Comment réagir lorsque votre enfant vous demande ce que ça veut dire « se faire violer » ? Comment savoir si votre ado a déjà vécu une agression sexuelle ? Croire que les violences sexuelles ne se résument qu’à la pénétration forcée est l’équivalent de retourner 25 ans en arrière lorsqu’on estimait qu’il fallait avoir été battu dans la cour d’école pour avoir subi de l’intimidation…

Ces violences si présentes chez les jeunes peuvent être prévenues, mais il est impératif de passer à l’action dès maintenant. En tant que société, il est de notre devoir de mieux s’éduquer auprès des experts en la matière afin d’être en mesure d’agir en amont et non simplement de manière réactive face à ce fléau.

Il ne se passe pas une seule journée sans que nous recevions des dizaines de messages de jeunes élèves qui nous partagent leurs expériences vécues dans le milieu qui, par définition, devrait être le plus sécuritaire pour eux : leur école.

Jade* nous relate : « Un garçon de mon école m’a agrippée les seins par derrière quand j’étais à mon casier et son groupe d’amis et lui sont partis en éclatant de rire. »

Emily* nous raconte : « Mon enseignant a dit que les filles devaient s’habiller plus “sagement” pour pas que les garçons soient tentés de quoi que ce soit. »

Ces messages sont parmi les plus « censurés » que nous recevons quotidiennement.

Éduquer, éduquer, éduquer

Au Québec, les personnes de moins de 18 ans représentent la majorité (62 %) de toutes les victimes d’infractions sexuelles signalées par les services de police.

Comment éviter de briser ces précieuses vies ? Éduquer et former les jeunes élèves ainsi que les figures d’autorité qui les entourent au quotidien sur les enjeux de dynamiques de pouvoir, de biais socioculturel, de masculinité toxique et de consentement s’avère être une étape essentielle vers l’atteinte d’une solution durable.

Cela signifie que tous ont un rôle à jouer dans la prévention de ces violences et que le poids d’identifier ces agressions ne doit plus seulement reposer sur les épaules du survivant ou de la survivante.

En effet, si tous sont éduqués sur les signes précurseurs de potentielles situations d’abus, tous sont également responsables et aptes à les reconnaître et les prévenir.

Donner au suivant

Nous avons déjà été appelées à donner des formations dans les universités lors des semaines d’initiation, mais les premiers épisodes d’agressions sexuelles ont majoritairement lieu bien avant l’accès aux études supérieures. C’est la raison pour laquelle il est primordial d’éduquer les élèves du secondaire sur cet enjeu fondamental.

Le manque flagrant de connaissances sur les actes qui représentent des violences sexuelles ainsi que l’ignorance en ce qui a trait à la misogynie et au consentement sont des problèmes auxquels il existe une solution si évidente : éduquer le milieu de l’éducation.

Agir lorsqu’elles se produisent est nécessaire, mais le mal est déjà fait. Il faut intervenir en amont dans le but de les prévenir. Ces violences à caractère sexuel qui se produisent en milieu scolaire, un environnement où les jeunes en pleine évolution devraient être en mesure de librement déployer leurs ailes et se développer dans le but d’accéder à leur plein potentiel, représentent un obstacle majeur à l’atteinte de ces objectifs.

Ne pas avoir à vivre dans la peur lorsque l’on cherche simplement à s’instruire ne devrait pas être considéré comme un privilège. Il doit s’agir d’un droit humain fondamental.

Non seulement une meilleure compréhension de ce problème permettra l’amélioration de la vie des jeunes adolescents d’aujourd’hui, mais également ces notions leur serviront tout au long de leur trajectoire de vie en tant qu’adultes.

Ils seront donc à leur tour en mesure de participer activement à l’établissement d’un milieu plus sécuritaire pour les jeunes de demain. Que ce soit dans leurs relations de couple ou à travers leur parcours professionnel, familial et social, ces adultes sensibles et respectueux rentabiliseront cet investissement fait aujourd’hui et qui aura des répercussions positives sur plusieurs vies et générations à venir.

Éduquer les jeunes maintenant, c’est aider à construire notre société de demain.

* Prénom fictif pour préserver l’anonymat

Parmi les vrais influenceurs de La Presse

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Les sœurs Florence-Olivia et Marie-Emmanuelle Genesse

Florence-Olivia et Marie-Emmanuelle Genesse – The Sis - ont été nommées par La Presse en novembre dernier comme étant parmi les 15 vrais influenceurs du Québec qui bousculent le statu quo. Elles font leur doctorat en droit (spécialisation violence sexuelle et conjugale). Leur mission est d’éduquer et de former les gouvernements, institutions scolaires, entreprises, premiers répondants et autres à prévenir des drames, mais aussi des atteintes aux droits fondamentaux au quotidien.

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