Il va sans dire, trouver une place en garderie ou en centre de la petite enfance (CPE) est un réel casse-tête pour les familles québécoises. Selon le ministère de la Famille, près de 30 000 enfants qui auraient dû avoir accès à une place en service de garde éducatif à l’enfance avant le 31 décembre 2022 étaient encore en attente au 31 mars 2023 et près de 28 000 femmes enceintes sont préinscrites à La Place 0-5⁠1. C’est beaucoup de familles qui espèrent trouver un milieu de garde rapidement.

Saluons d’emblée l’important chantier de création de places déployé par le ministère de la Famille qui prévoit 37 000 nouvelles places subventionnées additionnelles d’ici 2024-2025⁠2. Ces nouvelles places sauront assurément combler une partie des besoins des familles.

Un enjeu de taille : la pénurie de personnel qualifié

Rappelons toutefois que la problématique vécue sur le terrain dépasse le manque de places disponibles. En 2021, il manquait déjà 10 000 éducateurs et éducatrices dans les services de garde au Québec. Avec la création des places, cette pénurie est d’autant plus importante aujourd’hui.

L’enjeu réside aussi et surtout dans le manque de personnel éducateur qualifié. Par exemple, que se passe-t-il si l’éducatrice est absente le matin pour prendre en charge son groupe ?

C’est un véritable effet boule de neige : pas de personnel formé en nombre suffisant, pas de remplacement possible en cas d’imprévus, pas de parent au travail et donc pas de travailleur pour contribuer à l’économie québécoise !

S’ajoute à cela l’importance de la qualification du personnel éducateur. Le Québec exige à tous les milieux de se conformer à un ratio de qualification pour assurer la qualité des services offerts à nos tout-petits, dans cette période où tout se joue sur le plan du développement.

Parcours travail-études et RAC96 en petite enfance

C’est à la suite de plusieurs mois de mobilisation et de concertation de toutes les parties prenantes du secteur de la petite enfance que sont nés le Parcours travail-études en petite enfance (COUD) et la démarche RAC96. Ces deux solutions ont un objectif commun : combler à court terme les besoins de main-d’œuvre tout en maintenant la qualité des services à long terme, et ce, en misant sur le développement de compétences, la diplomation et la qualification du personnel éducateur. Autour de ce projet innovant du C.A. du Comité sectoriel de main-d’œuvre – Économie sociale et action communautaire (CSMO-ESAC) sont mobilisés les six associations nationales d’employeurs, plusieurs ministères et l’ensemble des centrales syndicales.

Le Parcours travail-études en petite enfance permet d’attirer et de former les personnes commençant leurs études collégiales grâce au mode travail-études. La démarche RAC96, quant à elle, vise à reconnaître les compétences des personnes expérimentées. Ces deux solutions sont gagnantes à la fois pour les employeurs, qui obtiennent un soutien financier leur permettant de rémunérer les heures de RAC et d’études de leur personnel, ainsi que pour les employés, qui obtiennent un diplôme leur ouvrant les portes d’une future qualification et de meilleures conditions de travail et salariales.

En quelques mois, ces deux projets ont été déployés dans toutes les régions du Québec, offrant ainsi à plus de 800 milieux des solutions concrètes pour affronter la pénurie de main-d’œuvre.

Ces deux solutions soutiennent des centaines de gestionnaires à maintenir le service aux familles, permettent à autant d’enfants, voire plus, d’avoir accès à une place en CPE ou garderie et à leurs parents de se consacrer pleinement à leur carrière.

En cette Semaine des services de garde éducatifs à l’enfance, valorisons collectivement les solutions à notre portée pour offrir un réseau de services éducatifs de qualité où toutes et tous pourront s’épanouir. Misons sur le développement des compétences du personnel éducateur pour révéler les talents des tout-petits.

1. Consultez le Tableau de bord du développement de places du ministère de la Famille 2. Consultez le plan d’action : « Grand chantier pour les familles »

* Cosignataires : Odette Trépanier, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre en économie sociale et action communautaire (CSMO-ÉSAC) ; Julie Frappier, directrice du projet RAC96 en petite enfance (CSMO-ÉSAC) ; Mylène Leduc, directrice du projet Parcours travail-études en petite enfance (CSMO-ÉSAC) ; Francine Lessard, directrice générale du Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance (CQSEPE) ; Samir Alahmad, président de l’Association des garderies privées du Québec (AGPQ) ; David Haddaoui, président de l’Association des garderies non subventionnées en installation (AGNSI) ; Sandro Di Cori, directeur général de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) ; Mario Ranallo, président du Rassemblement des garderies privées du Québec (RGPQ) ; Élyse Lebeau, directrice générale de l’Association des cadres des centres de la petite enfance (ACCPE) ; Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale ; Louise St-Jacques, présidente, Centre St-Pierre ; Charles Fillion, représentant, Coalition des organismes communautaires autonomes de formation (COCAF) ; Valérie Michaud, professeure, gestion des entreprises sociales et collectives, Université du Québec à Montréal (UQAM) ; Benoist de Peyrelongue, directeur général de La cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM) ; Richard Gravel, directeur général du Collectif des entreprises d’insertion du Québec (CEIQ) ; Richard Foy, directeur des services aux membres et du développement, Réseau québécois des OSBL d’habitation ; Marie-Josée Paquette, directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) ; Michel Du Cap, conseiller syndical de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

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