Les résidants de Chibougamau ont appris mercredi qu’ils ne pourront pas réintégrer leur domicile avant au moins samedi.

Les résidants évacués de Chibougamau affluent depuis mardi soir à Roberval. Le maire de la municipalité, Serge Bergeron, salue une « solidarité incroyable » de ses concitoyens, qui se sont mobilisés de toutes les façons possibles pour prêter main-forte à la Ville. À Lebel-sur-Quévillon, où la situation demeure stable, on appelle toutefois les citoyens à rester hors de la municipalité.

« Il y a en ce moment une solidarité incroyable de la population, des commerces et des organismes communautaires qui sont tous prêts à offrir leur service de différentes manières. On voit aussi beaucoup de personnes qui accueillent des gens dans leur maison à Roberval. On les en remercie », a expliqué mercredi M. Bergeron, en entrevue avec La Presse.

À ses yeux, le caractère tragique des incendies de forêt ne doit pas passer sous silence cette immense vague de soutien. « Je savais que les gens étaient très solidaires ici, mais de faire la file pour donner son nom comme bénévole, de passer une nuit ici à monter des lits de camp, d’offrir le gîte dans sa propre maison, de voir les pharmacies qui font tous les transferts de médicaments, c’est incroyable », insiste l’élu.

Chibougamau, la plus grande ville de la Jamésie, a connu un branle-bas de combat mardi soir quand la mairesse a déclaré l’état d’urgence et annoncé l’évacuation des 7500 résidants, y compris ceux de la zone de villégiature.

En conférence de presse mercredi après-midi, la mairesse Manon Cyr a annoncé aux évacués qu’ils ne pourront pas réintégrer leur domicile avant samedi. Dans la foulée, elle les a remerciés pour leur collaboration lors de l’évacuation, digne d’un « oscar ».

La SOPFEU sera en mesure mercredi de combattre la pointe de l’incendie no. 334, qui menace la ville, a indiqué la mairesse. Les équipes d’urgence sont aussi sur le terrain pour assurer la sécurité des infrastructures, a-t-elle assuré.

Mme Cyr a aussi remercié la population de Roberval pour son appui et son accueil des Chibagougamois. « C’est très apprécié le travail qui est fait », a-t-elle souligné.

« On était prêts »

Vu l’urgence, Roberval a alors immédiatement mis en branle son « protocole d’urgence » et une cellule de crise interne, incluant la direction générale de la Ville, les conseillers municipaux et la Sécurité civile. Une simulation avait d’ailleurs été faite il y a quelques semaines, en prévision d’un scénario catastrophe. « On était prêts et ça paraît aujourd’hui », lance le maire.

En début de journée, plus de 450 personnes étaient déjà hébergées au centre sportif Benoît-Lévesque, sur le boulevard de la Jeunesse. On s’attend à dépasser le cap des 500 citoyens logés d’ici la mi-journée. « Évidemment, ça exclut les gens de Chibougamau qui utilisent nos terrains de camping avec un VR, ou ceux qui ont de la famille à Roberval. Mais on est là pour tout le monde », persiste M. Bergeron.

La ministre responsable la région, Andrée Laforest, assure de son côté que la capacité d’accueil sera suffisante. « Il y a Roberval, mais il y a Chicoutimi également. On a un collège qui est disponible, on va être capables d’accepter plusieurs personnes. L’important, c’est de bien accueillir les citoyens, mais on est prêts. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, on est prêts », a-t-elle dit mercredi.

« On va en prendre soin pendant qu’ils vont être chez nous. J’invite ceux qui ont des bras à aller offrir leur aide. On est de tout cœur avec les gens qui vivent des évacuations présentement », a exprimé pour sa part la députée de Roberval, Nancy Guillemette.

Des équipes du CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont d’ailleurs sur place pour accompagner les personnes évacuées.

Les gens sont très anxieux. Le feu est à 20 kilomètres à peine de leur ville. Ils ont peur de perdre leur maison, ils sont stressés. Les professionnels sont là pour les soutenir, les aider comme ils le peuvent.

Serge Bergeron, maire de Roberval

« Le moins de monde possible en ville »

À Lebel-sur-Quévillon, où les 2000 résidants n’ont pas encore reçu la permission de réintégrer leur domicile, le maire Guy Lafrenière a imploré mercredi les résidants à rester hors de la municipalité « pour laisser les pompiers de la SOPFEU travailler ».

« Beaucoup de gens nous demandent s’ils peuvent venir chercher leurs roulottes, leurs camions. Non, malheureusement, il n’y a personne qui peut passer. La journée qu’on va pouvoir, on va le faire. On a hâte et on vous comprend. Mais il faut qu’il y ait le moins de monde possible en ville », a insisté M. Lafrenière.

Le maire a par ailleurs envoyé une « pensée spéciale » aux travailleurs durement éprouvés de l’hôpital de Lebel-sur-Quévillon « qui ont embarqué dans un avion pour être transférés vers Chibougamau [dans les derniers jours], alors que là, on évacue Chibougamau ».

Sinon, « le feu qui nous cause des problèmes est encore très stable », a ajouté M. Lafrenière. « Le feu Cameron qui arrive du nord menace encore la forêt sur l’autre côté. On pense toujours qu’il va arriver sur la plage de l’autre côté du lac. La SOPFEU travaille pour que ce feu-là aille rejoindre notre premier feu, où le bois est déjà brûlé. Ce sera plus facile à éteindre », a-t-il détaillé.

Une porte-parole de Bell Canada, Caroline Audet, a indiqué mercredi que « les incendies de forêt ont endommagé des infrastructures près de Lebel-sur-Quévillon ». La situation « entraîne des interruptions de certains services pour les clients de Bell et Télébec dans les communautés de Miquelon, Waswanipi, Chapais, Chibougamau, Mistissini, Oujé-Bougoumou ». « Nos équipes sont prêtes à intervenir dès que ce sera sécuritaire de le faire », a-t-elle évoqué.

À environ 150 km au sud de Lebel-sur-Quévillon, la ville de Senneterre, de son côté, a commencé à être évacuée de façon préventive, mercredi. La communauté crie d’Oujé-Bougoumou, qui compte 900 personnes, avait également été évacuée mardi en soirée. Elle se trouve environ à 30 kilomètres à l’ouest de Chibougamau et à 10 kilomètres au nord de Chapais.

Avec Émilie Bilodeau et Fanny Lévesque