Si aucune action structurante n’est posée, bien des citoyennes et des citoyens continueront d’être privés d’un accès aux soins de santé auxquels ils ont droit.

Nous l’avons constaté dans le cadre d’une tournée des pôles en santé du Québec, effectuée au cours de l’année 2022. Une douzaine d’établissements ont été visités à travers la province, ainsi que les quatre facultés de médecine. Jamais le Collège des médecins n’avait mené pareille démarche sur le terrain. Cela s’inscrit dans sa mission de protection du public.

Un sondage révélateur

Cette tournée a été décidée dans la foulée des résultats d’un sondage sur l’accès aux soins, mené dans le cadre de notre Chantier sur l’accès à un médecin et la cessation d’exercice. Quelque 2700 médecins y ont répondu, ainsi que 1100 membres du public. Le sondage révélait que la population québécoise estimait ne pas avoir accès au réseau de la santé dans un délai raisonnable.

Fait troublant : près d’un répondant sur deux affirmait même avoir renoncé à consulter un professionnel de la santé, convaincu de l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous.

Des constats inquiétants

Selon un grand nombre de médecins et plusieurs comités d’usagers rencontrés, une personne n’aura pas le même accès aux soins de base ou spécialisés dans un rayon géographique acceptable, selon la région où elle se trouve. En effet, les gestionnaires des CISSS et des CIUSSS peinent à offrir, dans les hôpitaux d’un même territoire, un accès uniforme aux soins, avec une même couverture d’effectifs. Hélas, c’est une autre forme de médecine à deux vitesses.

La vétusté des infrastructures est un frein à l’attraction du personnel, dont le manque se fait cruellement sentir partout. Cette situation prévaut autant en région que dans les grands centres. De plus, le réseau tarde à s’adapter aux enjeux démographiques, notamment le vieillissement et le déplacement de la population. Le volet populationnel est aussi en reste par endroits, avec une difficulté marquée d’accès aux soins en santé mentale et aux soins à domicile. Il y va de la responsabilité sociale du réseau envers la communauté qu’il dessert.

Situations angoissantes pour la patientèle et les médecins

Au quotidien, des médecins en région sont confrontés à des choix déchirants et à une grande détresse lorsqu’ils constatent, par exemple, qu’aucun cardiologue ne sera disponible pendant la nuit dans leur établissement et que l’urgence régionale est presque à découvert.

Par ailleurs, pour les patients, il y a trop de changements dans les établissements, et il est difficile d’établir un lien durable avec un professionnel de la santé en particulier. Chaque fois, on repart de zéro, on raconte son histoire de nouveau.

Une assise

Et pourtant, si le réseau tient le coup, malgré la pénurie de personnel, l’état des infrastructures et les listes d’attente, c’est en raison du grand engagement du personnel à soigner le public. Cela, nous l’avons constaté partout et les comités d’usagers nous l’ont bien exprimé. C’est l’assise sur laquelle il faut miser pour rendre les soins plus accessibles aux citoyens, peu importe où ils se trouvent au Québec.

Le Collège des médecins du Québec poursuivra sa tournée, notamment dans le Grand Nord. D’ici là, son rapport est accessible.

Consultez le rapport du Collège des médecins Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion