Il y a un vent dans l’air. Un désir intense d’amnésie collective de la COVID-19 et de tous les bouleversements qu’elle a entraînés sur son passage, notamment les morts par milliers de nos parents âgés, isolés et seuls, les confinements et le couvre-feu, le port du masque et la vaccination incitative.

Un humoriste va enterrer la COVID-19 dans son prochain spectacle pour en finir. Cet exercice humoristique va possiblement offrir un moment de catharsis covidienne collective, une thérapie de groupe nécessaire. Tout cela est bienvenu, mais il demeure vital de ne pas enterrer avec tous nos mauvais souvenirs de la COVID-19 les leçons que nous devons retenir de cette dernière.

Je me permets de le répéter : il ne faut pas commettre la double faute qui est celle de ne pas avoir été préparé et, de surcroît, de ne pas apprendre de nos erreurs dans un deuxième temps.

En fait, il y a quelques constats qui émergent de façon répétée des pays qui ont eu un taux de létalité moindre1. Par exemple, les pays qui ont pu insuffler la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et entre les citoyens eux-mêmes ont fait mieux. En d’autres mots, un minimum de cohésion sociale aide à la réponse globale. Cette confiance découle de deux aspects primaires : la communication transparente des risques par les autorités et l’engagement des communautés.

Nos autorités ont tout à gagner à communiquer ce qu’elles savent, ce qu’elles ne savent pas et ce qu’elles voudraient savoir sans détour. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela crée de la confiance car c’est une posture d’humilité et de transparence. Par conséquent, dans le doute, devant un virus émergent, le principe de précaution devrait être mis en avant. Cela veut dire en faire un peu plus initialement, le temps que nos connaissances avancent sur le sujet.

On ne le dira jamais assez, l’engagement des communautés est la clé, que ce soit pour Ebola, le choléra ou la COVID-19. Les éclosions/épidémies commencent et se terminent dans les communautés. L’adhésion et l’appropriation des communautés touchées par les mesures sanitaires sont déterminantes pour réduire la propagation. Constat répété dans plus d’une quinzaine de commissions et de rapports internationaux.

Mais avant qu’on tourne la page complètement sur la COVID-19, voici mon dernier message : si nous voulons faire mieux collectivement dans la gestion de la prochaine pandémie, il est impératif que nous créions un écosystème mondial où les outils de contre-mesures (diagnostics rapides, traitements et vaccins) pour combattre une épidémie/pandémie soient équitablement accessibles. Ce qui veut dire des biens communs et non des biens privés.

Tous doivent avoir accès à ces derniers en temps et en heure pour le maximum d’impact sur la santé des personnes et des populations touchées. Et non pas une fois que le pic épidémique est passé.

Jusqu’à ce jour, seulement le tiers des populations dans les pays à faibles revenus ont reçu une dose de vaccin2. Pendant ce temps, nous avons des surplus de vaccins qui se périment un peu partout sur la planète. Force est de constater que, vu l’évolution de la pandémie, de nombreux pays à faibles revenus sont passés à d’autres priorités sanitaires. Tout est une question de timing.

Présentement, pendant qu’une négociation soutenue sur un traité pandémique se déroule au sein des États membres de l’Assemblée mondiale de la santé, le Canada doit avoir le courage politique de porter ce message et de ne pas se laisser intimider par le secteur privé qui croit que l’idéation d’un bien commun tue l’innovation. Le principe de solidarité devrait être la devise canadienne dans ces pourparlers, car pour que tous soient en meilleure santé, il faut que chacun de nous soit en meilleure santé. Il en va de même pour notre sécurité sanitaire.

1. Consultez l’étude dans The Lancet (en anglais) 2. Consultez le document d’Our World in Data (en anglais) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion