L’annonce de la candidature de Joe Biden pour un deuxième mandat à la présidence des États-Unis lors de l’élection de 2024 fait couler beaucoup d’encre. Alimentés par le sentiment d’une majorité de l’électorat qui juge que le pays n’est pas sur la bonne voie, les plus récents sondages démontrent que le président sortant est vulnérable avec un taux d’approbation oscillant autour de 40 %.

De plus, les Américains n’ont vraiment pas d’enthousiasme pour une reprise du duel de 2020 entre Joe Biden et Donald Trump. Malgré ses nombreux démêlés avec la justice, ce dernier continue de dominer la faveur des républicains. Les possibilités sont donc bien réelles pour la tenue d’une deuxième manche.

Chez les démocrates, une majorité de partisans souhaiterait un autre porte-étendard que Biden pour la prochaine campagne. Sa colistière sera à nouveau la vice-présidente Kamala Harris, qui n’a vraisemblablement pas la cote auprès de l’électorat.

À l’heure actuelle, les chances de Joe Biden semblent dépendre de certaines questions clés comme l’état de l’économie, l’impact de son bilan, son âge et sa capacité d’imposer la question de l’urne en novembre 2024.

La situation économique

On se rappelle la fameuse citation d’un conseiller de Bill Clinton, James Carville, lors de la campagne présidentielle de 1992 : « It’s the economy, stupid ! » (C’est l’économie, stupide !) Comme c’était le cas 32 ans plus tôt, la question économique dominera assurément les débats politiques en 2024.

Certains chiffres ne paraissent pas si mal pour Joe Biden. Plus de 12 millions d’emplois ont été créés durant son mandat, ce qui est un record, et le taux de chômage est présentement au taux enviable de 3,5 %.

Or, ces éléments sont assortis du plus haut taux d’inflation en 40 ans ainsi que d’une hausse marquée des taux d’intérêt.

S’ajoutent à cela les faillites de certaines banques telles que la Silicon Valley et la First Republic. Puis, la perspective d’une récession point toujours à l’horizon. Tous ces éléments éclipsent les précédents points positifs et provoquent des inquiétudes et de l’incertitude chez l’électorat.

Le débat en cours au Congrès concernant le plafonnement de la dette ne fait rien pour instaurer la confiance. La majorité des Américains désapprouve la gestion de l’économie par l’administration Biden. Pour renverser cette donnée, le président doit élargir le débat.

Faire connaître le bilan de Biden

Plusieurs observateurs constatent que Joe Biden a des réussites marquantes à son actif sur les plans économique, environnemental et social. Ceux-ci demeurent toutefois grandement méconnus. Depuis le début du mandat, les secteurs de l’infrastructure, de la technologie et du manufacturier ont fait l’objet d’importants investissements et de législation bipartisane. On peut déjà entrevoir plusieurs annonces à ces sujets au fil des prochains mois.

La gestion de la pandémie de COVID-19, qui fut chaotique sous l’administration Trump, a été menée avec beaucoup plus d’efficacité sous Joe Biden.

Aussi, son leadership au sujet de l’alliance en appui à l’Ukraine dans la guerre déclenchée par la Russie a fait démonstration que les États-Unis ont repris leur leadership sur le plan mondial.

Il reste que le climat politique hautement polarisé n’aide pas à faire connaître l’impact des gains de l’administration Biden dans ces secteurs clés, une nécessité pour le président sortant s’il veut contrer efficacement les attaques de ses adversaires.

L’âge du président, une question délicate au cœur de l’actualité

Alors qu’il aura 82 ans au lendemain de l’élection de 2024, le président le plus âgé de l’histoire américaine pourrait voir son âge devenir un enjeu électoral important.

Biden reconnaît d’emblée qu’il sera scruté à la loupe à cet égard lors de toutes ses interventions publiques. Lors du récent dîner annuel des correspondants de la Maison-Blanche, le président a habilement choisi d’utiliser l’humour pour faire face à cette préoccupation. Son bilan de santé est solide et il possède bien la complexité des dossiers qu’il dirige lors de ses entrevues et de ses apparitions publiques.

Néanmoins, en 2024, Joe Biden ne pourra pas miser sur une campagne virtuelle diffusée de sa résidence comme il l’a fait en 2020 en raison de la pandémie. À voir, donc, s’il sera à la hauteur lorsque les rigueurs de la campagne électorale se présenteront.

Bien sûr, si Donald Trump, qui aura 78 ans en novembre 2024, est l’adversaire de Joe Biden, la question de l’âge sera moins centrale.

Imposer la question de l’urne

Lors de son annonce, Biden a martelé qu’il souhaite terminer le travail commencé lors de son premier mandat pour assurer la prospérité, l’équité et la véritable considération des questions environnementales.

Il évoque ses préoccupations pour l’état de la démocratie, pour les restrictions de l’accès à l’avortement et pour la nécessité d’un meilleur contrôle des armes à feu. On se rappelle que ces enjeux ont grandement influencé la mobilisation et la sortie du vote aux dernières élections de mi-mandat.

En 2024, Joe Biden devra ainsi articuler sa vision pour l’avenir afin d’en faire la question de l’urne. Tout en relevant ce défi, il devra aussi se préoccuper du contrôle du Congrès, qui sera un enjeu essentiel à la bonne gouvernance du pays durant le prochain mandat.

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