Devant les inégalités que subissent les jeunes placés et ex-placés de la DPJ, les Partenaires pour le bien-être des jeunes placés et ex-placés de la DPJ ont décidé de se porter à la défense de leurs intérêts et de les faire entendre.

La publication récente d’un cadre d’évaluation qui permettra de mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre des recommandations de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ) doit être applaudie, d’autant qu’elle est le fruit d’un regroupement bénévole. Cette liste d’actions à entreprendre nous donne l’occasion de revenir sur ce que le gouvernement a fait jusqu’à présent, mais aussi de constater tout ce qu’il reste à faire pour améliorer les conditions de vie et de développement des jeunes placés et ex-placés.

Ainsi, nous devons saluer certaines modifications législatives entrées en vigueur le 26 avril dernier. Nous devons nous réjouir de l’obligation d’élaborer, avec le jeune, un plan de transition vers son autonomie, ou encore, de l’obligation de la DPJ d’informer les jeunes de leur droit de demeurer en famille d’accueil après l’âge de 18 ans. Nous devons aussi souligner l’élargissement du Programme de qualification des jeunes (PQJ) et le déploiement des Aires ouvertes au Québec.

Malgré ces avancées, nous demeurons préoccupés par l’application concrète des modifications à la Loi sur la protection de la jeunesse. À notre connaissance, la participation des organismes de la communauté consacrés aux jeunes en transition n’a pas été sollicitée pour bien planifier ces mesures vers l’autonomie. Plusieurs jeunes nous racontent encore s’être fait « mettre à la rue » à leur majorité. Nous sommes également préoccupés par l’accessibilité réelle des programmes 18-25 ans, élaborés strictement par le ministère de la Santé et des Services sociaux lorsque les besoins sont multidimensionnels. Une réponse intégrée aux besoins des jeunes est requise et il est évident que la solution doit être interministérielle, mais surtout intersectorielle.

Le rapport de la commission Laurent était pourtant très clair. On y recommande un programme offert jusqu’à l’âge de 25 ans, couvrant les volets du logement, de la scolarisation et de la qualification professionnelle, du revenu, du soutien social et communautaire et de l’accès à des services de santé et services sociaux.

Le Conseil national des défenseurs des jeunes pris en charge (Canada), qui a publié, en 2021, le rapport Normes équitables de transition vers l’âge adulte pour les jeunes pris en charge, abonde dans le même sens.

À cela s’ajoutent les résultats de la recherche, toujours sombres, sur les conditions de vie des jeunes placés, sur la sous-scolarisation des jeunes sortant de placement, sur leur santé mentale précaire et sur le nombre de jeunes qui vivent de l’itinérance ou de l’instabilité résidentielle importante, entravant leur fonctionnement et leur intégration à la société.

Du fait de ces constats malheureux, la commission Laurent aura accordé une grande importance au bien-être des jeunes, à leurs conditions de vie, à l’humanisation des approches de réadaptation et à la stabilisation des situations des enfants, et ce, le plus tôt possible.

Quant à l’avancement actuel des autres pans du rapport de la commission, un constat s’impose : déjà plus de deux ans se sont écoulés depuis son dépôt et la recommandation phare de nommer un Commissaire au bien-être et aux droits des enfants n’a toujours pas été mise en œuvre. Pourtant, cette mesure est essentielle au respect des droits des enfants et des jeunes ainsi que pour assurer leur pleine participation à la société. Ils le méritent tant.

* Cosignataires : Cécile Arbaud, directrice générale de Dans la Rue, cofondatrice de la Coalition Jeunes+ ; Nancy Audet, journaliste, animatrice, auteure, conférencière, marraine de la Fondation des jeunes de la DPJ et porte-parole du programme de mentorat 16-21 pour l’organisme Grands frères, Grandes sœurs du Québec ; Fabienne Audette, directrice générale de la Fondation des jeunes de la DPJ ; Benoit Bernier, cofondateur et directeur développement de Déclic ; Marie-Ève Brousseau, chargée de projet à Mobilisation, Coalition Jeunes+ ; Anick Charland, ex-placée et membre du conseil d’administration du Centre amitié, ressources et entraide pour la jeunesse (C.A.R.E. Jeunesse) ; Jessica Côté-Guimond, ex-placée et directrice du Collectif Ex-placé DPJ ; Mélanie-Maxine Doucet, ex-placée, chef de recherche et projets, Ligue pour le bien-être de l’enfance du Canada et professeure adjointe, Université McGill, École de travail social ; Benoit Duplessis, du Regroupement des fondations pour la protection de la jeunesse du Québec (RFPJQ) ; Gabriela Gomez, Director of Social Counseling, Head and Hands ; Martin Goyette, cotitulaire de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec ; directeur du partenariat EDJeP, École nationale d’administration publique ; Catherine Ippersiel, instigatrice et porte-parole, Bagages de vie ; André Lebon, consultant et ex-vice-président de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse ; Myriam Lepage-Lamazzi, coordonnatrice, Mouvement Jeunes et Santé mentale ; Sonia Lombart, cofondatrice et directrice générale, Déclic ; Varda Mann-Feder, professeure titulaire, Applied Human Sciences, Université Concordia ; Judy Martin, Executive director, Fondation Hylcan ; Michael Udy, consultant ; Mikah Youbi, directeur général fondateur de Renaître de la Rue et ex-placé de la DPJ ; Nicolas Zorn, entrepreneur social et ex-placé de la DPJ

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