le monde m’aime ici. »

D’ailleurs, plusieurs dizaines de personnes sont venues témoigner de leur soutien. « Shaitan doit rester. Arrêtons les déportations ! », pouvait-on lire sur l’une des pancartes confectionnées par des sympathisants à sa cause.

Cet appui a touché le principal intéressé. « Merci à tous pour votre solidarité, a-t-il dit à la foule au micro. Je suis très triste de devoir quitter le Québec et de perdre tous ces gens, qui sont ma famille maintenant. »

M. Rajpurohit est arrivé au pays en 2019 à titre de demandeur d’asile avec sa femme et ses deux filles, âgées aujourd’hui de 8 et 14 ans.

Il craint un éventuel retour au Chili, où il affirme être persécuté. « Je suis renvoyé alors que mon passeport est expiré, alors je ferai face à des problèmes une fois que je serai arrivé à l’aéroport de Santiago. »

Rejointe par La Presse Canadienne, la conseillère principale en communications du ministère de l’Immigration, Bahoz Dara Aziz, a écrit dans un courriel que le ministère ne pouvait pas faire des commentaires « sur des cas spécifiques en raison de la législation sur la protection de la vie privée ».