La Presse consacrait il y a une dizaine de jours une série de reportages⁠1 à la question suivante : Montréal est-elle encore une grande ville de sport ? La présidente du Conseil du sport de Montréal, Danièle Sauvageau, et le vice-président, Richard Legendre, y répondent.

Les 29 et 30 mai dernier, la communauté sportive se regroupait dans le cadre de la quatrième édition du Sommet du sport de Montréal. L’évènement comportait sept panels, neuf conférences et deux ateliers de travail, sur les thèmes de l’accessibilité, de la professionnalisation, de l’événementiel sportif et de la promotion d’une culture éthique et bienveillante en sport. C’est un peu plus de 250 personnes qui sont venues au complexe sportif Claude-Robillard pour discuter des enjeux et solutions pour répondre aux défis de la communauté sportive.

Après ces deux journées, il ne fait aucun doute que Montréal est une ville sportive. La question qu’on doit maintenant se poser : est-ce que Montréal est une grande ville sportive ? Selon nous, la réponse n’est pas aussi évidente.

L’événementiel sportif dans la métropole est rayonnant à la suite de deux années difficiles, Montréal a d’ailleurs remporté le titre de ville par excellence au Canada à ce niveau lors des trois premières années de l’indice de Tourisme sportif Canada. Fort de son héritage olympique, Montréal a su tailler sa place comme pôle sportif à travers le Canada. Aujourd’hui, le sport professionnel dans la métropole, quoi qu’on en dise, n’a pas à pâlir par rapport à bien d’autres villes nord-américaines. Est-ce qu’il y a des enjeux à ce titre ? Assurément.

Commencer par la base

Cependant, lorsque nous parlons de grande ville sportive, il faut arrêter de simplement regarder ces volets et commencer par la base. L’île de Montréal comprend plus de 350 clubs sportifs permettant à des dizaines de milliers de jeunes et moins jeunes de pratiquer une multitude de disciplines sportives. Avant toute chose, c’est ça le sport, des activités physiques permettant à des citoyennes et citoyens d’être plus en santé, de créer des liens sociaux et une communauté plus solidaire.

D’ailleurs, la Ville de Montréal a implanté une politique de reconnaissance et de soutien financier en sport régional à la fin de l’année 2022. Globalement bien accueilli par le milieu, l’écosystème sportif montréalais est actuellement inquiet de l’absence d’annonce quant au budget qui sera accordé à cette nouvelle politique.

Il est important de noter que l’enveloppe financière afin de soutenir ces organisations sportives régionales n’a pas été bonifiée ni même indexée depuis 27 ans.

C’est ainsi qu’afin de soutenir ces organisations, le Conseil du sport de Montréal a déposé une demande formelle d’augmentation de cette enveloppe de soutien financier de 2,3 millions de dollars annuellement. Sans tomber dans le cynisme, cette demande du milieu sportif nous semble raisonnable dans un budget annuel de 6,7 milliards pour la Ville de Montréal.

Si nous voulons nous targuer d’être une grande ville sportive, si nous souhaitons accueillir à nouveau de grands jeux multisports, il est temps pour les décideurs d’arrêter d’encenser le sport et de commencer à le financer. Le milieu sportif montréalais a besoin d’un rattrapage important et l’administration actuelle a une occasion historique d’agir.

* Danièle Sauvageau est directrice associée au Pôle sports HEC, PDG et entraîneure-chef au Centre de hockey de haute performance 21.02 et entraîneure olympique ayant remporté la première médaille d’or de l’équipe canadienne de hockey féminin ; Richard Legendre est directeur associé au Pôle sports HEC Montréal, ancien vice-président exécutif avec l’Impact de Montréal et ancien ministre responsable du dossier des sports

1. Lisez le dossier de La Presse : « Montréal, ville de sports ? » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion