Les élèves de cinquième secondaire de l’école secondaire Saint-Luc, en plein cœur de Montréal, ainsi que leur enseignant du cours Enjeux écocitoyens et plein air ont eu la chance unique, en septembre dernier, de descendre la fameuse rivière Magpie sur la Côte-Nord avec la contribution de l’entreprise locale Noryak Aventures.

Ce périple s’inscrit dans un projet de plus grande ampleur, visant à démocratiser l’accès à des milieux naturels sauvages au profit de jeunes issus de milieux urbains, pour qui le déficit nature se fait davantage ressentir.

Ce phénomène, de plus en plus documenté et davantage répandu dans les milieux urbains, provoque une déconnexion marquée entre l’humain et son environnement. Dès lors, les jeunes, passant plus de temps à l’intérieur, ne vivent plus de moments intimes avec la nature. Cela a pour effet de nuire à la façon dont nous traitons nos écosystèmes.

En d’autres termes, vivre entouré de béton contribue à faire oublier que les écosystèmes intacts comme celui de la Magpie sont le support de la vie sur terre.

Cela nous apparaît d’autant plus flagrant lorsque l’on voit la CAQ refuser de protéger un joyau comme la Magpie, sous prétexte d’hypothétiques développements futurs. Avec la COP15, nous avons compris plus que jamais l’importance de protéger nos environnements naturels. En ce sens, la logique d’attendre au cas où on pourrait en tirer des bénéfices économiques nous semble inadéquate.

Nous invitons ceux qui décident du sort des espaces naturels à aller vivre des moments intimes et significatifs avec la nature. Pour les jeunes de l’école Saint-Luc, ce passage sur la Côte-Nord a changé totalement leur rapport à la protection de l’environnement. En très peu de temps, ils ont pu créer des liens profonds avec les humains qui habitent ce territoire. Rappelons que ces humains, Innus et Nord-Côtiers, ont déclaré vouloir protéger la rivière Magpie et ont par voie de résolution octroyé des droits à la rivière. Ils ont d’ailleurs obtenu le prix Droits et libertés de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse pour cette initiative. Une première au Canada pour un espace naturel !

PHOTO FOURNIE PAR L’AUTEUR

Les élèves de l’école Saint-Luc invitent « ceux qui décident du sort des espaces naturels à aller vivre des moments intimes et significatifs avec la nature ».

« La Rivière Magpie est une véritable oasis pour les jeunes issus de milieux urbains. Grâce à ce voyage, nous avons découvert la paix et la beauté. Le ciel étoilé, les aurores boréales, les paysages, la faune, la flore ainsi que le bruit de l’eau sont de magnifiques expériences sensorielles qui ne devraient pas devenir encore plus limitées qu’elles le sont déjà. La préservation de la rivière est importante, ce territoire ne devrait pas avoir à souffrir pour nos caprices énergétiques. Un barrage engouffrerait toute la belle et riche vie s’y retrouvant. » — Simone Jones Beaudin, élève

« La rivière Magpie m’a ouvert les yeux sur la beauté de la nature, tout autant qu’elle m’a aidé à comprendre la simplicité de la vie. C’est une chance d’être en contact avec des milieux naturels sauvages et il devient de plus en plus pressant de les préserver. Je n’ai jamais été aussi heureux que lorsque je dormais au son des vagues si douces. J’ai trouvé en moi la paix, car la rivière nous nourrit, nous donne à boire et elle nous émerveille. » — Lucian Popovici, élève

Nous demandons au gouvernement du Québec de mettre la rivière Magpie à l’abri des futures constructions de barrages hydroélectriques pour qu’elle reste vivante pour des générations et des générations.

* En septembre dernier, 10 élèves de l’école Saint-Luc on fait la descente de la rivière Magpie en rafting pendant une semaine. L’idée originale, mise sur pied par Roy Dupuis, était de faire découvrir la rivière Magpie et son environnement naturel sauvage à des adolescents issus de milieux urbains dans le cadre d’un documentaire. Les 10 élèves participants sont Emma Bernard, Lucian Popovici, Simone Jones-Beaudin, Chelsea Bélanger, Amélie Duho Drapeau, Ela Zeynep Akbas, Alexandre Cornet Lyonnais, Arbab Idrees, Jin Park et Phillip Bedros-Zavodni.

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