Xavier aura 5 ans l’automne prochain. Au cours du mois de février, ses parents devront l’inscrire à la maternelle. Xavier a hâte parce qu’à son CPE, on lui a parlé de la maternelle et on a fait plein d’activités pour s’y préparer.

Natalya aussi ira à la maternelle l’an prochain. Il y a près d’un an, ses parents ont fui leur pays en guerre et ont été accueillis au Canada. Elle ne fréquente pas un service éducatif à l’enfance, car les familles demandeuses d’asile n’ont pas accès aux places subventionnées. Les frais de 45 $ par jour demandés par les places non subventionnées (au lieu de 8,70 $) sont beaucoup trop élevés pour ses parents qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Sa mère a donc dû réduire ses heures de travail et ses cours de francisation pour s’occuper d’elle lorsque la voisine n’était pas disponible pour le faire.

Le passage à la maternelle est une étape importante pour Xavier et Natalya. Ils y apprendront, entre autres, à vivre des relations harmonieuses avec les autres et à bien communiquer. Ils se prépareront aussi à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Ils entreront toutefois à l’école avec un bagage bien différent.

Une entrée à la maternelle postpandémie

Pandémie, inflation et crise du logement : les dernières années n’ont pas été faciles, c’est le moins que l’on puisse dire !

Selon les études parues à ce jour, ce sont les familles les plus vulnérables sur le plan socio-économique, comme celle de Natalya, qui en subissent le plus les conséquences. Les tout-petits de ces familles ne sont malheureusement pas épargnés. De plus, le processus d’immigration exige une adaptation psychologique et socioculturelle importante, sans parler des conditions de vie précaires de nombreuses familles immigrantes. Ces facteurs de risque peuvent avoir des conséquences sur la santé physique des enfants, leur santé mentale et leur développement.

Selon plusieurs partenaires du Réseau réussite Montréal, les enfants qui sont arrivés en maternelle 4 ans ou 5 ans cette année vivraient plus de difficultés qu’auparavant. Certains enfants ont des problèmes de santé ou de développement non diagnostiqués parce qu’ils n’ont pas été vus récemment par un médecin.

Or, les milieux ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour bien les soutenir. Du côté de la Maison bleue, un organisme qui travaille de près avec les familles immigrantes, on observe que l’apprentissage du français est plus difficile. Certains enfants plus vieux qui sont suivis par des centres de pédiatrie sociale demeurent en classe d’accueil pendant deux ans alors qu’ils y passaient de trois à six mois auparavant.

Selon les plus récentes données recueillies à Montréal, les enfants nés à l’extérieur du Canada qui ont fréquenté exclusivement un CPE sont cinq fois moins susceptibles d’être vulnérables dans au moins un domaine du développement que ceux qui n’ont fréquenté aucun service éducatif. Ne serait-il pas gagnant de s’assurer que tous les enfants puissent bénéficier de cet effet protecteur ?

Alors que le taux d’échec à l’examen d’écriture chez les élèves du secondaire a augmenté de façon préoccupante depuis le début de la pandémie, rappelons-nous que les interventions pendant la petite enfance sont celles qui sont les plus efficaces et rentables en matière de santé et de réussite éducative. Et n’oublions pas de donner les mêmes chances à chaque enfant, peu importe son statut d’immigration.

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