La fascination du Nord-Américain pour les vachers coiffés de Stetson, les cowboys, fringants ou pas, est bien connue et documentée.

Ainsi, il existe chez nous des dizaines de festivals country ou western, c’est selon, et certains voient dans ces évènements un remède de cheval pour leur économie locale.

Mais on tombe très souvent sur de la copie, une pouliche ou un veau ressemblant généralement à un autre.

Les anthropologues Bernard Arcand et Serge Bouchard ont bien décrit cette mystique du gaucho du Colorado, avec leur livre Cow-boy dans l’âme.

Combien de Québécois ont prié sainte Nostalgie ou Loto-Québec afin qu’ils exaucent leur vœu de posséder un ranch, ou un genre de pseudo, pour leur retraite. Ils en ont dansé des danses en ligne à rêver d’un Nebraska en Arthabaska.

Aparté : vous saviez qu’il existe un Festival du Cochon volant ? À Saint-Alexis-de-Matapédia. Cochon, ça va, mais volant… Je devrai passer à la SQDC pour comprendre, comme pour le dernier que j’ai vu, il y a 100 ans, le cochon rose de Pink Floyd, qui planait, comme le public, lors des spectacles.

Quelques souvenirs comme ça, pris au lasso…

Festival western de Saint-Tite, il y a quelques années, invité par le maire de l’époque. Je l’imaginais grosse, l’affaire, mais pas assez : immense et délirante ! Complètement subjugué, et j’ai adoré.

J’ai même participé à la parade, bobble head (tête branlante) et mains flottantes, pourvoyeurs universels de civilités et de « bebailles ». Ça y allait fort sur la courbette ! Et merci encore aux Bottes Boulet pour l’équipement. Mais n’est pas Saint-Tite qui veut.

Les villes de Québec et Calgary sont jumelées depuis des décennies. Invités au Stampede, nous étions devant quelques milliers de personnes au pied du Grandstand, comme ils l’appellent, avant la course de Chuckwagon.

Comme 90 % de cette foule avait un verre à la main, et voyant que le party était pris, je me suis dit qu’un discours qui dépasserait les 30 secondes serait vraiment une mauvaise idée.

Je m’exécute en 27 secondes et 15 centièmes. Ouf !

Une ministre fédérale du Québec, que par pudeur je ne nommerai pas, me suit et lit pendant plusieurs minutes un texte totalement assommant sur notre beau et grand pays. Un désastre complet.

Ça ruait fort dans le Granstand. Gênant, j’aurais débranché le micro si j’avais pu. Misère !

Cette passion pour le gringo à cheval traverse aussi les frontières. Un ami, bourgmestre (maire) de Bruxelles, était tellement passionné qu’il portait des bottes de cowboy à la journée, et à longueur d’année… à Bruxelles, cherchez l’erreur ! Avec l’accent wallon, une fascinante caricature ! Goscinny aurait flippé.

Tout ça pour vous dire que je reviens d’un séjour à Grande et Petite-Vallée, en Gaspésie, deux lieux collés un par-dessus l’autre.

J’y suis allé rencontrer des leaders régionaux, à l’invitation d’Alan Côté, fondateur du Théâtre de la Vieille Forge et directeur du Festival en chanson de Petite-Vallée.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Préparation d’un spectacle du Festival en chanson de Petite-Vallée 2021

Grande-Vallée a aussi créé un festival country il y a trois ans, sûrement avec les meilleures intentions du monde…

Le Festival en chanson, lui, rendu à sa 40e édition, un miracle en soi, est devenu une institution culturelle au Québec. Il accueille des milliers de personnes à tous les ans, attirées par une programmation bâtie avec les plus grands artistes francophones québécois.

J’ai discuté avec ces leaders de mon expérience, et de comment une ville, petite ou grande, peut se développer une personnalité distinctive, une marque de commerce payante en s’appuyant sur la culture.

Et de quelle façon Québec, surfant sur la vague des fêtes du 400e, et en y investissant tout l’argent nécessaire, a créé un véritable buzz qui fait qu’elle est maintenant étiquetée comme un lieu grouillant d’activités culturelles où évoluent des artistes magnifiques et singuliers.

Et pourquoi nous avons entre autres choisi de nous concentrer particulièrement sur la relève, en créant le programme Première Ovation, qui, en 15 ans, a accompagné 19 000 jeunes talents dans 13 disciplines.

À une autre échelle, c’est ce que pourrait devenir Grande et Petite-Vallée, en utilisant davantage les possibilités de leur Festival en chanson, et ainsi s’aider à retenir et attirer les nécessaires jeunes, de nouvelles familles, plus de touristes, redonner le goût à ceux qui sont partis de revenir, etc.

Comme l’a fait le chanteur Daniel Boucher, que j’ai connu à cette occasion, qui réside maintenant à Mont-Louis et qui souhaite accueillir en Gaspésie une nouvelle « gang de malades », comme il le chante dans La désise.

Maintenant, la salle de spectacle du festival, le Théâtre de la Vieille Forge, est passée au feu en 2017, et le tout fonctionne temporairement, depuis, sous un chapiteau.

Tout est prêt pour commencer les travaux de reconstruction, en août prochain. Évidemment, les soumissions ouvertes montrent des coûts plus élevés que prévu, comme tous les projets d’infrastructures au Québec.

Espérons que les gouvernements donneront le feu vert à temps pour leurs contributions financières finales, afin de respecter l’échéancier. On parle ici d’un monument !

Le Festival en chanson est à la Gaspésie ce que le Festival d’été est à Québec.

Et je crois toujours que c’est avec cette matière première, la culture, qu’on peut concocter le meilleur remède de cheval.

Entre nous

Ma paye pour ma présence là-bas : un magnifique souper de homards chez Denise, la maman d’Alan. Merci ! Repus pour l’année. Check !

Je m’ennuie de l’incroyable Michel Côté, que tous les Québécois considéraient comme un ami. Mes pensées à la famille.