En réponse à la publication de Richard Chevalier, « Santé des jeunes et réussite scolaire : plus d’éducation physique, SVP !⁠1 », publiée le 28 décembre

L’école ne peut pas régler tous les problèmes des jeunes. On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant et qu’il faut que chacun contribue au développement de ces enfants afin de leur offrir le plus d’outils possible pour maintenant et plus tard.

Notre village, je le trouve magané. Personne n’est mal intentionné, mais nos rythmes de vie sont complètement fous. Élever un enfant, ça prend du temps. Ça prend une présence dans le moment présent que notre société a bien du mal à s’offrir.

L’école ne peut pas régler tous les problèmes des jeunes. C’est la raison pour laquelle je suis chatouillé chaque fois que je lis un texte comme celui de M. Chevalier1, « Il faut plus d’éducation physique, SVP ! ».

Si le seul problème des enfants devant nous était leur condition physique, je serais derrière M. Chevalier sans aucune réserve, mais il faut regarder plus large que juste les données probantes d’une seule étude.

Nos jeunes rencontrent des défis majeurs pour être heureux. Des défis qui ne sont peut-être pas toujours faciles à quantifier, mais qui sont visibles dans nos classes.

Il faut se demander comment on pourrait utiliser chaque minute disponible afin d’aider les élèves à faire face aux problèmes qu’ils vivent. Auraient-ils besoin de travailler davantage leurs habiletés sociales ? D’avoir des outils pour gérer ce fléau qu’est l’anxiété ? De mieux contrôler leur impulsivité et d’apprendre à se déposer ? De stimuler leurs fonctions exécutives ? Que pouvons-nous faire pour réduire les problèmes d’estime de soi desquels découlent tellement de comportements néfastes qui font les manchettes semaine après semaine ?

Avec un minimum de 40 minutes de temps de récréation, un dîner de 75 minutes, les deux heures d’éducation physique par semaine, les heures d’ergothérapie dans plusieurs écoles, etc., on parle donc d’environ deux heures par jour de temps propice aux activités physiques. Il faut admettre que l’éducation physique a déjà une place privilégiée dans le cursus scolaire.

Augmenter le temps d’éducation physique à l’école, c’est comme augmenter le nombre de voies sur une autoroute : on y constate un effet, mais tôt ou tard, il en faudra encore davantage.

Favoriser le développement global

Augmenter le temps d’éducation physique à l’école, c’est diminuer la place des autres matières. J’enseigne depuis une quinzaine d’années. Je suis de ceux qui croient que le développement global des élèves devrait primer sur une approche avec des objectifs plus restreints.

Pour augmenter le temps d’éducation physique à l’école, allons-nous couper des cours d’univers social, d’éthique et culture religieuse ou de musique ? Cette dernière est d’ailleurs un outil d’intervention méconnu pour développer la créativité qui aidera l’élève à trouver les solutions pour calmer son anxiété, travailler l’inhibition pour diminuer l’impulsivité, améliorer les habiletés sociales, stimuler les fonctions exécutives, etc.

L’école ne peut pas régler tous les problèmes des jeunes et des problèmes, il y en a plusieurs. Le problème de condition physique des jeunes démontré dans l’article de La Presse⁠2 nécessite des solutions, mais c’est tout le village qui doit s’en occuper, pas juste l’école.

1. Lisez la lettre de M. Chevalier 2. Lisez le texte de Gabriel Béland : « Les enfants québécois à bout de souffle » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion