Dans les derniers jours, plusieurs signes indéniables nous démontrent que le printemps est arrivé : la neige fond, les fleurs bourgeonnent et le ministère des Finances du Québec a déposé son budget. Dans le milieu communautaire, l’espoir d’un temps plus doux était au rendez-vous.

Malheureusement, les ressources accordées s’avèrent, encore une fois, insuffisantes. Pour les 227 maisons des jeunes (MDJ) membres du Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ), représentant plus de 270 milieux de vie à travers la province, la déception est vive : les sommes accordées démontrent une réelle incompréhension du rôle essentiel qu’elles jouent dans la société québécoise.

D’après les plus récentes données dont le RMJQ dispose, il y aurait un manque à gagner de 72 millions de dollars annuellement pour que les 227 MDJ puissent réellement répondre aux besoins des ados. Or, selon ce qui est annoncé pour le moment, chaque MDJ pourrait recevoir un montant de 12 000 $, provenant de l’enveloppe de 36 millions allouée à plus de 3000 organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux. Visiblement, la différence entre les besoins du terrain et la réponse du gouvernement est majeure.

La santé mentale des ados est préoccupante, mais les MDJ sont toujours présentes !

Les MDJ, ce sont de véritables milieux de vie polyvalents. Poussées par une approche globale, elles permettent aux ados de consolider leur estime de soi, en développant leur solidarité autour de projets collectifs. Tout en s’amusant, les jeunes y trouvent des moyens de s’exprimer et d’agir, de prendre soin de leur santé et bien-être, de développer leur autonomie, de comprendre les bases de la démocratie, etc.

Les MDJ portent donc mille et un chapeaux, dont celui de la prévention et de la promotion en santé mentale. Alors que la santé mentale des jeunes est fragile, les MDJ font partie de la solution pour les accompagner, les sensibiliser et les informer. D’ailleurs, selon un récent sondage mené par le RMJQ auprès de ses membres, 91,7 % des MDJ ont participé à des projets ou des activités de promotion ou de prévention de la santé mentale chez les jeunes cette année tels que sur l’anxiété, la gestion des émotions, les saines relations, etc. Combien de financement ont-elles reçu, selon vous, pour la prévention en santé mentale ? Pour la très grande majorité : 0 $. C’est un non-sens alors qu’on estime qu’un peu plus de 15 000 jeunes ont été rejoints grâce à ces projets.

Des conditions de travail inadéquates pour favoriser le lien significatif essentiel avec les ados

De plus, alors que l’intervention en MDJ, notamment celle en santé mentale, est basée sur le lien significatif que développent et entretiennent les adolescents et les intervenants, les conditions actuelles de travail en MDJ sont loin d’être optimales. Conséquence du sous-financement chronique, les taux de roulement et de rétention de personnel démontrent clairement que les MDJ peinent à recruter et à garder les intervenants qui se tournent, à contrecœur, vers d’autres milieux de travail plus avantageux.

Toujours selon le même sondage, on estime que plus de la moitié (57,5 %) des intervenants gagnent un salaire horaire inférieur à 20 $. Alors que des établissements de restauration rapide proposent des salaires à l’entrée allant jusqu’à 17 $/heure. Ces salaires sont loin d’être compétitifs pour des personnes qui doivent jongler avec un horaire atypique et de grandes responsabilités, en plus d’avoir une formation spécifique.

Au moment où les beaux jours reviennent, réfléchissons collectivement aux éléments dont ont besoin nos jeunes pour s’épanouir et investissons dans ceux et celles qui sèment de la justice sociale, de la démocratie et du respect dans leurs esprits, comme les MDJ.

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